Comment renforcer la compétitivité des produits français à l’international ? Comment se protéger d’importations chinoises potentiellement massives alors que la Chine et les États-Unis s’affrontent à coups d’augmentations de droits de douane ? Ce sont deux des questions que le ministre du commerce extérieur, Laurent Saint-Martin, a posé aux chefs d’entreprise de la région, jeudi 22 mai.

Des pistes, les 80 dirigeants venus discuter avec lui à l’hôtel de région, en ont plein. Céline Saint-Olive, directrice générale de Noraker , une PME innovante en médecine régénérative, plaide pour une réciprocité des conditions d’accès aux marchés. « 95 % des dispositifs médicaux chinois sont commercialisés en Europe. En revanche, seulement 3 à 5 % des dispositifs français et européens sont disponibles en Chine », explique-t-elle. En cause : « tous les tests réglementaires doivent être refaits. » Un coût supplémentaire. Et un risque : « On fournit des informations stratégiques. » David Besacier, apiculteur, à la tête de La Ruche roannaise , défend lui aussi une uniformisation des barrières sanitaires, qui lui ouvrirait de nouvelles perspectives d’exportations.

Des dirigeants ont proposé de s’appuyer davantage sur la diaspora des 3 millions de Français de l’étranger. D’autres ont dénoncé le manque de cohérence des politiques, dans les secteurs du recyclage et de l’après moteur thermique notamment. Plusieurs ont plaidé pour moins d’importations d’énergie et pour une simplification administrative, une priorité du gouvernement.

L’exemple de Renault Trucks

Laurent Saint-Martin l’a répété chez Renault Trucks , à Saint-Priest, où il a pu essayer un camion électrique. « Un camion fabriqué à Bourg-en-Bresse, qui coche toutes les cases de ce que la France veut démontrer. On a de l’industrie en France et on sait faire des partenariats forts en Europe », a-t-il souligné, Renault Truck appartenant au groupe Volvo. Résultats : l’entreprise, qui emploie 4 000 personnes à Saint-Priest et Vénissieux, est leader sur le marché français et exporte 60 % de sa production. La venue du ministre, Karine Forien, vice-présidente notamment chargée de la stratégie et du développement durable, la voit comme « un signe de reconnaissance. Aujourd’hui, notamment grâce à l’électromobilité, nous sommes beaucoup plus attractifs. »

« Si on veut passer de 4 % à 50 % des ventes en électrique d’ici 2030, nous avons besoin des pouvoirs publics pour stimuler la demande »

600 millions d’euros ont été investis entre 2020 et 2025, un milliard d’euros le seront d’ici 2030, rien que du côté de Renault Trucks, qui a reçu 19 millions de soutien à la recherche et développement dans le cadre de France 2030. Des aides à l’achat de 25 à 55 000 euros sont par ailleurs assurées par l’État. Des aides que Karine Forien espère voir pérennisées. « On est prêt, les camions (électriques) sont sur les routes. Mais si on veut passer de 4 % à 50 % des ventes en électrique d’ici 2030, notre objectif, nous avons besoin des pouvoirs publics pour stimuler la demande. » Déployer des bornes de recharge adaptées en Europe lui paraît urgent. Imposer des quotas de véhicules électriques dans les marchés publics est un autre des vœux avec lequel le ministre est reparti.