En plus de réduire la douleur, la codéine est couramment utilisée pour réduire la toux. © Adobe Stock
Le “purple drank”, littéralement “boisson violette”, fait des ravages silencieux. Ce mélange à première vue inoffensif combine sirops antitussifs codéinés, sodas très sucrés et parfois même des bonbons pour accentuer l’effet. Loin d’être une nouvelle boisson à la mode, il s’agit en réalité d’un cocktail à risque élevé, consommé principalement par les jeunes en quête d’ivresse douce et de sensations planantes.
Popularisé par des artistes de la scène rap américaine dans les années 2000, ce mélange a fini par traverser l’Atlantique. En Suisse, certaines pharmacies tirent déjà la sonnette d’alarme : les ventes de sirops codéinés ont bondi, et les prescriptions, parfois détournées, sont en hausse inquiétante.
Une tendance venue des États-Unis… qui prend racine en Europe La codéine : un opioïde bien réel
La codéine, principe actif présent dans de nombreux sirops contre la toux, n’est pas un simple calmant. Elle appartient à la famille des opioïdes, au même titre que la morphine. Utilisée en cas de toux sèche sévère ou de douleurs modérées, elle peut, en cas d’abus, provoquer :
Et c’est là que le bât blesse : la codéine agit sur le cerveau en perturbant le système nerveux central. À forte dose, elle ralentit la respiration, ce qui peut provoquer une dépression respiratoire sévère, voire un coma ou un arrêt cardiaque.
Les jeunes : une cible particulièrement vulnérable
Ce sont surtout les adolescents et jeunes adultes qui sont touchés par ce phénomène. Leur cerveau, encore en développement, est plus sensible aux effets des drogues. Ils recherchent un état de détente, une forme d’euphorie facile d’accès… souvent sans mesurer les conséquences.
Et les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon Santé Publique France, les opioïdes sont responsables de plus de 400 décès chaque année dans l’Hexagone, dont une part croissante liée à l’usage détourné de médicaments codéinés.
Une tendance qui ne date pas d’hier Des mesures déjà en place, mais à renforcer
En France, face à l’explosion du “purple drank”, les autorités ont réagi dès juillet 2017 : la codéine n’est plus en libre accès. Désormais, une ordonnance médicale est obligatoire pour tout médicament contenant de la codéine, du dextrométhorphane, de l’éthylmorphine ou de la noscapine.
En Suisse, le canton de Genève a instauré des quotas de livraison aux pharmacies pour limiter la distribution. Mais les jeunes, souvent très inventifs, trouvent des alternatives : achat en ligne, pharmacies peu regardantes, ou sirops obtenus par des prescriptions de complaisance.
Pourquoi cette addiction est-elle si pernicieuse ?
Ce qui rend l’addiction au sirop pour la toux particulièrement dangereuse, c’est son apparente banalité. On parle ici de médicaments, pas de substances illicites. Cela contribue à minimiser les risques aux yeux des jeunes consommateurs.
Or, les conséquences peuvent être gravissimes :
Le rôle de l’information et de la prévention
Prévenir les dangers des addictions au sirop pour la toux, ce n’est pas seulement interdire : c’est éduquer et informer. Il faut parler le langage des jeunes, aller sur leurs terrains (réseaux sociaux, collèges, lycées) et leur expliquer, sans juger, les risques réels de ces pratiques.
Des campagnes ciblées, des interventions en milieu scolaire, et surtout un dialogue ouvert avec les familles peuvent aider à freiner cette tendance.
À SAVOIR
Depuis mars 2025, les sirops et médicaments contenant de la codéine sont soumis à une ordonnance sécurisée en France, avec une durée de prescription limitée à 12 semaines. L’usage est interdit chez les enfants de moins de 12 ans et déconseillé chez les femmes allaitantes, en raison des risques accrus de dépression respiratoire.
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