Par

Emilie Salabelle

Publié le

14 mai 2025 à 18h18

Comme un petit goût de bord de mer sur les rives de la Seine et la Marne. Après les athlètes qui s’étaient jetés à l’eau lors des JO de Paris 2024, plusieurs lieux de baignades vont ouvrir au grand public, qu’il soit nageur chevronné ou pas, dès fin juin 2025 à Paris et dans le Val-de-Marne. Et comme à la plage, on y hissera le drapeau vert, orange (lorsque le débit de l’eau sera anormalement fort) ou rouge (lorsque de la qualité de l’eau sera insuffisante pour autoriser la baignade). Si les lieux désignés pour la trempette estivale francilienne cette année étaient identifiés de longue date, voici désormais plus précisément le calendrier et les dispositifs prévus, détaillés par le comité de pilotage du plan baignade lors d’un point presse, ce mercredi 14 mai 2025. L’occasion, aussi, de faire un point sur les prochaines ouvertures, à plus longue échéance. Préparez les maillots et les serviettes, on vous explique.

À Paris, trois zones de baignade

À Paris, trois sites ouvriront au public dès le 5 juillet et jusqu’au 31 août : le Bras Marie (Paris centre) au pied du pont de Sully et face à l’Île Saint-Louis, le site de Bercy (12e) face à la BnF, et le site de Grenelle (15e), face à l’Île-aux-Cygnes. Ils seront tous équipés de douches et de vestiaires, et surveillés pendant les heures d’ouverture. On pourra d’ores et déjà compter Anne Hidalgo parmi les baigneurs, un an après son plongeon historique, a confirmé en riant la maire (PS) de Paris.

Il a fallu se mettre d’accord sur le partage des usages du fleuve, expose l’édile. « Il y a eu beaucoup de discussions avec les professionnels du fleuve, notamment les bateliers, pour départager les temps et les zones d’occupations. »

Le point le plus épineux concerne l’aire de baignade située au Bras Marie, au pied du pont de Sully et face à l’Île Saint-Louis, axe étroit et très fréquenté, qui nécessite l’arrêt de la navigation pendant les heures de baignade. « C’est le site le plus complexe dans la cohabitation des usages », reconnaît Anne Hidalgo. Il ne devrait d’ailleurs pas être pérennisé en 2026. « On réfléchira à un autre lieu », ajoute-t-elle. Pour permettre la cohabitation avec l’activité des bateliers, les horaires d’ouvertures seront plus limités que sur les deux autres espaces, soit de 8 heures à 11h30 du lundi au samedi et de 8 heures à 17h30 le dimanche. Une jauge de 150 personnes a été fixée. L’aire de baignade sera délimitée par des bouées.

À Bercy, le site sera ouvert tous les jours de 11 heures à 21 heures. Il sera doté d’un solarium et de deux bassins. Avec une jauge fixée à 700 personnes, dont 300 dans la zone de baignade, ce sera le spot le plus important de la capitale.

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Le site de Bercy sera celui qui pourra accueillir le plus de monde.
Le site de Bercy sera celui qui pourra accueillir le plus de monde. (©Vue d’artiste – Ville de Paris)

Enfin, à Grenelle, de larges pontons vont être installés sur le fleuve, ainsi qu’un bassin sécurisé où les enfants auront pied. Un solarium et une base nautique proposant des activités gratuites de kayak y seront disponibles. 200 personnes en simultané, dont 150 dans l’eau pourront y être accueillies, de 10 heures à 17h30 du lundi au vendredi et de 10 heures à 16h45 le samedi. Le dimanche, des plages horaires fractionnées d’ouvertures sont prévues (10h-midi, 12h30-14h15, 14h45-17h30).

Des pontons vont être installés sur la Seine à Grenelle.
Des pontons vont être installés sur la Seine à Grenelle. (©Vue d’artiste – Ville de Paris)Le top départ de la baignade dans le Val-de-Marne

Pour glisser un orteil à l’eau au plus tôt, il faudra aller voir du côté de la Marne, où deux sites gérés par le territoire Paris Est Marne et Bois ouvriront dès le 28 juin 2025. Situés à Maisons-Alfort et Joinville-le-Pont, ils seront ouverts tous les jours jusqu’au 31 août, voire 14 septembre si la météo le permet, de 10 heures à 18 heures. À noter que l’entrée sera facturée 3 euros les deux heures pour les habitants du territoire. Sur chaque site d’une jauge de 200 personnes en simultané, les baigneurs trouveront deux bassins (enfant et adulte).


Le site de Maisons-Alfort. (© Vue d'artiste - Paris Est Marne et Bois)

Le site de Joinville-le-Pont. (© Vue d'artiste - Paris Est Marne et Bois)

D’autres sites de baignade gérés par des communes vont également ouvrir cet été, de manière plus ponctuelle. Ce sera notamment le cas à Saint-Maur-des-Fossés et Champigny-sur-Marne.

À plus longue échéance, 14 sites ont été identifiés dans le département comme lieux de baignade (7 sur le Marne, 7 sur la Seine). Un retour aux sources symbolique pour un territoire dont les guinguettes ont fait florès au XXe siècle, jusqu’à ce que l’interdiction de la baignade dans la Marne y mette un coup d’arrêt en 1970. « On a une volonté d’améliorer la qualité de vie des villes autour de Paris », fait valoir Olivier Capitanio, président du département. Face au réchauffement climatique, l’ouverture à la baignade répond à des enjeux d’adaptation, ajoute-t-il. « On le constate d’ores et déjà, si on n’organise pas les choses, les citoyens retournent à l’eau de manière un peu sauvage, avec des risques sanitaires et sécuritaires ».

Des travaux toujours en cours

Les travaux de dépollution, qui ont mobilisé 1,1 milliard d’euros depuis 2016 en amont des JO, ne se sont pas terminés après la cérémonie de clôture. Depuis, les efforts se sont concentrés sur les mauvais branchements privés qui se rejetaient directement dans le fleuve. La moitié de ce chantier avait été faite avant les olympiades. Entre septembre 2024 et mars 2025, 1 700 mauvais branchements ont été corrigés en amont, et 300 en aval, fait savoir Marc Guillaume, préfet de la région Île-de-France.

Dans ces conditions, les acteurs se montrent confiants quant à la baignabilité de la Seine et de la Marne pour la saison estivale à venir. La qualité de l’eau sera contrôlée quotidiennement par l’agence régionale de santé (ARS). « On aura sûrement quelques jours de fermeture dans l’été, mais pendant les JO, on a réussi à tenir toutes les épreuves. Cette année, comme on a encore accru la dépollution de la Seine et de la Marne, nous sommes raisonnablement optimistes », assure Marc Guillaume.

Et en aval ?

Les travaux sont encore loin d’être terminés, puisque la reconquête de la Seine se tourne aussi vers aval, à l’est de Paris. La Seine-Saint-Denis devrait voir ouvrir un premier site de baignade à Neuilly-sur-Marne en 2026. « Les efforts se déploient désormais pour essayer d’ouvrir des sites de baignade à l’île Monsieur [Sèvres, Hauts-de-Seine] et à l’Île-Saint-Denis à l’horizon 2027-2028 », développe le préfet.

De ce côté, presque tout reste à faire. L’État maintiendra un soutien financier important, en finançant 60 % des travaux prioritaires sur les réseaux, qui seront « assez différents » de ce qui a déjà été fait en amont, anticipe Marc Guillaume. Là où, à Paris, le raccordement des bateaux était « assez simple », ce nouveau tronçon réserve « beaucoup de situations très différentes, avec des bateaux amarrés en bord de Seine, ou dans le Bois de Boulogne. Il n’y a pas la capacité de construire des canalisations à tous les endroits, donc on va avoir recours à des modes de traitement des eaux différents », prévient le préfet.

Au-delà de l’Île-Saint-Denis, une étude est en cours pour mettre sur pied un plan global d’action en 2026. Un chantier complexe et coûteux en perspective, dont la réussite, prévient le comité de pilotage, dépendra de la mobilisation des collectivités et autres acteurs du territoire.

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