Par
Antoine Blanchet
Publié le
13 mai 2025 à 18h06
« Ce pardon est un soleil qui vient me réchauffer ». Sur le banc des accusés aux assises de Paris, Aomar K., incapable de s’exprimer à cause de problèmes de santé, vient d’inscrire son émotion sur son petit cahier. Quelques instants auparavant, Kim Kardashian a lâché ces trois mots qu’attendait le braqueur depuis 10 ans : « Je vous pardonne ». Une mansuétude exprimée malgré le profond traumatisme relaté par la victime à l’audience ce mardi 13 mai 2025. Récit.
Effervescence au Palais
Après plus de deux semaines d’audience, le procès du braquage de la star influenceuse en 2016 atteint un point d’orgue ce mardi. La raison est simple : la principale victime a fait le déplacement jusqu’à la salle Voltaire pour raconter son calvaire. Depuis le début de journée, le vieux Palais de Justice se remplit. Les austères toges noires laissent peu à peu leur place aux diamants et aux lunettes de soleil. Comme pour un concert ou une soirée branchée, des fans de la partie civile se sont levés aux aurores pour obtenir le droit d’accéder à la salle d’audience.
À 13h30, l’antre de Thémis prend des airs de Fashion Week. Les caméras envahissent les longs corridors. La même question est sur toutes les lèvres : « où va arriver la célébrité ? ». Costume sombre et lunettes noires, Kim Kardashian passe par l’entrée arrière de la cour d’appel en compagnie de sa mère Kris Jenner. En quelques instants, l’icône de la mode fait face aux manteaux d’hermine des juges. L’audience peut commencer.
Des bruits de pas dans la nuit
Comme il est de coutume aux assises, le président laisse la star de 44 ans s’exprimer sur le « casse du siècle » dont elle a été victime. En préambule, la partie civile se remémore cette insouciance désormais perdue dans la ville lumière : « Je m’y sentais toujours en sécurité. Il m’arrivait de me réveiller à trois heures du matin pour sortir dans la rue ». Lèche-vitrine, dégustation de chocolats chauds… Le portrait dressé est digne d’un épisode d’Émilie in Paris.
Puis vient la nuit fatidique, du 2 au 3 octobre 2016. Kim Kardashian est de passage pour la Fashion Week. Après une soirée avec des amis, la star monte à l’étage de son loft situé à l’hôtel No Address, rue Tronchet, près de la Madeleine. Sa sœur est partie dans une boîte de nuit des Champs-Élysées. Peu avant trois heures du matin, des sons étranges la réveillent : « J’ai entendu des bruits de pas dans l’escalier. Je me suis mise à appeler, mais on ne m’a pas répondu ».
Trois hommes font irruption dans la pièce. L’un est attaché. Les deux autres ont le visage dissimulé et sont affublés de tenues siglées « police ». « J’étais très confuse. Je venais de m’endormir. J’étais en chemisette de nuit. C’était glaçant. Je ne savais pas comment réagir », rembobine l’influenceuse. « Ring », « ring », « ring » lui lance en guise de réveil un des deux hommes en montrant son doigt. Ce qu’il veut : la bague de la star estimée à plusieurs millions d’euros.
« Je suis devenue hystérique »
S’ensuivent alors plusieurs minutes terribles. Les deux intrus fouillent dans les affaires de Kim Kardashian, puis la menacent avec un pistolet. « Il pointait son arme vers mon dos. Je me suis demandé ce qu’ils allaient faire. Je pensais qu’il pouvait s’agir d’un attentat. J’étais hystérique. Je disais que j’avais des bébés et que je voulais rentrer chez moi », relate la victime d’une voix tremblante.
Poussée sur le lit, elle est ligotée avec des cordes de serrage et du ruban adhésif. « À un moment, l’un des deux hommes m’a tiré par les jambes. Ma nuisette est tombée et mes parties intimes étaient visibles. J’ai cru que j’allais me faire violer », continue la partie civile.
Kim Kardashian prie. Pour ses proches qui devront porter son deuil. Pour sa sœur, qui va découvrir son cadavre. Malgré sa « certitude de mourir », la faucheuse ne pénètre pas au No Address. La 42ᵉ fortune mondiale est emmenée dans sa salle de bain et déposée au sol. Les assaillants prennent la fuite avec plus de 9 millions d’euros en bijoux. La victime parvient à se libérer et rejoint sa styliste réfugiée dans une pièce : « Nous nous sommes cachés dans un buisson sur le balcon, car nous avions peur qu’ils reviennent pour nous tuer ». Finalement, le garde du corps de Kim Kardashian arrive avec la police.
Un impact sur la vie de la victime
Quasiment une décennie après ces faits glaçants, l’influenceuse revient sur son traumatisme et ses conséquences sur son mode de vie. Les agents de sécurité sont désormais plus nombreux. « Tous les bijoux que je porte sont ramenés dans un coffre-fort. Je ne veux plus qu’ils soient dans le même lieu que mes enfants », détaille Kim Kardashian. « Tout ça peut paraître excessif, mais c’est nécessaire pour que nous puissions dormir », poursuit-elle.
Côté professionnel, la victime a revu à la baisse son activité sur les réseaux sociaux, par peur de révéler des informations à de potentiels malfaiteurs. Côté personnel, elle révèle avoir suivi une thérapie. « Si j’entends des bruits de pas et que personne ne répond, je peux m’effondrer en pleurs », assure-t-elle.
Il y a la douleur, mais aussi l’amertume. La tornade médiatique post-braquage n’a pas épargné la célébrité. Certains journaux l’ont même accusée d’avoir simulé l’attaque. « Ça m’a touché en plein cœur », répond-elle. Même chose lorsque Yunice A., l’un des accusés, a écrit un livre sur l’affaire. « C’est injuste de voir que cet homme a fait ce qu’il a fait et qu’il capitalise là-dessus ».
« Je vous pardonne »
Malgré ces stigmates encore tenaces, le repentir d’un accusé vient toucher Kim Kardashian. En 2017, Aomar K., cerveau présumé de l’opération, lui a écrit une lettre d’excuse. Cette missive pleine de regrets, la partie civile ne l’avait jamais reçue. Le président lui lit alors ces quelques mots, écrits par un vieux truand déconfit : « Je compatis pleinement à la souffrance que vous endurez ». Les larmes de la star américaine coulent.
« Je travaille dans le secteur de la justice. J’ai déjà rencontré des prisonniers et je crois profondément à la réhabilitation. Je tiens à dire que j’apprécie cette lettre que vous m’avez écrite. Je vous pardonne », réagit l’influenceuse émue.
Le verdict du procès est attendu le 23 mai prochain.
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