Par

Julien Bouteiller

Publié le

18 mai 2025 à 17h57

Aura-t-il lieu ou pas ? Le mystère demeure pour l’événement « jamais vu » porté par Thomas Jolly pour le 14 juillet à Rouen. Sitôt révélé, sitôt décrié par une partie des élus locaux, son coût et la méthode ne fait pas l’unanimité. Dans un communiqué publié ce 14 mai 2025, la Métropole se défend non sans égratigner l’opposition et faire preuve de quelques contradictions.

Une réunion boycottée par l’opposition : c’est faux

Mardi, c’est Marie-Andrée Malleville, adjointe à la culture à la Ville, qui a été envoyée au charbon pour répondre aux critiques de l’opposition, et plus particulièrement Marine Caron (Horizons). « S’ils [les élus d’opposition] étaient simplement venus à la réunion d’information [lundi], ils auraient eu les bonnes informations. Thomas Jolly était lui-même présent et a donné de nombreux détails. Mais ils ont préféré jouer la politique de la chaise vide ». Certains soutiens du maire les accusent même d’avoir « boycotté » la réunion.

De façon plus lisse, le communiqué de la Métropole rappelle que « les contours du projet ont été présentés par Thomas Jolly et Thierry Reboul en personne lundi dernier aux élus métropolitains » et déplore l’absence de « certains invités ». Sans mentionner que l’ordre du jour de cette réunion extraordinaire des élus, convoqués le mercredi pour le lundi suivant, n’évoquait ni Thomas Jolly ni même ledit projet événementiel comme nous le confirme Marine Caron. « Cette réunion a pour but de vous informer d’un sujet important pour notre territoire », était-il simplement écrit dans le mail transmis aux élus.

Quant à la politique de la chaise vide dont son groupe est accusé, Marine Caron rétorque : « Six élus de notre groupe étaient présents ».

Enfin, il faut souligner que le projet est critiqué, y compris par des membres de la majorité, dont Jean-Michel Bérégovoy, bien présent à la fameuse réunion d’information.

Un projet concerté avec les acteurs du territoire ?

« Ce projet de spectacle culturel, d’envergure nationale et internationale, associant de nombreux acteurs locaux, représente une opportunité unique », argue aussi la collectivité. Or, que sait-on de l’association des acteurs locaux depuis le mois de décembre 2024 que ce projet est né ? Peu de choses à vrai dire.

Selon nos informations, des artistes ont bien été approchés, sans plus d’information. Les élus quant à eux n’en ont pas eu vent avant ce fameux lundi. C’est Fatima El Khili, élue écologiste de la majorité de Nicolas Mayer-Rossignol qui l’affirme auprès de Paris Normandie. Et même parmi les socialistes, certains ne l’auraient découvert qu’à ce moment-là d’après plusieurs sources.

La Métropole promet toutefois que toute enveloppe budgétaire sera évidemment, comme le veut la loi, votée par les élus en conseil municipal et métropolitain. Quand ? Lors des prochains conseils municipaux et métropolitains ? Sachant qu’ils ont lieu les 26 et 30 juin, le planning risque d’être serré. Des assemblées extraordinaires semblent plus probables.

Des finances assez solides pour sortir 5 millions d’euros ? Ça se discute…

« Le projet ‘14.7 ‘, porté par les équipes organisatrices des cérémonies des Jeux Olympiques et Paralympiques, n’est pas confirmé à ce jour », poursuit la Métropole. 

En effet, selon nos informations, le budget n’est pas bouclé. Et c’était bien l’objet de la réunion de lundi auprès des élus, puisqu’il faut les convaincre de sortir 5 millions d’euros d’argent public (partagés entre la Ville et la Métropole) pour compléter l’enveloppe des mécènes privés et parvenir aux 11 millions d’euros de budget total de l’événement. 

« Contrairement à d’autres métropoles et à plusieurs communes dans l’agglomération rouennaise, les finances de la Ville de Rouen et de la Métropole rouennaise sont parfaitement saines », avance la Métropole dans un communiqué.

Pourtant, budgétairement, il est question d’être vigilant. Les prévisions annoncent un doublement de la dette dans les années qui viennent. Cela a été présenté il y a quelques mois aux élus de la Métropole. « C’est une photographie théorique ! Cette projection est un exercice de transparence », nous expliquait Nicolas Rouly, vice-président aux finances.

Concrètement, l’élu voyait plutôt d’un bon œil l’endettement qui signifie selon lui de l’investissement. Mais, la Métropole se refusant à augmenter l’imposition locale et fustigeant dans le même temps une capacité d’investissement réduite à cause de décision de l’État, le vice-président aux finances tranchait : « C’est évident qu’on va devoir faire des choix ». 

Le budget culture c’est…

À la Métropole, le budget culture 2025 c’est 15,2 millions d’euros. Les 2 millions qu’elle devrait financer pour le spectacle de Thomas Jolly sont donc loin d’être une bagatelle. Surtout quand on sait que c’est plus que ce que la Métropole a donné en 2025 pour le Cirque-Théâtre d’Elbeuf (1,7 million), l’Esadhar (1,5 million) ou bien le 106 (1,4 million).

Côté Ville, dans le budget 2025, la culture représente une recette de 1,5 million d’euros. Mais surtout, le budget alloué strictement à la culture est de 8,07 millions d’euros, dont une bonne moitié dédiée au chantier de l’abbatiale Saint-Ouen. La culture s’inscrit dans une ligne budgétaire plus large de 31,22 millions, consacrée au rayonnement de la ville, incluant aussi le sport, les manifestations publiques et l’urbanisme.

Dans son communiqué, la Métropole vante aussi les budgets alloués à la culture, « avec la création d’un Fonds FACIL Culture doté de 20 millions d’euros à destination des politiques culturelles municipales, ou avec l’engagement pour devenir Capitale européenne de la Culture, dont le budget global était estimé à 80 millions d’euros » (pour un projet sèchement écarté).

Des questions sans réponses

Enfin, il reste des questions sans réponses dans ce communiqué. Pourquoi les élus n’ont été avisés que deux mois avant la tenue hypothétique de l’événement ? Pourquoi avoir prôné une confidentialité extrême, tenant à l’écart les habitants de la réflexion autour de ce projet ? Pourquoi, dans une commune où on associe les habitants sont régulièrement associés à des choix (oeuvres d’art, noms de rue…), le parti n’a-t-il pas été pris de les consulter ? 

Pour le moment, il ne faut pas chercher de réponses du côté de Nicolas Mayer-Rossignol. Le maire et président de la Métropole se tient à l’écart du sujet, concentrant ses expressions publiques sur les réseaux sociaux sur sa campagne pour prendre la tête du PS. Et sollicitée, la Métropole nous renvoie à ce communiqué, et prévient qu’il n’y aura pas d’autres informations avant la confirmation (ou non) du projet « 14.7 ».

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