La maire de Paris a confirmé l’ouverture, après plus d’un siècle d’interdiction, de trois sites aménagés pour permettre la baignade.
Après les athlètes, place au public. Lors des JO de l’été dernier, la Seine a accueilli les épreuves de nage en eau libre et celles de triathlon. Un an après, comme promis, trois zones de baignade surveillées vont ouvrir cet été, en plein Paris : au niveau du quai de Bercy (12e arrondissement), du bras de Grenelle (XVe) et du bras Marie, face à l’île Saint-Louis. Après plus de 100 ans d’interdiction dans la capitale, il sera donc possible de piquer une tête dans le fleuve à partir du 5 juillet et jusqu’au 31 août, gratuitement, avec des jauges de 150 à 200 personnes par site, a annoncé mercredi la maire de la capitale, Anne Hidalgo, en conférence de presse. Dans le département voisin du Val-de-Marne, en amont de Paris, 14 sites baignables ont été retenus sur la Marne et sur la Seine. Deux d’entre eux ouvriront aussi dès cette année, le 28 juin, sur d’anciens sites historiques de baignade à Maisons-Alfort et à Joinville-le-Pont.
Rendre la Seine baignable, « c’est répondre d’abord à un objectif d’adaptation au changement climatique, a rappelé la maire de la capitale. Plus les températures vont évoluer, plus il nous faut aller rechercher des espaces de fraîcheur pour la population. Et c’est aussi un objectif de qualité de vie. » Douches, vestiaires et bassins délimités par des bouées… Il y aura le moins d’infrastructures possible : « Quand on nage en eau libre, c’est qu’on n’a pas envie d’être en piscine. L’expérience doit être plus sauvage. » À Paris, seul le site de Grenelle sera aménagé avec un bassin doté d’un fond pour accueillir les enfants. Pour celui du bras Marie, en plein cœur de Paris, la cohabitation des usages « est plus complexe » : il sera donc provisoire, deux sites de remplacement étant à l’étude pour l’été 2026.
Car « l’ouverture à la baignade ne doit pas se faire au détriment des autres usagers du fleuve », a rappelé la ministre des Sports, Marie Barsacq. Les acteurs de l’industrie fluviale ont fait part de leur inquiétude concernant ces zones qui « empiètent sur les espaces de navigation utilisés par les entreprises de transport fluvial et les croisières touristiques ». Les horaires ont donc été aménagés selon les zones : le site du bras Marie ne sera par exemple ouvert que le matin et le dimanche toute la journée.
« Encore plus optimistes que l’été dernier »
La baignade ne sera possible que si les concentrations d’Escherichia coli et d’entérocoques intestinaux le permettent. Ces deux bactéries, représentatives d’autres types de contaminations microbiologiques, peuvent provoquer des pathologies (comme la gastro-entérite) même sur un temps d’exposition limité. Une directive européenne fixe les niveaux maximums à 900 unités formant colonie (UFC)/100 ml pour E. coli, 330 UFC/100 ml pour les entérocoques. L’eau sera contrôlée chaque jour et l’agence régionale de santé devra donner son feu vert. Les informations seront disponibles sur un site dédié, et sur place avec trois drapeaux allant du vert au rouge.
Visuel du site de baignade de Grenelle
Ville de Paris
Plus de 1,1 milliard d’euros ont été investis depuis 2016 pour dépolluer la Seine : avant les JO, la désinfection des rejets de deux stations d’épuration en amont de la capitale a été renforcée et les quelque 260 péniches amarrées dans la capitale ont été raccordées au réseau des eaux usées. En outre, les « mauvais branchements » de quelque 23 000 foyers en amont de Paris, qui rejetaient leurs eaux usées dans le fleuve, ont été corrigés. Ce travail se poursuit d’ailleurs, avec près de 3 000 corrections effectuées depuis septembre.
Reste que la présence de ces fameux microbes est fortement liée à la météo : une pluie trop intense sature les réseaux d’assainissement et, pour éviter qu’ils ne débordent, les eaux usées sont volontairement déversées dans les cours d’eau. Avant les JO, des ouvrages d’ampleur ont été réalisés pour réduire ce risque au maximum, comme la création d’un grand bassin de stockage d’eau de pluies près de la gare d’Austerlitz ou celle d’une énorme canalisation, le VL8, pour désaturer les réseaux du sud-est de la région.
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Malgré tout, pendant les Jeux, plusieurs entraînements ont dû être annulés et le triathlon masculin repoussé d’une journée en raison des fortes pluies. Il faut donc s’attendre à ne pas pouvoir se baigner tous les jours. « Mais l’été 2024 a été le deuxième été le plus pluvieux depuis que Météo-France fait des relevés, rappelle le préfet de région, Marc Guillaume. Et, comme nous avons encore accru cette année la dépollution de la Seine et de la Marne, nous sommes raisonnablement optimistes. »
Plus de vingt communes d’Île-de-France envisagent à terme d’ouvrir des sites de baignade, pérennes ou non. Mais il reste beaucoup à faire, surtout en aval. « Le prochain objectif est d’étendre les zones de baignade entre Paris et le Village olympique, en ouvrant d’ici à 2028 deux sites au niveau de l’île de Monsieur et L’Île-Saint-Denis », indique Marc Guillaume. Un défi « complexe » : il faudra entre autres mettre aux normes l’assainissement des quelque 700 bateaux amarrés le long de la Seine au sortir de la capitale.