Alea jacta est. Laissée en friche depuis une quinzaine d’années, la Villa Paradiso – emblématique bâtisse Belle Époque de Cimiez construite en 1881 – sera transformée en musée d’art contemporain. Le conseil municipal doit encore voter ce vendredi 23 mai, une formalité.
« Le projet présenté par le Docteur Massini, collectionneur de 450 œuvres d’art contemporain, permettra au public de disposer d’un nouveau pôle culturel, situé entre le MAMAC et les musées Chagall, Matisse et d’archéologie. Il deviendra un élément majeur de la valorisation et de l’attractivité du quartier de Cimiez », explique le maire de Nice, Christian Estrosi, dans un communiqué. Exit, donc, le projet concurrent du conservatoire Rachmaninoff de Paris.
2 millions d’euros de travaux
La Villa Paradiso, inscrite avec son jardin au titre des monuments historiques depuis 2021, sera dans un premier temps remise en état, avec à la baguette Antoine Madelenat, architecte en chef des monuments historiques dans les Alpes-Maritimes, et Marc Barani pour la scénographie. Au programme, « réhabilitation des intérieurs avec conservation des décors intérieurs et conservation de l’épaisseur historique, en laissant entrevoir l’opulente décoration du XIXe siècle », précise les services de la Ville. Un ascenseur sera créé, et l’auditorium « restructuré ». Comptez 2 millions d’euros.
À l’intérieur, plusieurs espaces sont prévus « si le conseil municipal accepte le projet », précise prudemment le neurochirurgien niçois Bernard Massini, très heureux à l’idée de partager enfin sa collection personnelle, qui compte quelque 450 œuvres d’art contemporain.
Le rez-de-chaussée sera dédié à l’art contemporain, avec essentiellement des sculptures ou des installations, « car on ne peut rien accrocher aux murs, il y a des éléments de décorations classés ».
Des glaces artistiques artisanales
Un espace sera consacré au salon de thé/cafétéria, qui donnera sur la terrasse, avec à la vente des « glaces artistiques artisanales, quelque chose de très original pour travailler sur le goût », détaille-t-il. Il y aura également « un petit environnement de syncinésie audio-olfactive, c’est-à-dire mettre en rapport la musique, à laquelle je suis extrêmement attachée – je suis moi-même batteur – et le parfum, dans une perspective multisensorielle. »
Le premier étage, lui, sera dédié à la peinture, la photographie et au dessin. « Pas seulement ma collection, je veux inviter d’autres collectionneurs, demander des prêts à d’autres musées pour des expositions thématiques », s’enthousiasme-t-il.
Et au deuxième étage, il y aura les bureaux et une résidence d’artistes, pour réfléchir notamment autour du processus créatif. « Savoir comment un cerveau peut générer la création, c’est ce qui m’a toujours animé dans la vie. Et à 71 ans, j’ai toujours rien compris, pourtant j’en ai ouvert des cerveaux », plaisante le neurochirurgien.
Enfin, l’auditorium accueillera trois expositions d’arts immersives par an. « Mais il y aura aussi des conférences, des lectures, et des petits concerts intimistes. » Et dans le jardin, des sculptures devraient être installées.
La Villa Paradiso va-t-elle changer de nom? Que nenni. « Je ne veux pas de ‘‘fondation Massini’’ ou autre, je n’ai pas besoin de spotlight », assure Bernard Massini. « Et je ne veux pas que ce soit un projet élitiste, je veux que ce soit ouvert, singulièrement pour les enfants. La transmission, c’est très important pour moi. »
Quel financement?
– Une SAS (société par actions simplifiées) va être créée, dont Bernard Massini sera le président, et Olivier Kaeppelin, directeur de la Fondation Maeght de 2011 à 2017, conseiller artistique.
– Deux millions d’euros de travaux sont prévus, pris en charge intégralement par le docteur Massini, qui a prévu de mettre au total 2.500.000 euros sur la table. « Un remboursement progressif aura lieu en fonction des performances du musée et uniquement si le fonds de roulement est suffisant », précise la Ville. « Si le musée ne fait pas de pertes, petit à petit, je serai remboursé », explique Bernard Cassini.
– Un bail emphytéotique sera signé avec la SAS, laquelle devra verser des annuités de 160.000 euros à la Ville.
– Une date d’ouverture? « Si tout va bien, en juin 2027 », espère le neurochirurgien. Et la fréquentation? 40.000 à 50.000 visiteurs par an sont attendus les trois premières années, précise la Ville. Avec un objectif à long terme de 60.000 à 80.000 visiteurs annuels.