Le mot perquisition rappelle un souvenir pénible à La France insoumise. Une séquence capturée par les caméras de l’émission Quotidien le 16 octobre 2018, lorsque Jean-Luc Mélenchon, alors député LFI de Marseille, barrait la route aux forces de l’ordre qui tentaient de s’introduire au siège de son mouvement en s’écriant : «La République c’est moi !» Deux enquêtes préliminaires avaient été ouvertes par le parquet de Paris sur les comptes de la campagne présidentielle de 2017, et les conditions d’emplois d’assistants parlementaires européens, des affaires toujours en cours de procédure. Une scène devenue l’emblème des outrances du leader insoumis, qui entretient depuis un discours revendiqué comme «très critique» vis-à-vis de l’institution judiciaire.
Alors quand la permanence et le domicile de son ancien chauffeur désormais député LFI de Marseille Sébastien Delogu ont été perquisitionnés par la brigade financière ce jeudi 15 mai «dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte en octobre 2024 pour vol, recel de vol, mise en danger par révélation d’information relative à la vie privée par communication publique en ligne et atteinte au secret des correspondances», selon les détails donnés par le parquet de Marseille à l’AFP, la réaction de Jean-Luc Mélenchon n’a pas tardé à fuser. «Le monde à l’envers ! s’est-il indigné sur X. Sébastien Delogu dénonce avec des documents des malversations et c’est lui qui est perquisitionné pour savoir d’où il a eu les documents. A Marseille, police et justice vivent dans un univers parallèle où n’existent pas de droits pour les lanceurs d’alerte et où on les perquisitionne plutôt que les mis en cause. Entre autres…»
Selon l’entourage du député interrogé par l’AFP, ces perquisitions seraient liées à l’activation de l’article 40 du code de procédure pénale, selon lequel les autorités publiques ou les fonctionnaires doivent signaler au procureur un délit lorsqu’ils en ont connaissance. Le député de la 7e circonscription des Bouches-du-Rhône l’aurait effectué en septembre auprès de la justice car il suspectait des abus de biens sociaux au sein de l’entreprise Laser Propreté, qui a été au centre d’un conflit social touchant le nettoyage du métro et de la gare Saint-Charles de Marseille.
Toujours selon son entourage, une des personnes visées par ce signalement a ensuite déposé plainte pour recel de vol de documents et c’est dans ce cadre que les perquisitions ont été menées, les policiers cherchant à récupérer ces documents. De son côté, le parquet de Marseille a précisé à l’AFP qu’une plainte est à l’origine de l’enquête, sans aucun détail supplémentaire et sans faire aucun lien avec le signalement effectué par le député.
«Je trouve inacceptable que la justice me perquisitionne pour un recel de documents alors que je dénonçais des faits graves auprès de la justice», a déclaré Sébastien Delogu au site d’informations Marsactu. Manuel Bompard, autre député LFI de Marseille et coordonnateur national du parti, parle lui sur X d’une «perquisition scandaleuse et totalement abusive».
La SNCF avait résilié en septembre son contrat avec Laser Propreté pour le nettoyage de la gare Saint-Charles après des pratiques frauduleuses qui consistaient à affecter les mêmes personnels sur deux marchés différents. Une autre société avait ensuite été réquisitionnée par les autorités pour nettoyer la gare, qui a un temps croulé sous les déchets. Laser Propreté est désormais en liquidation judiciaire. En parallèle, Sébastien Delogu et Manuel Bompard avaient annoncé saisir la justice au sujet de la «gestion chaotique et illégale» de l’entreprise menaçant l’emploi de ses salariés qui avaient été «les premiers lanceurs d’alerte».