Dans le secteur, autour de la place du Pin, au cœur du « petit Marais » niçois, il y a largement de quoi s’hydrater et se restaurer. Depuis l’été dernier, un petit nouveau a pris place. Là où se trouvait auparavant une pharmacie, SuperBar trône aujourd’hui avec sa devanture verte et son lettrage doré.

Céline et Arnaud Fallette, aux commandes du Café Paulette, sur le trottoir d’en face, ont souhaité se lancer dans une autre aventure, en s’associant avec leur barman, Bruno Pradas.

« Le fantasme d’un lieu que je n’ai pas connu »

À quelques mètres de leur maison mère, certes. Mais avec des envies d’ailleurs, de Japon, pour commencer. Sans jamais y avoir mis les pieds, Arnaud Fallet, passionné de musique, a voulu s’inscrire dans la lignée des kissa bars, ces antres aux élégantes boiseries, à la lumière tamisée, où l‘on peut écouter des vinyles avec un système audio de haut vol, en sirotant un whisky, ou des cocktails soignés.

« C’est le fantasme d’un lieu que je n’ai pas connu, mais que j’ai toujours imaginé », confirme-t-il. « Je me suis positionné comme client, en créant un endroit dans lequel j’aimerais passer du temps. Au Japon, les kissa sont 100% jazz. Nous, on a ouvert à un répertoire plus large, tout en restant pointus. »

Des morceaux de funk, de soul ou encore des pépites oubliées du continent africain ou d’Amérique latine enveloppent la salle où les platines du DJ et le long comptoir en granit occupent une place centrale.

Plutôt paisible en début de soirée, SuperBar peut s’emballer quand l’horloge commence à tourner, jusqu’à l’extinction des feux, à 1 heure. « Il y a une clientèle, dans la tranche 30-50 ans, voire 60 ans, qui cherche un endroit raffiné, chaleureux et festif à la fois, sans finir très tard dans une boîte de nuit », estime Arnaud Fallet.

De l’audace maîtrisée côté boissons

Ici, clamer « qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse » perd de sa substance. À l’image d’autres adresses sublimant l’art du cocktail à Nice, comme Babel Babel ou Povera, SuperBar déroule une carte inspirée, ni trop courte ni trop longue: douze recettes alcoolisées et cinq mocktails.

Là encore, le Japon reste dans le décor, avec le Kissa Feeling, intégrant du whisky Nikka, de l’umeshu (une liqueur de prune) et de la vanille, ou encore le Subarashi, composé de saké, de rose, de mizkan (un vinaigre de riz) et d’eau pétillante.

Les amateurs d’amertume iront sans doute vers le Negroni, classique indémodable servi à la pression, ou bien l’étonnant N°9, alignant Fernet Branca Menta, menthe poivrée, cacao et bitter au chocolat. Comme une sorte d’After Eight liquide.

Si près du littoral, impossible d’ignorer la Méditerranée. Le Tzatziki s’il vous plaît (c’est le nom du breuvage) figure d’ailleurs parmi les meilleures ventes. Son ingrédient principal? La mastiha, une liqueur grecque confectionnée avec la sève de l’arbre à mastic. Vodka, concombre et menthe fraîche agrémentent la recette.

Spiritueux premium, vins naturels ou en biodynamie et sakés de terroir viennent compléter l’éventail des propositions.

Fusion côté fourchette

Avec tout ça, pour manger, il serait quand même dommage de dégainer les sticks de mozza et le guacamole industriel. L’idée n’a même pas traversé l’esprit des hôtes.

Chef exécutif de Café Paulette et de Superbar, ancien second chez Les Agitateurs, étoilé situé tout près, Ambroise Sigaud a façonné une carte fusion asiatique, appelée à évoluer vers un registre plus international. Huîtres et vinaigrette ponzu, tataki de bœuf et saté de cajou, avec une viande sélectionnée chez les voisins du Bœuf tatoué, baos porc et citronnelle ou encore salade de shitakés à la laotienne font partie des réjouissances.

« La trame de nos assiettes, c’est une forme de fraîcheur », promet Ambroise, qui a travaillé trois ans au Laos. « On n’est pas dans une logique de before ou d’after, avec des tapas. On veut que les gens puissent faire un dîner complet chez nous. Pour notre nouvelle carte, on travaillera encore sur les accords entre les cocktails et les plats. »

superbar. Ouvert tous les jours, de 16h à 1h10, rue Bonaparte à Nice. Cocktails 14 euros, assiettes entre 11 et 15 euros. Rens. 04.97.12.11.46. Instagram: @superbar06