© S. Foliot – La cérémonie de prise de commandement se tenait à la Tour royale, aux monuments d’hommage aux sous-mariniers disparus.
Le drapeau flotte haut dans le ciel gris du parc de la Tour royale à Toulon. Des rangées d’uniformes blancs sont alignées ce 19 mai devant le monument d’hommage aux sous-mariniers disparus, pour la prise de commandement du « De Grasse », futur sous-marin nucléaire d’attaque (SNA).
« C’était un choix personnel de tenir cette cérémonie ici. On est dans un lieu d’héritage et de transmission de grands anciens » déclare le commandant Owen juste après la cérémonie.
Dans son discours, le capitaine de frégate a tenu à rendre hommage à ces héros de l’ombre.
Les remerciements se sont aussi tournés vers ceux qui permettent la réussite d’une mission : les industriels ayant travaillé à la conception du bâtiment mais aussi les familles du quatrième SNA de classe Suffren, soutien psychologique important pour les embarqués.
« Plus le marin se sent soutenu par sa famille, plus il est épanoui et performant à la mer. »
© S. Foliot – Le capitaine de frégate Owen, commandant du sous-marin De Grasse. De Grasse : un sous-marin encore en construction
Issu du programme de renouvellement de la flotte Barracuda, le sous-marin nucléaire d’attaque est encore en chantier à Cherbourg.
Le diplômé de l’École navale a été second puis commandant du Suffren, premier sous-marin du programme Barracuda, en 2023 ce qui lui a permis de s’approprier ces nouveaux modèles de technologie. Cependant, il lui revient de former son équipage qui découvre un système plus performant.
« On commence aujourd’hui notre entraînement collectif, se réjouit le capitaine de frégate Owen. La division d’entraînement va nous solliciter pendant 10 semaines pour que, cet été, l’équipage soit qualifié. Il va ensuite monter à Cherbourg, pendant quatre à six mois, finir les travaux avec l’industriel et vérifier qu’on est prêt à réaliser en sécurité les essais. En début d’année prochaine, on partira enfin à la mer. »
Si le succès est au rendez-vous, le tout jeune sous-marin pourrait être à Toulon avant l’été 2026.
De Grasse : un nom qui résonne en Outre-Atlantique
Le nom d’un sous-marin est toujours porteur de sens. Celui-ci ne fait pas exception à la règle selon son nouveau commandant.
« Trois héros français sont particulièrement connus aux États-Unis pour leur rôle dans la guerre d’indépendance américaine : Lafayette, Rochambeau et de Grasse. Avoir choisi un tel nom souligne la volonté de la nation de maintenir les relations étroites avec nos voisins américains » justifie-t-il.
Le sous-marin de Grasse prend la place de l’Émeraude, désarmé en novembre 2024. Il s’installera aux côtés du Suffren, du Duguay Trouin, et du Tourville, qui a validé sa période d’essai et devrait être bientôt admis dans la rade.
Le comte de Grasse : héros de l’indépendance américaine
Le comte François Joseph Paul de Grasse, né en Provence en 1722, commence son apprentissage de marin à 12 ans. Il s’engage au sein des garde-marines de Toulon et participe à de nombreuses campagnes navales. Il devient vice-amiral sous Louis XV puis Louis XVI. Il s’illustre dans la bataille de la baie de Chesapeake. Cette victoire navale empêche la flotte britannique de secourir les troupes du général Cornwallis, ce qui mène à la reddition britannique et à la fin de la guerre d’indépendance des États-Unis.
Plusieurs bâtiments ont porté son nom, en France et aux États-Unis.