Après le premier sacre de l’histoire des Bordelais, découvrez ce qui a retenu l’attention de notre journaliste présent à Cardiff.
COUPS DE CŒUR
L’UBB garde la Coupe à la maison
Les Bordelais attendaient ça depuis longtemps. Gagner un premier titre pour confirmer leur montée en puissance. Oubliée la déroute de l’an dernier au Vélodrome en finale du Top 14 contre Toulouse (59-3), l’UBB a su saisir sa chance pour sa première finale de Champions Cup. Comme en leur temps, Toulouse (1996), Brive (1997) et Toulon (2013) qui avaient soulevé le trophée pour leur première finale. Les joueurs de Yannick Bru ont marqué l’histoire et leur victoire en appel d’autres. Après des festivités qui devraient logiquement durer quelques jours, ils repartiront au combat en Top 14 où ils peuvent réaliser le doublé, comme le Stade Toulousain l’avait fait l’an dernier. Comme Brive et La Rochelle, l’UBB est championne d’Europe mais pas (encore ?) de France. Une chose est sûre : depuis 2021, le Champions Cup reste en France.
Cazeaux-Coleman, ça déménage
Longtemps, les avants de Bordeaux-Bègles ont été critiqués pour le manque de puissance et de densité. Les hommes du pack girondin ont remis les pendules à l’heure pour glaner cette première couronne continentale. À l’image des prestations remarquées des deuxièmes lignes Adam Coleman et Cyril Cazeaux, qui ont fait des dégâts face aux Saints. Durs au mal et constamment dans l’avancée. Interrogé sur leur poids dans la performance de leur équipe, Yannick Bru a plaisanté : «Leur poids ? 250 kilos ! 125 chacun !» Déjà contre les Toulousains en demi-finale, les avants bordelais avaient largement remporté le bras de fer devant. Ils ont remis ça samedi. Au meilleur moment.
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L’inédit triplé de Retière
Une réussite qui n’a pas beaucoup d’équivalents. Arthur Retière a remporté face aux Saints des Midlands son troisième titre européen consécutif. Mais avec trois clubs différents. Joli tour de force. Sacré avec La Rochelle en 2023 puis avec Toulouse l’an dernier, le polyvalent trois-quarts – entré dès la 20e minute de jeu après la blessure de Romain Buros et qui a régulièrement relayé Maxime Lucu à la mêlée – dispose désormais d’un palmarès conséquent. Même s’il émet un petit bémol : «En fait, je n’ai que deux titres et demi. L’an dernier, je n’étais pas entré lors de la finale de Toulouse !» L’histoire retient quand même son inédit triplé.
COUPS DE GRIFFE
Pollock passe au travers
Il était l’une des grandes attractions de cette 30e finale de la Coupe d’Europe. Henry Pollock est devenu, en quelques mois, la nouvelle coqueluche du rugby anglais avec des performances sur le terrain remarquables et une attitude de kamikaze qui plaît autant qu’elle énerve. L’attente était forte mais la déception, après coup, l’est tout autant. Le troisième-ligne des Saints – titularisé en numéro 8 après le forfait de Juarno Augustus – n’a pas eu le rayonnement et l’abattage que l’on attendait de lui. Par deux fois, le futur joueur des Lions a bien cru marquer – on a eu droit à ses traditionnelles célébrations – mais ses deux essais ont été annulés. Obligée de ferrailler dans le rude combat imposé par l’UBB, la pépite anglaise n’a pas pu tirer son épingle du jeu. Très attendu mais bien muselé. Il n’a que 20 ans, cela fait partie de son apprentissage du haut niveau. L’enfant terrible a terminé son match par une altercation avec Matthieu Jalibert. «Les Anglais ont dit des trucs dans la presse qu’on n’a pas trop apprécié, a expliqué l’ouvreur bordelais. Ils ont dit qu’on était un club de mercenaires qui ne sont là que pour l’argent. Je lui ai juste rappelé qu’ils ne connaissaient pas notre histoire, qu’ils ne savaient pas d’où on venait et qu’il fallait respecter tous les clubs. J’avais besoin de lui dire…»
De la casse qui plombe les Saints
L’entame de match de Northampton, tout en puissance et en vitesse, a cueilli d’entrée l’UBB. Une domination concrétisée par Alex Coles dès la 2e minute. Mais, rapidement, il y a eu de la casse chez les champions d’Angleterre 2024. Ramm (3e) puis Furbank (5e), touchés, ont dû quitter la pelouse du Principality Stadium. Obligeant les Saints à réorganiser leur ligne d’attaque. Un coup dur évident tant les Anglais n’ont jamais réussi à mettre, sur la durée de cette finale, la même intensité que lors des premières minutes. S’ils ont réussi à rivaliser durant le premier acte (20-20 à la pause), ils ont plié en seconde mi-temps, n’inscrivant aucun point. Élan coupé.
Diaby a frôlé la correctionnelle
Le plaquage trop haut de Mahamadou Diaby sur Temo Mayanavanua (30e) aurait pu avoir des conséquences plus graves pour l’UBB. L’arbitre géorgien Nika Amashukeli a jugé que ce geste mal contrôlé ne méritait qu’un carton jaune, mais s’il avait sorti le rouge, il n’y aurait pas véritablement eu de scandale. Dans la foulée, Bordeaux-Bègles s’est retrouvé nettement plus sous pression lors de son infériorité numérique. Mais sans conséquences. Il aurait été dommage que Diaby, toujours à la pointe du combat, coûte cher à son équipe, tant il est incontournable à l’UBB. Véritable figure du club girondin depuis 2017. Plus de peur que de mal.