Elle n’a pas grimpé l’Everest mais elle se trouve au sommet de son art. Un art oratoire. Louane Chauvin-Ozil, 19 ans, étudiante en deuxième année de licence de droit à l’Université Jean-Monnet, vient de remporter le prestigieux concours national Lysias dans la catégorie pénale, face à des étudiants de Panthéon Assas et Paris Cité.
« C’était pourtant difficile de s’aligner lorsque l’on vient de Saint-Etienne » confie-t-elle. En avril, pour les quatre tours nationaux, elle a dû se rendre en TGV à Paris chaque semaine. Et jongler avec les cours et partiels. À la différence du concours d’éloquence, qui permet une plaidoirie plus libre, celle du pénal exige une extrême rigueur.
« Vous êtes petite par la taille mais grande par le réalisme »
« Cela reste très juridique » ajoute l’étudiante. « Il faut d’abord bien maîtriser son sujet de droit. J’ai dû effectuer de nombreuses recherches, les mettre en forme, mais cela laisse moins de place pour l’humour, la dramaturgie. On n’a moins recours à son libre arbitre ».
Et pour cause, en finale, elle se retrouvait dans le rôle du procureur. Sa performance, carrée, millimétrée, a fait montre d’efficacité. Sa spontanéité a joué en sa faveur : « Vous êtes petite par la taille mais grande par le réalisme » a déclaré l’avocat général de la cour d’appel de Rennes. « Si l’on faisait un The Voice je biperai sur vous et vous choisirais dans mon équipe. Mais je n’aurai rien à vous apprendre de plus ».
« Une récompense collective que l’on ne se lasse pas de partager »
Une appréciation élogieuse qui constitue sa plus belle carte de visite. « Le doyen de la faculté m’a également beaucoup encouragé. C’est mon modèle » avoue-t-elle.
Quand les étudiants de l’Université Jean-Monnet et l’association Oratore prennent d’assaut la Capitale, ce n’est pas pour faire de la figuration : l’an dernier Méline Chaouki a remporté le concours d’éloquence, ouvrant la voie (royale) à Louane Chauvin-Ozil. Un doublé consécutif qui incite au respect.
Cette distinction rejaillit sur tout le monde. « C’est une récompense collective que l’on ne se lasse pas de partager » souligne Romane Fournet-Fayard, présidente de l’association Oratore. Une association qui s’est attachée à mettre sa jeune candidate dans les meilleures dispositions, afin de se concentrer uniquement sur les tours à passer.
Un stage de troisième qui a suscité sa vocation
« C’est beaucoup de travail mais également un plaisir intense et une expérience incroyable » souligne encore Louane Chauvin-Ozil. « Désormais mon objectif est de rentrer dans l’association Oratore et vivre l’aventure de l’autre côté de la barrière ».
Depuis son succès à ce concours, les éloges fleurissent. Louane Chauvin-Ozil offre un visage juvénile qui dissimule une volonté de fer. Et sa grand-mère Françoise est aux anges, elle qui l’avait poussé à effectuer son stage de troisième au tribunal de Bourg-lès-Valence, où elle exerçait comme greffière à l’époque. Ce fut pour Louane une révélation. Elle sera magistrate. « Car le droit, c’est moi » lance-t-elle dans un grand éclat de rire.