Le suspense aura duré jusqu’à la fin de la séance, après plus de deux heures de débat. Le conseil d’administration de Sciences Po a voté mardi soir contre la suspension du partenariat avec l’université Reichman, dans le district de Tel Aviv en Israël, à 16 voix contre 14, trois abstentions et un refus de prendre part au vote, d’après nos informations.
Signe des tensions entourant ce conseil d’administration, des étudiants pro-palestiniens s’étaient rassemblés en début de soirée devant le Cardo, le bâtiment qui héberge Sciences Po. Car ce vote va à l’encontre de l’avis du « comité Reichman » – composé d’étudiants et enseignants-chercheurs élus par leurs pairs – qui a recommandé à l’unanimité la fin immédiate du partenariat, en raison de prises de position jugées bellicistes de l’université israélienne sur la guerre à Gaza. La mise en place de ce comité avait permis le 9 mars de lever le blocage de deux mois du Cardo. Le vote contredit également la motion initiale du syndicat Solidarit’Etudiante, adoptée le 25 juin 2024.
Vers une poursuite du conflit ?
« Effectivement, ils [les étudiants] ne sont pas contents », commente sobrement le directeur de Sciences Po Jean-Philippe Heurtin. « Il semble qu’ils aient déjà voté pour un nouveau blocage demain [mercredi] matin… » Crainte confirmée par des sources en interne. « Nous sommes surpris que l’on vote sans débat », observe Simon Levan, membre du comité Palestine. « Seules deux des douze personnalités extérieures qui siègent au conseil d’administration [sur 36 N.D.L.R.] étaient présentes, les autres se sont fait représenter. Nous sommes aussi surpris que l’on n’écoute pas les urnes : l’avis rendu par le comité Reichman était unanime, c’est la démocratie représentative. »
« Je crains malheureusement que la voie soit ouverte pour une poursuite du conflit, alors que les examens sont au mois de mai et le concours d’entrée se tient le 26 avril », regrette Michel Fabréguet, enseignant-chercheur en histoire contemporaine. Le conflit à Sciences Po Strasbourg avait provoqué une levée de boucliers politiques, le dernier en date du ministre de l’Enseignement supérieur qui menaçait lundi de saisir le tribunal administratif si le partenariat avec la Reichman University était suspendu pour « des raisons militantes. »