Par
Laurent Fortin
Publié le
21 mai 2025 à 7h16
Lors de l’audience publique, quatre hommes devaient comparaître au Palais de justice de Nantes. Finalement, seul un prévenu de 26 ans était présent. Libre. Un de ses complices de 24 ans était en effet en visio-conférence depuis la prison de Fresnes (Val-de-Marne), où il était incarcéré pour une autre affaire, et un autre de 30 ans n’avait pu faire le déplacement, maintenu en détention provisoire depuis près de deux ans, cumulant 11 condamnations, notamment une pour l’agression sexuelle sur l’une de ses sœurs. Un quatrième protagoniste devait initialement être jugé à leurs côtés mais il ne le sera finalement qu’en octobre 2025 : une « expertise psychiatrique » a été ordonnée pour cet homme de 20 ans sous « curatelle renforcée » qui vit à Saint-Nazaire.
L’enquête avait en fait débuté le 7 mai 2023 lorsque les gendarmes de Gétigné avaient été saisis pour les vols d’une Volkswagen New Beetle et d’une Citroën C4 : cette dernière voiture – pour laquelle les cambrioleurs avaient « récupéré les clés en pénétrant dans la buanderie de la maison » – avait été « localisée » à Clisson, près du domicile du seul homme présent physiquement au tribunal. Ce jour-là, deux du quatuor avaient alors été pris en flagrance d’utilisation du véhicule ; les deux autres suspects avaient été interpellés deux jours plus tard.
Un scooter « découvert dans l’eau à Gétigné »
Les éléments trouvés par les gendarmes avaient permis de remonter à d’autres vols commis depuis le 28 avril 2023 : une Volvo avait été dérobée à la seule victime à s’être constituée partie civile, par le biais de sa société basée à Orée-d’Anjou.
Les investigations avaient également conduit à une Renault, « volée à Saint-Lumine-de-Clisson et emmenée à Saumur (Maine-et-Loire) pour être replaquée puis vendue », à un scooter Peugeot « découvert dans l’eau à Gétigné » ou encore à un fourgon Mercedes Vito qui aurait été « revendu sur le parking d’un Mc Donald’s » grâce à « un contact sur Snapchat ».
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Les enquêteurs avaient découvert divers objets qui appartenaient aux propriétaires des véhicules : un « permis de conduire », une « carte bancaire », un « chéquier », des « chaussettes » ou encore une « carte Conforama ». Concernant les prévenus, leur « ADN » avait parfois été identifié et leurs téléphones avaient à plusieurs reprises « borné » à proximité des lieux des vols pendant les « nuits » des faits.
Les trois protagonistes assistant à l’audience ont reconnu plus ou moins leur implication dans les faits reprochés. D’un point de vue judiciaire, le préparateur de commandes en intérim avait déjà six mentions à son casier judiciaire. Limité à l’époque dans ses déplacements par un « bracelet électronique », il a désormais déménagé à Neuville-sur-Saône (Rhône), près de Lyon, pour « reprendre à zéro sur de bonnes bases ». Les deux autres cumulaient 25 condamnations à eux d’eux.
Peines plus lourdes que les réquisitions
Dans ces conditions, le procureur de la République avait requis un an de prison ferme à l’encontre de l’ancien Clissonnais. Libre, il avait déjà purgé cinq mois en détention provisoire. Deux ans de prison ferme se sont ajoutés au garçon de 30 ans et 28 mois à l’incarcéré de Fresnes, considéré comme « l’élément moteur » de ces vols de voitures. Il avait également sollicité une interdiction de contact pendant trois ans entre ces trois prévenus.
Flavien Jadeau, l’avocat du seul présent, avait plaidé en faveur d’une « relaxe partielle », estimant que pour certains faits, il n’y avait « pas de preuve » que son client avait eu « une connaissance effective de la commission du vol ». Il avait aussi demandé que la période de prison ferme prononcée soit « couverte par la détention provisoire » qu’il avait déjà effectuée.
Mathilde Lanneau-Sebert, l’avocate du plus âgé, avait, de son côté, insisté sur le fait que son client avait « collaboré depuis le début de l’enquête ». Elle avait également demandé une « relaxe partielle » concernant la Mercedes Vito.
Après avoir prononcé des relaxes partielles, le tribunal correctionnel de Nantes a finalement condamné celui qui se défendait sans avocat et était en visio à 30 mois de prison ferme avec mandat de dépôt. L’aîné de 30 ans a écopé lui de deux ans de prison ferme et de six mois de prison avec sursis probatoire, avec obligations pendant deux ans de rechercher activement du travail et d’indemniser les parties civiles. Placé en détention provisoire depuis le 11 mai 2023, il a donc déjà effectué la plus grande partie de sa peine de prison ferme. Sur un plan civil, ces deux-là devront verser 3 470,90 € à l’entrepreneur pour son préjudice matériel. L’ancien Clissonnais qui n’était pas renvoyé devant le tribunal que pour le vol de la Volvo dont le propriétaire s’était constitué partie civile, a quant à lui écopé d’un an de prison ferme et purgera la fin de sa peine sous bracelet électronique.
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