La distribution de récompenses en bonne et due forme est prévue samedi 24 mai à partir 18h40. Le jeu est ouvert et on ne se risquera pas ici au moindre pronostic. Après, si la présidente du jury veut qu’on l’oriente dans ces choix et demande à s’appuyer sur notre expertise, on est dispo et d’ailleurs, n’écoutant que notre désir de nous rendre utiles en toutes circonstances, voici une esquisse pour un palmarès idéal, qui permettrait à cette édition 2025 de marquer l’histoire du cinéma mondial avec un certain panache. Après, Juliette, vous faites comme vous voulez…

Le cinéaste espagnol plonge un père et son jeune fils au cœur d’une free party au beau milieu des sables, dans un périple tripant à la recherche de sa fille disparue. Un film placé en début de Festival et dont on ne s’est toujours pas remis.

Virtuose, le thriller du cinéaste brésilien sur un universitaire poursuivi par la dictature brésilienne dans les années 1970 est très politique, brutal et joyeux. Le film lie et imbrique les éléments des plus sordides aux plus enchanteurs, le cinéma et la mort, l’amitié et la déshumanisation, une déflagration de violence accompagnée par un air de proto-samba.

Monstre sous opium, femme-vampire… Le cinéaste chinois raconte l’errance d’un homme à travers un siècle de songes, dans une société où plus personne ne sait rêver. Une fiction construite comme une série de feedbacks mentaux où un signe se perpétue en boucle comme une rémanence hypnotique, autant de souvenirs de la maison des morts… Renversant.

Adaptation du roman éponyme de Fatima Daas, le lumineux film de la comédienne et réalisatrice porté par la révélation Nadia Melliti, bouleverse en suivant l’émancipation d’une jeune musulmane lesbienne. Un long métrage composé de scènes dessinées au petit pinceau, avec l’exactitude du cinéma qui romance mais ne triche pas, où s’inscrit toujours la profondeur du vécu.

A travers une enquête de l’IGPN sur un cas de violences policières pendant les gilets jaunes, l’auteur de La nuit du 12 noue un polar social ample et intelligent dans lequel Léa Drucker donne à la moindre crispation de son menton, au moindre tressaillement de son regard une intensité chargée de pallier l’absence d’affect de sa parole procédurière.

Décrié pour avoir tourné dans le respect des règles de la république islamique iranienne, le cinéaste, passé par la prison en 2023 mène en réalité un subtil et violent réquisitoire contre le régime. Magistrale, Parinaz Izadyar interprète Mahnaz, héroïne aux antipodes de la mère courage. Sa rage brutale, comme un sursaut de vie, achève de corroder jusqu’aux plus circonspectes réserves qu’on peut ressentir face à cet objet virtuose…

Le film virtuose du réalisateur norvégien sur le retour d’un cinéaste absent dans la vie de ses filles adultes, est son plus formidable long métrage à ce jour. Stellan Skarsgard est magistral dans le rôle d’un vieux cinéaste misanthrope dont la carrière sur le déclin pourrait bien être relancée avec un nouveau projet autobiographique, refusé par sa propre fille actrice mais accepté par une star hollywoodienne.

Chronique recréée de la fabrication d’A bout de souffle, le film de l’Américain, tourné à Paris et en français, saisit au présent les conditions qui ont rendu possible le chef-d’œuvre de Jean-Luc Godard. Une bande de jeunes se balade sur la crête entre l’incertitude et la prétention, entre laisser filer le temps et saisir le bon moment.

Dans son nouveau film tourné à sa sortie de prison, l’Iranien, figure éminente de la dissidence, raconte la relation entre une victime et son bourreau, lors d’une virée en van. Un règlement de comptes sans détour avec le régime.

Dans un long métrage épuisant et courageux, le cinéaste israélien produit en temps réel la satire féroce d’un pays ivre de vengeance. Le film, présenté à la Quinzaine des cinéastes, se met régulièrement à vriller, l’image à convulser littéralement, la caméra affolée, secouée par des spasmes de rage et d’indignation.

Dans ce touchant premier long métrage, un jeune homme apprend être atteint d’un cancer de la gorge mais ne parvient pas à en parler à ses proches. «Comment dire, comment jouir dans sa situation, où être hors de chez soi vaut pour être hors de soi, loin de son corps qui le rattrape ?»

Le film-fleuve du cinéaste portugais sur un ingénieur portugais venu faire une étude environnementale en Guinée-Bissau, glisse dans les méandres des désirs et des incertitudes. Les trois heures trente commencent, elles passeront en un éclair – une longue foudre suspendue, électricité lente dans le ciel de Bissau.

Le premier long métrage du réalisateur anglais suit la relation de domination entre un jeune homme timide et le chef d’un gang de motards. Manifestement inexpérimenté mais immédiatement fasciné par la personnalité et la carrure de Ray, Colin se laisse délicieusement entraîner dans un programme d’asservissement volontaire où il doit coucher sur le tapis au pied du lit de son maître

La documentariste iranienne installée en France raconte l’horreur de la guerre à Gaza à travers le regard de la photographe Fatma Hassouna, tuée par l’armée israélienne avant la diffusion du film. Le cinéma ne peut rien faire d’autre que de tenter, malgré les interférences, contre le silence de mort exigé par les bourreaux, d’entrer en communication avec les vivantes et les vivants, de se reconnecter à eux.