Un 14-Juillet qui enflamme une nuit étoilée, rien de plus naturel. Seulement voilà, à Rouen (Seine-Maritime), la future fête nationale a pris un tournant plus explosif depuis les révélations de la presse locale, et notamment du site 76actu, concernant un show XXL qui pourrait s’y dérouler. Aux manettes : le duo mondialement acclamé pour l’organisation des cérémonies des JO de Paris 2024, Thomas Jolly et Thierry Reboul.

Pour l’heure, pas vraiment de détail sur le contenu du spectacle imaginé par le metteur en scène rouennais. Seule certitude, s’il a lieu, il devrait être diffusé en direct sur TF1. Une condition sine qua non pour attirer des partenaires privés afin de financer un événement dont le budget avoisinerait les 11 millions d’euros, dont 5 millions d’euros d’argent public. Même le rêve a un coût…

Cette somme n’a pas manqué de faire réagir les élus métropolitains, invités ce 12 mai à une présentation du projet par Thomas Jolly lui-même, histoire de les convaincre du bien-fondé de la dépense. Et en particulier ceux de l’opposition.

Des retombées « incertaines » pour les élus d’opposition

Marine Caron, conseillère municipale (Horizons) et bien partie pour affronter lors des élections municipales de 2026 l’actuel maire (PS) de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, a dégainé dès le lendemain un communiqué fustigeant à la fois le coût de l’événement et la manière de faire : « Au-delà de la somme – colossale pour un événement de 1h30 aux retombées incertaines –, c’est la méthode que nous dénonçons. Une fois de plus, Nicolas Mayer-Rossignol travaille seul sur des projets pharaoniques, sans même associer les partenaires de sa propre majorité. Dans le même temps, il ne cesse de réclamer à l’État des moyens supplémentaires pour son territoire, impose aux associations et clubs sportifs des économies substantielles, tout en souhaitant alourdir la pression fiscale sur les entreprises locales. »

Un avis relayé par d’autres sur les réseaux sociaux, à l’image de l’ancien président de la métropole, socialiste passé chez Horizons, Frédéric Sanchez : « 5 millions d’euros d’argent public pour une fête ponctuelle, même le 14 juillet, c’est totalement hors-norme. »

Une proposition « sur laquelle les artistes travaillent depuis des mois »

Cette polémique pourrait finalement condamner l’existence même de ce rendez-vous où l’adhésion populaire est indispensable, surtout pour convaincre des entreprises d’y associer leur image et d’ouvrir leur porte-monnaie. « Pour l’heure, rien n’est fait », assure d’ailleurs l’élue à la culture rouennaise, Marie-Andrée Malleville, envoyée au front pour tenter d’éteindre l’incendie. « C’est une proposition sur laquelle les artistes travaillent depuis des mois. Mais, à l’heure où je vous parle, il n’y a aucune certitude sur le fait que ce show se déroulera. »

Selon elle, la décision finale devrait tomber d’ici quelques jours. « C’est d’ailleurs pour cette raison que nous avions choisi d’attendre avant d’en parler officiellement », remarque l’adjointe. Et sans doute un peu pour jouer sur un « effet waouh » et frapper les imaginations, tout en laissant le montant de la facture au second plan.

Quant aux critiques auxquelles l’équipe municipale doit faire face, son avis est tranché. « Elles sont avant tout politiciennes », balaye-t-elle. « Il y a une échéance électorale importante l’année prochaine. Dès lors, tout est bon pour nos adversaires… »

Pour sa part, l’adjointe reste persuadée que les retombées de l’événement pour la métropole rouennaise justifieraient un tel investissement. « Le prix s’oublie, la qualité reste », disait Audiard. Pas certain que les Rouennais, à l’heure des restrictions budgétaires tous azimuts, adhérent majoritairement à ce point de vue.