Manger du vrai et bon chocolat a un prix. Plus que jamais en 2024, alors que le cours de la tonne de cacao a augmenté de 170 %. « Alors bien sûr, les chocolatiers prennent sur eux, mais vu l’importance de la hausse, ça a forcément un impact sur leurs tarifs. »
Pas donné, le bon chocolat ? C’est vrai. « Mais il y a une raison à ça », insiste Jean-Charles Balthazard, président du Cacao club du Grand Est, à l’origine de la toute première Grande fête du chocolat organisée les 8 et 9 février à Laxou.
Frustration
La première des vocations en est, certes, de déclarer son amour au cacao dans ce qu’il a de plus intensément plaisant. Mais aussi de faire œuvre de pédagogie. Et de rallier le grand public à la cause des artisans chocolatiers, par opposition aux industriels du chocolat.
« Donc oui, ça semble plus cher. Mais si l’on compare la longueur en bouche et l’intensité du plaisir, un simple carré d’une tablette de chocolatier supplante de beaucoup une tablette industrielle entière. Et c’est ça qu’on veut faire comprendre à tout le monde. » Dans une logique qui est d’ailleurs celle prônée par les gourmets de toutes obédiences : manger moins mais déguster mieux.
À l’origine, le Cacao club s’est formé autant sur un désir que sur une frustration. L’an passé, un petit groupe de passionnés, dont plusieurs chocolatiers, avait programmé cette 1re fête au printemps 2024 salle Gentilly, avec l’aide financière de la chambre de métiers. Hélas, celle-ci a finalement dû se retirer in extremis faute de budget. « On s’est dit alors qu’il ne fallait dépendre de personne. On a fondé le Cacao club. »
Concours de sculptures
S’y retrouve désormais une grande diversité d’amoureux du cacao, soit à titre professionnel (et parfois même scientifique), soit à titre de simple gourmand.
L’association a déjà eu l’occasion d’agir auprès du grand public à diverses reprises ces derniers mois, notamment dans le cadre de la grande exposition consacrée au cacao au jardin botanique Jean-Marie-Pelt. La fête à Laxou (qui leur a mis à disposition le centre intercommunal gratis) couronne donc cette première année d’activité, avec l’idée d’exposer ce trésor de la gastronomie sous de multiples facettes.
À commencer par la plante, conjointement avec le jardin Jean-Marie Pelt, objet d’une petite exposition. Mais aussi sous forme d’un défilé de robes, d’ateliers, de sculptures de chocolats assorties d’un concours à l’attention des élèves en 1re année de CAP (une trentaine de candidats).
Concours aussi, proposé à tout un chacun qui veut mettre son cake au chocolat et agrumes en compétition avec la concurrence ! Et bien sûr, les chocolatiers auront la part belle, dont une douzaine, parmi les meilleurs de la région, se retrouveront sur place, pour faire découvrir leurs produits. Dont un torréfacteur. Pour un retour aux sources du bon goût.
Samedi 8 (13 h-18 h) et dimanche 9 février (10 h – 18 h), au CILM, 23 rue de la Meuse à Laxou ; 3 €.
L’avenir chocolatier
Chocolatier, c’est devenu une profession prisée aujourd’hui, comme beaucoup de métiers de bouche boostés par les multiples émissions culinaires à la télé. « Mais un métier qui ne s’improvise pas », souligne Jean-Charles Balthazard, lui-même enseignant au CEPAL depuis 25 ans.
« J’estime qu’il faut compter au moins cinq ans de formation pour comprendre vraiment cette matière. Et compte tenu de la conjoncture économique, il faut aussi avoir le dos large. »
Les hausses spectaculaires du prix du cacao ont mis les professionnels au défi depuis les années Covid en effet. La crise sanitaire, ajoutée à des déboires climatiques affectant les grands pays producteurs, et une dynamique spéculative ont sévèrement mis à mal les stocks des chocolatiers. Et ont propulsé le cours du cacao au sommet, jusqu’à 10 000 dollars la tonne fin 2024 (contre 2 300 en mars 2023).
« Le gros souci en ce moment, c’est qu’on ne trouve plus de beurre de cacao. » Pourtant essentiel à la fabrication. De quoi mettre les artisans sous tension.
Toutefois, quelques signes d’espoir sont à retenir, si l’on en croit l’expert. « La dernière récolte 2024 a été très bonne à Madagascar et en Equateur. On attend les résultats du Ghana et de la Côte d’Ivoire au printemps qui semblent bien se présenter également. »
Et il est un autre aspect qui lui fait croire volontiers en l’avenir : « Les jeunes. En particulier dans leur création et la façon qu’ils ont de trouver de nouvelles associations de saveurs. Ils m’épatent. »