Les niveaux de pollution constatés l’an dernier poursuivent la baisse enregistrée depuis vingt ans, à l’exception de l’ozone, selon le bilan d’Airparif.
La qualité de l’air que les Franciliens respirent s’améliore d’année en année. Dans son bilan 2024 publié mercredi, Airparif constate en effet que les niveaux de pollution poursuivent la baisse enregistrée depuis des décennies et qu’ils ont « été globalement divisés par deux en 20 ans ».
Bien sûr, l’association chargée de la surveillance de la qualité de l’air en Île-de-France ne crie pas victoire. La pollution de l’air cause chaque année 7900 décès prématurés dans la région et de nombreuses maladies chroniques, mais aussi « une perte moyenne de l’ordre de 10 mois d’espérance de vie par adulte ». L’amélioration est toutefois réelle et « concerne les deux polluants de l’air réglementés les plus nocifs pour la santé humaine, à savoir les particules fines et le dioxyde d’azote ».
Indicateurs au vert
Pour les particules fines d’abord, la baisse s’accélère franchement (-40 % sur les dix dernières années). Émises dans l’atmosphère lors de la combustion de matières fossiles, de bois ou de déchets agricoles, ces particules pénètrent dans l’appareil respiratoire jusqu’aux alvéoles pulmonaires et peuvent aussi passer dans la circulation sanguine, augmentant le risque de maladies pulmonaires ou cardio-vasculaires, et de cancers. Elles sont majoritairement émises par le chauffage, rappelle Antoine Trouche, ingénieur à Airparif : « 5 % des foyers en Île-de-France se chauffent au bois et sont responsables à eux seuls de près la moitié des particules fines émises directement de la région, la deuxième source étant le trafic routier (16 %). »
Il ajoute cependant que ces émissions dites « directes » ne représentent qu’un tiers des particules présentes dans l’atmosphère. « Des particules se forment aussi par combinaison chimique de gaz polluants entre eux. Donc certains secteurs comme le transport routier contribuent davantage à la pollution aux particules fines que ce que laissent penser ces émissions directes. »
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Autre polluant surveillé de près, le dioxyde d’azote (NO₂), qui s’attaque aux bronches et entraîne des risques accrus de cancer. Les concentrations de ce gaz provenant pour moitié du trafic routier enregistrent aussi une forte baisse (- 45 % sur dix ans). Il s’agit toutefois d’une moyenne : l’an dernier, 800 Franciliens étaient encore exposés à des niveaux de pollution dépassant la réglementation actuelle, principalement dans les zones situées à moins de 50 mètres de grands axes de circulation comme le boulevard périphérique ou les autoroutes A1, A3, A4, A6 et A86.
Pour expliquer ces améliorations, outre une météo pluvieuse qui a aidé l’an dernier à la dispersion des polluants, Airparif cite surtout « les réglementations et politiques publiques mises en place [au niveau européen comme à l’échelle locale] pour réduire les émissions de polluants de l’air liées notamment au trafic routier, au chauffage et aux activités industrielles ». Normes euro, diminution de la vitesse en ville, fermeture de certains axes aux abords des écoles, zone à faibles émissions (ZFE), déploiement des infrastructures de transport en commun et de pistes cyclables… Côté transport, tout cela a payé, confirme Antoine Trouche, qui note une division par deux en vingt ans du nombre de kilomètres parcourus en voiture chaque année dans Paris intra-muros.
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Le bilan d’Airparif est publié alors que les ZFE sont remises en cause. S’il rappelle que le rôle de l’association est d’évaluer l’efficacité des mesures « et non pas de faire de plaidoyer », l’ingénieur note simplement que l’impact de la ZFE mise en place il y a dix ans à Paris est « quantifiable » : « Entre 2017 et 2023, dans le périmètre de la ZFE, les émissions de dioxyde d’azote dues au trafic routier ont baissé de 42 %, dont 6 points sont attribuables à cette ZFE. » Toujours selon les estimations d’Airparif, le plein respect des restrictions aux véhicules Crit’Air 3 (les diesels de plus de 14 ans et les voitures à essence immatriculées avant 2006) en vigueur dans la capitale depuis le début de l’année entraînerait en théorie une diminution de 14 % des émissions de NO₂ dues au trafic, et -13 % pour les particules fines.
Encore loin des futures normes
Attention toutefois : si les indicateurs sont au vert au vu de la réglementation actuelle, les niveaux de pollution ne respectent pas celle qui est censée s’appliquer à partir de 2030. Il y a plusieurs années en effet, l’Organisation mondiale de la santé a fixé de nouveaux seuils réglementaires s’appuyant sur l’évolution des connaissances scientifiques dans ce domaine. Une nouvelle directive européenne – bien moins stricte que les recommandations de l’OMS – prévoit ainsi la mise en place d’ici la fin de la décennie de seuils intermédiaires. L’an dernier, plus de 2,6 millions de Franciliens respiraient un air qui ne respectait pas ces futures règles. Or « le faire permettrait d’éviter un quart des décès prématurés liés chaque année à la pollution de l’air », assure l’ingénieur.
Autre mauvaise nouvelle tirée du bilan d’Airparif : la pollution à l’ozone stagne. « On parle ici de l’ozone de basse attitude, qui n’a pas de rapport avec la couche d’ozone » dans la stratosphère, précise Antoine Trouche. L’ozone à hauteur d’homme, qui est non seulement un polluant mais aussi un gaz à effet de serre, aggrave notamment le risque de mortalité lié à des pathologies respiratoires. Il se forme par la combinaison du dioxyde d’azote et de composés organiques volatils lors d’épisodes de fortes chaleurs et d’ensoleillement. Le réchauffement climatique favorise donc sa formation, et sa durée de vie est très longue lui permet de parcourir de longues distances à travers les continents. Il n’existe pas en France de valeur limite réglementaire pour ce polluant, mais l’ensemble des 12 millions de Franciliens est aujourd’hui exposé à des niveaux « largement supérieurs » aux recommandations de l’OMS.
Bilan 2024 de la qualité de l’air dans la région Île-de-France.
Airparif
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