Par

Margot Nicodème

Publié le

25 mai 2025 à 18h38

« Il a son petit caractère… » C’est l’une des lignes de défense du père de famille, originaire de Roubaix (Nord) : si la situation entre son fils de 12 ans et lui a dégénéré, la nuit du 18 avril 2025, c’est parce que l’enfant a du tempérament. Et il le glisse à demi-mot, quand même : « J’étais énervé contre la télé. » L’homme de 40 ans, poursuivi pour violences sur un enfant âgé de moins de 15 ans, ne sera pas jugé le 21 mai au tribunal de Lille, comme prévu. Il a demandé un report de l’audience. Mais les faits qui lui sont reprochés sont amplement relatés ce jour-là. L’enfant de 12 ans a fini dans la rue cette nuit d’avril, à 3h, pour appeler et attendre la police à un abribus. C’est la troisième fois, en 7 ans, que le prévenu comparaît pour des violences sur le garçonnet.

Il crie sur la télé au milieu de la nuit, son fils lui demande d’arrêter parce qu’il veut dormir

Devant le tribunal, le père de famille est abasourdi. Il est sorti il y a peu de garde à vue et passe en comparution immédiate, alors que les violences qu’il aurait commises sur son fils remontent à plus d’un mois. L’enfant a fait le récit d’une nuit infernale : le 18 avril 2025, du haut de ses 12 ans, il est contraint de quitter le domicile familial à Roubaix pour aller chercher de l’aide. Il joint police secours depuis la rue, et se réfugie sous un abribus en attendant les fonctionnaires. 

Son père aurait tenté de l’étrangler, l’aurait mordu à la tête, tout en lui déchirant le T-shirt. Une scène d’une agressivité inqualifiable, sur fond d’alcool. En effet, le prévenu se serait enivré avant de s’emporter devant la télévision, au beau milieu de la nuit. « Vous criiez sur la télé, et votre fils est venu vous dire d’arrêter, parce qu’il voulait dormir« , resitue la présidente du tribunal. 

Sur l’altercation, le père avance que c’est son fils qui l’a poussé le premier. Le quadragénaire a pourtant déjà été condamné à deux reprises en 2018 et 2021 – ce dernier jugement lui ayant valu un séjour en prison pendant 6 mois – pour des violences sur ce même enfant. « C’est la troisième fois que vous comparaissez devant une juridiction pour les mêmes faits, le confronte la présidente. Vous avez un problème avec l’alcool ? » Le prévenu nie d’abord une quelconque addiction, avant de se laisser aller à des confidences. 

« Je bois peut-être une fois par mois… ou une fois tous les trois mois… »

« Je suis sous traitement, je ne bois plus. » Face à l’évidence, à savoir qu’il était bien sous l’empire de l’alcool le soir où la police est intervenue en avril, il reprend : « Je bois peut-être une fois par mois… ou une fois tous les trois mois… C’était exceptionnel, ce soir-là. » Il reconnaît en tout cas s’être « énervé contre la télé ». 

Pour recontextualiser, il est rappelé que l’homme s’est vu retirer son autorité parentale suite aux premières condamnations. Gardé par sa maman, dont le prévenu est séparé, c’est son fils qui « a souhaité reprendre contact avec son père ». Il séjourne chez lui quand il veut, comme cette nuit du 18 avril. 

La procureure, en attendant la nouvelle audience, souhaite que le prévenu ait interdiction de voir son fils. « Je demande une mesure de sûreté bien entendu : un placement sous contrôle judiciaire. » Elle requiert également une obligation de soins pour son addiction à l’alcool et des soins psychologiques, pour que le père de famille « discute de son rapport à la violence ». 

Il sera jugé le 10 septembre 2025.

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