Près d’un mois après le drame qui a coûté la vie à une lycéenne nantaise, Force ouvrière et la CGT appellent les services de l’État à investir dans la santé mentale des jeunes et non dans une «démagogie sécuritaire» qui manquerait «de lucidité et de réalisme».
Plus de soins et moins de sécurité. Des syndicats demandent la levée des dispositifs de sécurisation renforcés des établissements scolaires, près d’un mois après l’attaque au couteau qui a coûté la vie à une adolescente de 16 ans, le 24 avril dernier, à Nantes (Loire-Atlantique). Mis en place au lendemain du drame à la demande du premier ministre, François Bayrou, et du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, cette surveillance accrue, caractérisée en particulier par un contrôle plus intensif des sacs, serait en effet «inefficace et anxiogène», dénoncent les sections départementales des syndicats FO et CGT.
Dénonçant une «escalade autoritaire» qui n’apporterait «ni sécurité, ni sérénité», FO exige, dans un communiqué diffusé le 15 mai, «l’arrêt des fouilles intempestives à l’entrée des établissements scolaires», au profit de «moyens supplémentaires pour l’école et l’hôpital, en particulier la psychiatrie». Selon le syndicat, ces fouilles intempestives – confiées à la police et à la gendarmerie – concerneraient des établissements répartis sur l’ensemble du département, du collège Stendhal, à Nantes, à celui de Pierre Norange, à Saint-Nazaire.
«Course à l’échalote sécuritaire»
Vendredi 16 mai, la CGT a également regretté un recours à des solutions «qui manquent de lucidité et de réalisme», ainsi qu’un tour de vis sécuritaire qui ne serait qu’un pur produit démagogique. «Les portiques de sécurité existent depuis des années voir des décennies aux USA. Pourtant ce pays connaît des assassinats deux à trois fois par mois dans les établissements scolaires. Quant à la fouille des affaires personnelles, c’est irréalisable de façon généralisée sur du moyen et du long terme», indique le syndicat. Comme FO, la CGT appelle les autorités à renforcer plutôt les moyens accordés à la médecine psychologique et à la santé mentale des jeunes.
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Scolarisée au lycée Notre-Dame-de-Toutes-Aides, la jeune Lorène a été tuée le mois dernier, pendant un cours d’anglais, poignardée à 57 reprises par un autre étudiant de l’établissement. L’attaque au couteau a fait trois autres blessés, avant que l’auteur des faits ne soit arrêté. Solitaire et taiseux, le jeune homme a été confié à un centre de soins psychiatrique après un bref passage en garde à vue.
Annoncées dans l’émotion du drame, les mesures de sécurisation venaient renforcer la circulaire mettant en place, depuis le 27 mars, des «fouilles inopinées» des sacs des élèves. Les nouvelles mesures ont été aussitôt dénoncées par une partie de classe politique. «(C’est une) course à l’échalote sécuritaire», a en particulier critiqué l’eurodéputée de La France insoumise, Manon Aubry, au lendemain de l’attaque. Un sentiment également partagé par le directeur du lycée Notre-Dame-de-Toutes-Aides, Pierre Cappelaere. «Ce ne sont certainement pas des portiques de sécurité qui construiront un monde plus sûr», avait-il déclaré début mai.