Publié le
21 mai 2025 à 6h04
Chaque année, 350 tonnes de mégots sont ramassés dans les rues de la capitale. Pour se faire une idée, c’est plus d’une fois et demie le poids d’une baleine bleue – qui peut peser plus de 200 tonnes – ou cent fois celui d’un hippopotame, quand même. C’est aussi plus de 10 millions d’euros déboursés par la Ville de Paris dans le ramassage, la collecte, etc. Un gouffre financier, mais également un désastre écologique, que la municipalité espère endiguer avec dix mesures inscrites dans son plan de lutte contre les mégots, lancé mardi 20 mai 2025.
Un mégot peut polluer jusqu’à 500 litres d’eau
Ils ont beau paraître insignifiant une fois écrabouillé sur le bitume, chaque mégot contient 4 000 substances chimiques et peut polluer jusqu’à 500 litres d’eau, selon une étude de la collectivité sur l’utilisation des corbeilles de rue datant de 2018. Celle-ci avait aussi révélé que 60 % des cigarettes fumées dans l’espace public finissaient par terre…
« Cela équivaut à un chiffre compris entre 4 à 5 millions de mégots par jour… Je vous laisse faire la multiplication », rebondissait, en préambule du lancement officiel du plan, Antoine Guillou, l’adjoint à la maire de Paris, en charge de la propreté de l’espace public, de la réduction des déchets, du réemploi, du recyclage et de l’assainissement.
Un « chiffre » qui, à en croire le compte #SaccageParis d’Enzo Morel sur X, n’a pas vraiment évolué en dix ans : « La Ville de Paris indiquait en 2015 que 350 tonnes de mégots étaient jetés par an dans la rue. Dix ans plus tard, malgré l’argent brûlé dans plusieurs campagnes et la baisse de 20% du nombre de fumeurs, on annonce toujours 350 tonnes de mégots par an dans l’espace public. »
Ce qu’a d’ailleurs confirmé à demi-mot l’adjoint, en confessant qu’il s’agissait d’un « chiffre relativement constant ».
Vidéos : en ce moment sur Actu400 000 cendriers de poche distribués gratuitement
Également devant la brasserie « Le Naguère », à Paris (14e), dans le cadre de cette annonce institutionnelle, Jonathan Decottignies, directeur des opérations et du déploiement d’Alcome, l’éco-organisme spécialisé dans la réduction des mégots dans l’espace public, a pour sa part annoncé la distribution gratuite de 400 000 cendriers de poche, dans un peu plus de 660 bureaux de tabac et lors « d’opérations de sensibilisation sur des sites particulièrement fréquentés en été ».
Les cendriers de poche qui vont être distribués gratuitement à Paris. (©AD / actu Paris)
Et d’ajouter : « C’est tout simplement la plus importante opération de ce type jamais effectuée en France. » Voilà pour la première mesure, probablement la plus notable.
Quelques ajouts discrets sur le mobilier urbain
En complément des anciens modèles déjà équipés d’éteignoirs, la Ville de Paris va aussi équiper son dernier modèle de corbeille de rue « Cybel » de nouveaux éteignoirs, soit 4 600 exemplaires, d’ici fin 2025.
Là encore, certains Parisiens grincent des dents. C’est le cas de @JCQDSE, fondateur du site Saccage Paris. « Les nouvelles corbeilles de rue, à +/- 400 euros pièce, étaient dotées de cendriers tellement mal conçus qu’ils se sont cassés en moins de deux. Qu’à cela ne tienne, après cinq ans de réflexion et de réunions, la mairie de Paris est en train de les doter d’écrasoirs (néologisme) à mégots », s’exaspère-t-il sur X.
En parallèle, 1 000 clous en métal portant le message « Ici commence la Seine » sont en train d’être posés face aux bouches d’égout, sur les trottoirs de 177 zones concentrant beaucoup de jets de mégots (établissements d’enseignement supérieur, rues commerçantes…).
Le nouvel exemplaire d’éteignoir déployé sur les poubelles Cybel en 2025. (©AD / actu Paris)
Comme acté lors du Conseil de Paris du 12 février dernier, les maires d’arrondissement vont en principe avoir plus de pouvoirs dans les prochains mois, grâce aux « nouvelles mesures de territorialisation » et notamment en terme de propreté. Dans ce cadre, les élus de proximité pourront acquérir et déployer dans l’espace public des cendriers sondages, précise la Ville.
Pour le reste, les mesures du plan sont à ranger dans le volet prévention. « Il vaut mieux prévenir que guérir », a argué à ce sujet Jonathan Decottignies.
Les professionnels « incités à installer des cendriers »
Une campagne de sensibilisation va ainsi démarrer en juin, avec l’installation de stands sur des sites spécifiques (universités, écoles supérieures, immeubles tertiaires…) et des « éco-animateurs en déambulation pour sensibiliser les fumeurs aux bons gestes ».
Un clou bientôt installé dans les rues parisiennes.
Des courriers d’information et des actions de sensibilisation menées par les équipes de la Direction de la Propreté et de l’Eau vont, aussi, être adressés aux professionnels (cafés, restaurants, immeubles de bureaux, etc.), afin de les inciter à installer un cendrier pour leurs clients, salariés et visiteurs.
Poursuite de mesures prises ces dernières années
Le plan comprend, enfin, quelques rappels comme celui « des règles aux organisateurs d’évènements », la poursuite du soutien aux nettoyages participatifs en mettant à disposition des organisateurs des sacs, gants et des jauges pour mesurer le nombre de mégots collectés.
La Ville de Paris dit s’engager « à étudier et le cas échéant soutenir les nouvelles propositions d’acteurs économiques et associatifs visant à lutter contre les jets de mégots », tandis que « la police municipale parisienne continuera ses opérations de verbalisation, avec des amendes de 135 euros pour les contrevenants pris en flagrant délit, notamment sur des secteurs problématiques identifiés avec les mairies d’arrondissement. »
Ce plan mégots de la Ville de Paris fait partie intégrante du plan parisien de réduction des déchets, adopté à l’unanimité par le Conseil de Paris en décembre 2024 et visant à réduire de 100 000 tonnes la quantité de déchets produits à Paris d’ici 2030, et à tripler leur taux de valorisation. Belle initiative ou simple coup de com’, cela sera aux Parisiens d’en juger dans les mois à venir.
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