Comme tout le monde le sait, l’empereur Napoléon Ier est mort le 5 mai 1821 à Sainte-Hélène, au milieu de l’océan Atlantique sud, prisonnier des Anglais après la défaite de Waterloo. Ce qui est moins connu, ce sont les conditions du « retour des cendres », jusqu’aux Invalides, à Paris (VIIe). Car, avant de fermer les yeux, l’Empereur a demandé « que mes cendres reposent sur les bords de la Seine au milieu de ce peuple français que j’ai tant aimé ».

Ces samedi 24 et dimanche 25 mai, un « week-end impérial » va ainsi réunir 100 reconstitueurs pour célébrer le 185e anniversaire de ce retour au pied de la colonne Napoléon, seul monument commémorant cet épisode de l’Histoire de France, à Val-de-la-Haye (Seine-Maritime).

« Un recueillement sur les berges »

C’est seulement en 1840 que le triple cercueil contenant les cendres de l’Empereur est embarqué sur la frégate « La Belle Poule ». Elle rejoint Cherbourg (Manche) le 30 novembre, après une escale à Longwood, en Angleterre. Dans l’attente de la fin des préparatifs des cérémonies parisiennes, la dépouille va alors entrer dans l’estuaire de la Seine et commencer à remonter le fleuve sur le bateau à vapeur « La Normandie ».

« Tout au long de la navigation, alors que la météo est épouvantable, les berges sont remplies de gens. C’est un recueillement sur les berges. Selon les témoignages, c’est émouvant, presque oppressant », raconte Nathalie Salmon, autrice de « Napoléon en Normandie » (Éditions Bertrand Revert).

« Le 9 décembre, le navire décoré arrive à Val-de-la-Haye, car il fallait d’abord transborder le catafalque sur un bateau fluvial à fond plat de la compagnie Les Dorades, pour passer sous le pont de Rouen. Et puis les autorités n’ont pas voulu que cela se fasse dans la capitale normande, par peur des débordements et des émeutes de bonapartistes. L’Empereur était encore dans tous les esprits. Ce village sera donc la seule terre où le cercueil touchera terre, devant près de 5 000 grognards qui ont bivouaqué sur place. Le 10 décembre, lors de son passage, sans jamais accoster, le corps de Napoléon 1er sera salué par plus de 100 000 Rouennais avant de rejoindre Courbevoie, puis les Invalides à Paris. »

Plusieurs groupes de reconstitueurs réunis pour l’occasion

Il faudra attendre quelques années de plus pour qu’un monument s’élève sur le site pour commémorer ce passage. Ce sera fait le jour de l’anniversaire de l’Empereur, le 15 août 1844, après un financement par souscription.

Depuis, cette colonne Napoléon est devenue le symbole de la « Ville Impériale » de Val-de-la-Haye, et des nostalgiques du Premier empire comme des amateurs d’Histoire s’y rassemblent régulièrement. Ornée de bagues rappelant les grandes victoires napoléoniennes, la colonne de style dorique est surmontée d’un aigle aux ailes repliées en bronze de 1,2 m de haut, ajouté en 1846. Ses fondations contiennent des cheveux de l’Empereur et un morceau de son cercueil.

Le prochain rassemblement, ces samedi 24 et dimanche 25 mai, est organisé par le Souvenir Napoléonien, association fondée en 1937. Avec l’objectif « d’honorer l’Empereur », présente Jean-Marc Auger, délégué régional du Souvenir Napoléonien. Seront présents au moins « cent reconstitueurs venus de tout l’Hexagone, dont Montpellier, Paris, Strasbourg, Cherbourg et aussi de Belgique », liste le délégué régional. « Il y aura la Garde Impériale, la 41e Ligne de la Somme, les Grenadiers de Paris, la musique de Waterloo et quelques Dragons normands pour des défilés, la reconstitution d’un bivouac, la simulation d’une escarmouche et une cérémonie commémorative. »

Sans oublier « un hommage à Jean-Dominique Pézier, artilleur à cheval, médaillé de Sainte-Hélène, un grognard dont la tombe est dans le cimetière de Val-de-la-Haye », précise Jean-Marc Auger, avant de conclure : « Ce sera une grande fête à ne pas louper ! »