« C’est la douche froide. » Fermée au public depuis plus de cinq mois, la Gaîté Lyrique a fait ses comptes. Elle enregistre 3 millions d’euros de pertes d’exploitation à la suite de son occupation par 400 migrants.
Le lieu culturel du IIIe arrondissement de Paris qui avait été investi par de jeunes migrants le 10 décembre dernier aura été occupé 100 jours avant l’évacuation manu militari le 18 mars dernier. Depuis, l’établissement était resté fermé et les discussions s’étaient engagées pour faire l’état des lieux des pertes et envisager un scénario de réouverture. C’était sans compter sur l’annonce, ce mercredi, par la Ville de Paris, que celle-ci ne participerait pas au redressement économique de la Gaîté lyrique dont elle est pourtant propriétaire et partenaire, fait savoir la direction.
La Ville de Paris mise en demeure par la Gaîté lyrique
« Une volte-face incompréhensible » pour les membres de cette dernière, qui se fend ce jeudi matin d’un communiqué de presse de quatre pages pour dénoncer cette décision et alerter sur sa survie et le maintien de ses 60 salariés. Celle-ci vient d’ailleurs de mettre en demeure la Ville « pour continuer les discussions sur l’indemnisation ».
« Nous venons d’apprendre qu’il n’y aurait aucun accompagnement de la Ville. Nous sommes clairement sous le choc après toutes les déclarations de la mairie de Paris, les vœux au Conseil de Paris pour nous soutenir y compris financièrement (NDLR : vœux des 11 février et 8 avril) et tout le travail de gestion qui avait été mis en place dès le début de l’occupation. Nous ne comprenons pas ce double discours », n’en revient toujours pas Juliette Donadieu, la directrice de la Gaîté lyrique.
Depuis le début de l’occupation par les jeunes migrants déboutés de leur demande de reconnaissance de minorité, qui aurait impliqué une prise en charge par la Ville de Paris, celle-ci a joué le bras de fer avec l’État pour qu’une solution d’hébergement soit trouvée. Elle a en même temps toujours loué l’engagement des équipes du lieu culturel, qu’elle finance à hauteur de 30 %.
La Ville vient d’ailleurs de verser sa subvention annuelle de l’ordre d’un peu plus de 3 millions d’euros dans le cadre du contrat de concession. « Ce qui n’est absolument pas suffisant pour combler les pertes exceptionnelles que nous avons subies puisque nous fonctionnons à 70 % sur nos recettes propres », rappelle Juliette Donadieu, dont les équipes viennent seulement de réinvestir les lieux.
Contactée ce mercredi après-midi, la Ville de Paris indiquait avoir, « conformément à ses engagements annoncés lors du dernier Conseil de Paris, déclenché dans des délais extrêmement courts le versement du solde de 1,346 million d’euros pour un budget versé par la Ville à la Gaîté lyrique de 3,346 millions pour l’année 2025. »
« Le versement du solde de la subvention témoigne de l’attachement de la Ville de Paris à l’établissement culturel et doit permettre à la Gaîté lyrique d’enclencher sa réouverture pour accueillir à nouveau les publics avec le concours de ses équipes », déclare la Ville de Paris. Elle assure par ailleurs « maintenir le dialogue avec la présidence et la direction de l’établissement ».
« On ne se résigne pas à fermer, on va se battre ! »
Dès le début de l’occupation, la direction des affaires culturelles avait mis en place un suivi quotidien de la situation. Durant toute l’occupation, les équipes de la Gaîté lyrique continuaient de gérer le lieu en mettant notamment à disposition ses équipes de sécurité. Jusqu’au 26 février où, après 80 jours d’occupation, les équipes de la Gaîté lyrique, à bout, avaient rendu les clés à la Ville, estimant « ne plus être en mesure d’assurer la gestion, l’entretien et l’exploitation du bâtiment ».
Arty Farty, Arte, makesense, SINGA et Actes Sud, partenaires associés de la Gaîté Lyrique, « déplorent ce manquement grave et annonceront prochainement plusieurs initiatives pour éviter la fermeture définitive de la Gaîté Lyrique », indique le communiqué de presse. « On ne se résigne pas à fermer, on va se battre ! Notre démarche est collective, nous essayons de trouver des solutions, assure Juliette Donadieu. On se tourne vers le ministère de la Culture et nos partenaires pour savoir comment sauver l’entreprise, le projet culturel et sauvegarder un maximum d’emplois. »