Tramways et bus de la CTS à l’arrêt, circulation interrompue, centre administratif évacué : la place de l’Étoile s’est réveillée paralysée ce lundi 19 mai. Environ 130 forains ont convergé vers cette entrée de Strasbourg avec plusieurs véhicules et semi-remorques dans l’objectif d’empêcher la tenue du conseil municipal à 10 h.
Les forains sont en colère après l’annulation des éditions 2025 et 2026 de la foire Saint-Jean et réclament d’être entendus par la maire de Strasbourg. « On est désolés de déranger les Strasbourgeois, mais malheureusement, on est au pied du mur », regrette Jordan Normand, un forain. Plusieurs élus d’opposition proposent leur médiation : « N’attendons pas à chaque fois d’être deux mois avant pour trouver une solution. On avait demandé un comité de sauvetage pour éviter d’avoir une année blanche », persifle Pierre Jakubowicz (Horizons), mobilisé aux côtés des forains avec des élus d’opposition socialistes, Renaissance et LR. « C’est dommage qu’aucun membre de la majorité ne vienne à leur rencontre. Quand les élus ont peur des citoyens, c’est perdu », ajoute Anne Pernelle Richardot (PS).
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Pneus brûlés, tirs de mortiers
Face au silence de la municipalité, les forains installent un blocus sur la place, noircie par les feux de pneus et les tirs de mortiers. Des usagers qui tentent d’accéder à la mairie rebroussent chemin, les fonctionnaires sont invités à télétravailler. Une cellule de crise est mise en place par la mairie, en dehors du centre administratif. Jeanne Barseghian condamne le blocage dans un communiqué dans la matinée : « Si je peux comprendre l’inquiétude et l’émoi des professionnels forains , je condamne fermement les méthodes employées mettant en situation d’insécurité les agentes, agents ainsi que les usagers du service public. »
Réunion avec la maire, mais pas de solution concrète
« On veut juste qu’on nous laisse travailler, faire notre métier comme on le fait depuis longtemps, rien de plus. Notre perte de chiffre d’affaires est d’environ 30 %. Renoncer à cela pendant trois ans, ce n’est tout simplement pas possible », déplore Sassi Ben Mourdi, représentant des forains. « Il y a des services techniques qui sont là et sont très compétents, mais les vrais spécialistes, c’est nous et c’est ensemble qu’il faut qu’on fasse quelque chose », continue un autre. « Ça se fait à Bruxelles, à Bâle ou juste à côté, à Kehl, où la foire déborde sur des jardins publics. Mais ici à Strasbourg, on ne trouve pas de solution, donc on ne comprend pas », déplore Serge Fornara, également représentant des forains.
En fin de matinée, la maire reçoit finalement les professionnels pour une réunion à huis clos dans un bâtiment des services municipaux route de l’Hôpital. Une solution provisoire pour cette année est mise sur la table : une foire étendue entre le Parc des expositions, l’avenue Herrenschmidt et la place de Bordeaux. Jeanne Barseghian indique « avoir accepté que cette option soit expertisée mais je n’ai pas pris d’engagement. Son inconvénient majeur est d’empiéter sur la chaussée. Je rappelle les contraintes techniques et financières que peut représenter ce choix. » La maire chiffre de 1 à 3 millions d’euros par an pour financer des solutions provisoires de maintien de la foire : « C’est de l’argent public qui ne sera pas utilisé pour autre chose. »
Retour à la normale en soirée
Une délégation de forains et un agent de la Ville se sont rendus sur le site pour réaliser des mesures et estimer la viabilité du projet dans l’après-midi. Aucune date n’est évoquée, mais certains forains imaginent une durée raccourcie de moitié comme concession.
Place de l’Étoile, le blocage du centre administratif est progressivement levé pour permettre au conseil municipal d’avoir lieu à 18 h, l’accès étant sécurisé par les forces de l’ordre. Les forains quittent progressivement la place qui retrouve sa tranquillité en soirée. « Grâce ou à cause de cette action, on a quand même été écoutés par la municipalité aujourd’hui. Mais on ne va pas rester chez nous en attendant 2027. Les mobilisations et les discussions vont continuer, probablement sous une autre forme. On va chercher des solutions, on ne lâchera rien pour avoir une édition 2025 », commente Jérémy Delannoy, membre du comité de gestion de la foire, en fin de journée.