C’est un spectacle rare et fascinant qui anime le parc Martin Luther-King, au cœur du XVIIe arrondissement, depuis quelques semaines. Les troncs et branchages des arbres et arbustes semblent s’animer, entièrement recouverts d’immenses toiles blanches filamenteuses, comme tissées par une armée invisible.

En s’approchant, les passants découvrent avec stupeur des milliers de petites chenilles voraces qui grouillent et des poches remplies de leurs congénères mortes. Ces petites larves grisâtres tachetées de noir s’activent sans relâche, dévorant toutes les feuilles sur leur passage et tissant des nids massifs à l’aspect presque surnaturel. Un spectacle repoussant pour les badauds qui explique que, malgré la météo favorable, une partie des pelouses reste déserte.

« Il y a une dizaine de jours, j’avais déjà remarqué ces toiles blanches qui recouvraient une partie des arbres… Comme dans un film de Tim Burton ou dans la fameuse scène des araignées du Seigneur des Anneaux », illustre Frédéric, 36 ans, habitant de la porte d’Asnières (XVIIe). Ce père de famille, qui fréquente régulièrement le parc avec sa fille, a dressé le même constat ce mardi 20 mai en se rendant au travail.

Il s’agit en réalité « de nids filamenteux et de larves d’hyponomeute, un papillon de nuit visible l’été », indique Jonathan Flandin, directeur de l’Agence Régionale de la biodiversité. Cette invasion spectaculaire et soudaine s’explique par le cycle naturel de ces insectes. Au printemps, les papillons hyponomeutes pondent leurs œufs sur les arbres, notamment les feuillus comme le peuplier ou l’érable. À l’éclosion, les chenilles se nourrissent et tissent ces grandes toiles pour se protéger des prédateurs et des intempéries.

« Il n’y a rien à craindre »

Un phénomène si massif qu’il a pu inquiéter certains riverains. « Rien de grave ni de dangereux. C’est impressionnant mais il n’y a rien à craindre », tiens cependant à rassurer Jonathan Flandin.

La mairie du XVIIe arrondissement a publié un communiqué pour mettre un terme à l’angoisse collective : « Ces chenilles hyponomeutes ne sont ni dangereuses pour l’homme, ni pour les végétaux. Elles font partie du cycle naturel et ne nécessitent aucune intervention particulière », indique-t-elle à ses administrés.

Ces chenilles n’ont rien à voir avec les chenilles processionnaires, elles bien plus redoutables pour l’homme. Ces dernières possèdent des poils urticants pouvant provoquer allergies et réactions sévères et peuvent même provoquer la mort chez certains animaux comme les chiens. Inoffensives, les hyponomeutes sont néanmoins responsables de la défoliation massive des arbres qu’elles envahissent.