L’émotion qui a marqué les spectateurs de l’incendie de Notre-Dame de Paris a atteint son paroxysme lorsque la flèche embrasée s’est abattue le 15 avril 2019. Un profond soupir d’horreur s’est alors fait entendre comme si tout s’était concentré, espoirs perdus et désespoir, à ce moment précis. C’est qu’en effet, la flèche entre comme forme architecturale dans la longue série des archétypes issus de l’imaginaire de l’humanité. En l’occurrence, celui de la tour de Babel, que Nemrod voulait édifier pour empêcher Dieu de châtier encore les Hommes par un nouveau Déluge. On connaît la suite et la malédiction de l’humanité réduite à l’incommunicabilité par la multiplication des langues. La haute flèche de la cathédrale, celle qui a été érigée à la croisée du transept, doit pouvoir s’interpréter comme une nouvelle tour de Babel, celle de l’humanité réconciliée avec Dieu après la Pentecôte qui substitue le don des langues à la biblique division.

Une interprétation de la reconstruction de la flèche

Jean-Michel Leniaud, historien de l’art, archiviste, paléographe se propose d’interpréter sous cet angle la reconstruction de la flèche de Notre-Dame, plus haute que jamais, pendant le Second Empire alors que la précédente avait été abattue en 1793 pendant la Commune insurrectionnelle de Paris ; puis son érection à l’identique après l’incendie en dépit des débats contradictoires qui avaient marqué les lendemains du sinistre.

Il fera découvrir au passage le véritable auteur de la flèche dite de Viollet-le-Duc, l’entrepreneur Auguste Bellu, dont l’intense activité a aussi marqué le cœur du Paris du second Empire.

Ancien inspecteur des monuments historiques et directeur de l’École nationale des chartes de 2011 à 2016, Jean-Michel Leniaud est depuis 2017, président de la Société des amis de Notre-Dame de Paris.

Rendez-vous le mercredi 21 mai à 18 h – entrée libre – au Münsterhof, 9, rue des Juifs, Strasbourg.