« Les différents lieux ont élargi le public, j’en suis convaincu. Une partie était commune, mais cela crée de la curiosité auprès d’autres personnes », explique Jérôme Brunetière, directeur de l’opéra de Toulon, à propos de la nouvelle programmation hors les murs. La troisième consécutive, au regard des grands travaux au sein de ce joyau de la culture toulonnaise qui se poursuivront jusqu’à fin 2027.

L’opéra de Toulon va ainsi continuer de déclencher l’émotion en particulier au Zénith, au Palais Neptune, sur les scènes nationales du Liberté et de Châteauvallon, avec qui les chaleureuses relations nouées devraient s’inscrire dans le temps, et à la faveur de représentations diverses, de plus en plus variées, à l’échelle de la métropole et plus globalement du Var.

Le financement du chœur stabilisé

La programmation 2025-2026 est attractive et homogène, variant les répertoires « invitant au voyage dans la magie de l’opéra, du plus léger au plus sérieux dans différentes formes et esthétiques », selon le souhait du directeur, très attaché à « un équilibre de saison », à l’écoute des attentes, des envies et voulant être « force de propositions sur des spectacles moins attendus ».

Une saison au cours de laquelle l’orchestre et le chœur de l’opéra sont particulièrement mis en exergue, ce dernier ne faisant plus aujourd’hui l’objet de suppression, selon Jérôme Brunetière, après avoir été sauvé par une subvention exceptionnelle octroyée par la Ville de Toulon. Qu’en sera-t-il demain ? Les élections municipales et leurs conséquences sur la Métropole Toulon Provence Méditerranée, collectivité principale de tutelle de l’opéra, apporteront une nouvelle vérité, sachant que pour l’heure le financement est stabilisé. Ce qui n’empêche pas d’essayer de faire évoluer les modèles de cette forme d’art globalement fragilisée en France.

Une riche programmation pour l’opéra de Toulon

En attendant, la saison présentée par le directeur fait honneur tout d’abord à l’art lyrique, à commencer par « Norma », l’un des chefs d’œuvre de Vincenzo Bellini, mis en espace et en scène à Châteauvallon dont on sait désormais que le lieu est parfait pour l’opéra. De grands moments en perspective les 26 et 28 juin, avec une distribution qui fait place aux jeunes talents.

Saut dans le temps avec quatre représentations les 7 et 8 novembre, incluant les scolaires, toujours sur la scène nationale, mais au théâtre Liberté, avec « La Petite Sirène », opéra féérique de Régis Campo d’après le conte d’Andersen, pour le jeune public et les familles. Une histoire qui parle de la différence et fait passer des messages.

Pour la fin d’année, le 31 décembre et le 2 janvier, le Zénith sera le théâtre de l’opéra bouffe « Don Pasquale » de Gaetano Donizetti, avec une mise en scène de fête, un livret qui stimule l’émotion, et, là aussi, une belle distribution.

Deux opéras en version de concert vont ensuite s’enchaîner au Palais Neptune, les grands airs de Hector Berlioz avec un duo de très haut niveau, Karine Deshayes et Pavol Breslik, les 20 et 21 janvier, puis « Le Vaisseau Fantôme » de Richard Wagner sous la direction musicale de Victorien Vanoosten, les 17 et 19 février.

© O. Réal – Jérôme Brunetière, directeur de l’opéra de Toulon.

Retour au Liberté les 4, 6 et 8 mars 2026, avec « Le Barbier de Séville », merveille d’opéra bouffe de Gioachino Rossini dans une version réduite d’orchestre, agrémentant le jeu d’acteurs et de chanteurs internationaux par des marionnettes.

Autre retour au printemps, au Liberté toujours, celui de la comédie musicale américaine, genre que l’opéra de Toulon a considérablement relancé en France depuis 15 ans, avec « Putting It Together » de Stephen Sondheim. Une création française sous production « maison » avec trois tours d’horizon des meilleurs morceaux de Sondheim les 24, 26 et 28 avril.

Enfin, la boucle lyrique se bouclera les 26, 28 et 30 juin 2026 à Châteauvallon pour un très attendu « Madame Butterfly » de Giacomo Puccini. A défaut de baie de Nagazaki, la demeure de l’héroïne donnera sur la rade de Toulon, à la nuit tombante. Une coproduction originale des opéras de Toulon, de Toulouse et de Tours.

Un large public visé

La saison symphonique au Palais Neptune ne manque pas d’intérêt, loin s’en faut, présentant en ouverture le 17 septembre, « L’ultime Mozart », les dernières œuvres du génie. Le 10 décembre, « Nouveau monde ? » proposera des œuvres de Bartok, de Prokofiev, de Dvorak et sa célèbre symphonie n°9.

Le 19 mars, « Jardin d’enfants » sera composé des contes et poésies en français, de Roussel, Chausson et Ravel. Quelques jours plus tard, le 1er avril, 10e édition de La Nuit du Piano sur le thème de l’Espagne, dans le cadre du Festival de musique de Toulon et sa région, avec des étudiants musiciens de l’IESM d’Aix-en-Provence. Enfin, le 28 mai, « Délices et Tourments » viendront terminer la saison avec Tchaïkovski et Ibert.

Ballets, danses, théâtre, musique de chambre, récitals, sont aussi au programme sur nombre de scènes, petites et grandes de la métropole Toulon Provence Méditerranée, tandis que Var Opéra, tournée estivale en partenariat avec le Département, proposera un voyage initiatique de six manifestations avec le chœur dans le département, et que dix concerts sont prévus dans le cadre du Festival La vague Classique, débordant dans les Bouches-du-Rhône et les Alpes-Maritimes.

De quoi porter la bonne parole, en plus de la bonne musique, sur un large périmètre, et se donner les meilleures chances de capter un large public, y compris de mécènes à travers le Club Orfeo pour les entreprises et la Camerata pour les particuliers. Autant de moyens supplémentaires contribuant au rayonnement de l’opéra, à son rôle pédagogique aussi, notamment auprès des jeunes. Histoire de faire partager les émotions au plus grand nombre.