Attendre jusqu’en 2027 la reconstruction des ponts de Maïssa et de Venanson? Sept ans après leur destruction par la tempête Alex?
Dans la vallée de la Vésubie, l’annonce du report d’un an du chantier qui devait démarrer au mois de mars a provoqué une pluie de critiques.
Face à laquelle la Métropole Nice Côte d’Azur déploie désormais son parapluie: « Des détracteurs offrent un discours simple et percutant, auquel nous opposons un éclairage factuel sur un sujet complexe. » Dixit, Bastien Nespoulous, directeur général des services, qui justifie ces nouveaux délais.
Pourquoi ce report?
Les études d’exécutions, menées par Bouygues Travaux (1), ont mis en lumière une fragilité des sols. Il va notamment falloir reprendre la culée d’un pont sur laquelle on pensait pouvoir compter pour faire reposer le tablier du futur pont de Venanson. L’entreprise demandait un avenant de 48% du montant de base.
Les avenants faisaient grimper le budget à 7,9 millions d’euros. Une somme que la Métropole ne pouvait pas avancer?
Financièrement, elle pouvait l’assumer. Ceux qui disent le contraire sont les mêmes qui n’ont pas voté le budget métropolitain pour reconstruire les vallées. Pensent-ils vraiment que 5 millions d’euros pèsent lourd dans une enveloppe de 230 millions? Ces ponts, ça n’est pas un problème financier. Dire le contraire est tout à fait scandaleux.
C’est donc la loi qui bloque?
Tout à fait. On ne peut pas signer un avenant de 48%. C’est le code de la Commande publique. Les pressions, les critiques, ne nous pousseront pas à violer la loi. En l’état, les modifications nécessaires et le coût engendré sortent du cadre du marché.
Vous estimez que le droit doit évoluer?
Avec les événements climatiques extrêmes, il faut s’adapter en créant un régime particulier, qui sera valable pendant des années, le temps de la reconstruction. Les parlementaires doivent et peuvent se mobiliser en ce sens. Pour Mayotte et Notre Dame de Paris, des mesures exceptionnelles ont été prises. Dans les vallées, il faudrait que la puissance politique puisse prendre d’office des parcelles privées,, via des servitudes. Ça serait un important gain de temps.
Quel est le nouveau calendrier?
Nous allons relancer un marché. Bouygues n’en sera pas forcément le délégataire. Tout le monde repart sur un pied d’égalité D’ici six mois, maximum, ce sera réglé. L’objectif c’est une livraison des ponts à la mi-2027.
Soit sept ans après la tempête Alex. Que direz-vous aux Vésubiens exaspérés par ces nouveaux délais?
On doit répondre aux exigences des habitants qui veulent tourner la page. On est mobilisés pour ça. La Métropole a des équipes d’ingénieurs qui bossent toute la journée pour porter ces chantiers. Donc on ne peut pas faire comme si aucune solution n’avait été mise en place. En décembre 2020, au pic de la crise, pour assurer la continuité de la vie et de l’activité de la vallée, deux ponts provisoires ont été construits. Mais pour faire du durable, il y a plein de paramètres à prendre en compte. Il faut d’abord identifier les zones à risques, exproprier, démolir, protéger les berges. C’est un travail dantesque. Pendant que certains critiquent, le chantier des enrochements continue. On ne reste pas les bras croisés.
Pourquoi a-t-il fallu attendre un an et demi après Aline (2) pour que des études mettent en lumière les fragilités occasionnées par cette tempête?
Les études les plus précises, qui ont permis de déceler l’ampleur des fragilités, arrivent en fin de parcours. C’est comme un entonnoir qui s’affine.
Il était donc impossible de mener des études plus poussées juste après la tempête?
Quand on fait les choses dans les règles de l’art, il y a un processus à respecter. Ça prend du temps. Il est absolument hors de question de griller des étapes. Nous devons livrer un ouvrage durable, à la hauteur des enjeux climatiques. Les tempêtes sont amenées à se multiplier et à s’intensifier.
Quelles seront les dimensions de ces ponts?
Le pont de Venanson va passer de 15 à 39mètres et celui de Maïssa, de 12 à 39mètres. Ils n’auront pas de pieds dans le lit de la rivière pour éviter que des débris ne s’y accumulent en cas de crues.
1. C’est au titre de ces études que Bouygues va toucher 250.000 euros d’indemnités
2. La tempête d’octobre 2023.