Malgré les appels à l’aide et les tentatives des pouvoirs publics de faire revenir les Galeries Lafayette sur leur décision, le groupe quittera bel et bien Marseille en fermant ses deux points de vente à la fin de l’année, créant ainsi d’immenses friches commerciales.
Jusqu’au bout, certains ont cru pouvoir faire revenir les Galeries Lafayette sur leur décision. Mais la sentence est tombée vendredi comme un couperet. Selon des informations parues dans La Marseillaise ce mercredi et confirmées de sources concordantes au Figaro, l’État a entièrement validé le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) consécutif à la fermeture des deux seuls magasins des Galeries Lafayette à Marseille. Situés respectivement dans le centre commercial du Prado (près du stade Vélodrome) et dans le centre commercial de Centre Bourse (non loin du Vieux-Port), ils fermeront définitivement leurs portes le 30 novembre 2025.
Au début de l’année, les Galeries Lafayette avaient annoncé vouloir tirer le rideau de ses deux magasins marseillais en raison de «pertes récurrentes depuis plusieurs années» et d’une situation déséquilibrant «les performances du reste du réseau français». D’après Michelle Millepied, secrétaire générale FO aux Galeries Lafayette, «ce plan comprend le licenciement de 150 salariés (de l’entreprise) à Marseille, et de 150 salariés sur les démonstrations de la marque», soit les salariés de certaines autres enseignes présentes au sein des Galeries.
«Un immense gâchis»
À plusieurs reprises, le préfet des Bouches-du-Rhône, Georges-François Leclerc, a cherché à faire changer d’avis l’entreprise. «Le sujet était suivi par le préfet personnellement depuis l’annonce un peu surprise du départ des Galeries au début de l’année 2025, confirme Sébastien Debeaumont, directeur régional de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Dreets). Dès l’annonce, le préfet a tenu une première réunion assez franche et directe avec les collectivités territoriales et les Galeries Lafayette. Il y a eu une seconde réunion le 14 mai dernier au cours de laquelle le préfet a demandé de manière incisive aux Galeries Lafayette de différer cette fermeture, en présence des collectivités locales.»
À en croire le préfet des Bouches-du-Rhône, l’enterrement des Galeries Lafayette était acté au Prado, dans la mesure où le bail touchait à sa fin. Des repreneurs se seraient de plus d’ores et déjà manifestés. «Mais le préfet a demandé aux Galeries Lafayette de maintenir au moins le magasin de Centre Bourse, rapporte Sébastien Debeaumont. Les Galeries Lafayette se privent d’une présence dans la deuxième ville de France. Ça interpelle, et c’est quelque chose que le préfet n’a eu de cesse de rappeler.» Récemment, Renaud Muselier a également demandé une aide financière du gouvernement, en vain.
«C’est une honte, tempête le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. L’État a laissé faire. C’est l’impuissance publique poussée à son maximum. La ville de Marseille n’a rien fait non plus, alors que les Galeries Lafayette alertent depuis trois ans ! Mais personne ne les a écoutés. Donc, ils s’en vont. C’est un immense gâchis, une catastrophe.» «C’est faux», dément-on dans l’entourage du maire Benoît Payan, qui affirme avoir découvert les difficultés de l’entreprise au moment de l’annonce de la fermeture. «Une page se tourne, souffle le président de la CCI Jean-Luc Chauvin. À nous de trouver le local pour que les Galeries Lafayette se réinstallent à Marseille…»
Friche commerciale en vue
Lors de l’annonce de la fermeture, le directeur général de l’enseigne avait assuré dans un communiqué avoir «cherché des [solutions] alternatives possibles», mais n’avoir «pas trouvé l’emplacement premium et la taille d’espace qui correspondent à [leurs] attentes» pour rester à Marseille. Contactées, les Galeries Lafayette n’ont pas donné suite à nos sollicitations.
«On a des considérations historiques sur le sujet, avec une perte de vitesse de la commercialité du centre-ville par rapport à l’ouverture d’autres zones commerciales qui exercent une concurrence qu’on ne peut nier», souffle Sébastien Debeaumont. «C’est lié aussi à l’évolution du quartier et du pouvoir d’achat de sa population», estime Jean-Luc Chavin.
«L’avenir que je vois en tout cas est très sombre», pronostique Renaud Muselier. Lors de sa dernière réunion avec les Galeries Lafayette, le préfet n’aurait pas caché sa crainte de devoir faire face à «l’apparition d’une friche commerciale avec les problématiques que cela peut générer, avec notamment la sécurisation du site», selon Sébastien Debeaumont. Dans le centre commercial de Centre Bourse, les Galeries Lafayette occupent un espace de 22.000 m², ce qui en ferait «la plus grande friche commerciale d’Europe» selon le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Dans l’entourage de Benoît Payan, on affirme travailler avec les Galeries Lafayette pour trouver un nouveau commerce, installer à cet endroit «un domaine de loisirs et de sport» ou encore un projet à visée touristique. La piste de la cité judiciaire a de son côté été écartée par le préfet.
«Une étude lancée par la CCI et financée par la région, la mairie de Marseille et peut-être la métropole va être menée sur le commerce dans le centre-ville de Marseille, se réjouit Sébastien Debeaumont. Les Galeries Lafayette se sont engagées à participer à cette étude, à sécuriser le site quand il sera vidé et à œuvrer pour trouver un nouvel occupant. Des contacts sont déjà noués.» Les résultats de cette étude, qui pourrait servir de base pour l’avenir du site, sont attendus pour le mois de novembre, soit quelques semaines avant la fermeture définitive des portes.