La destruction, ce mardi, de cet ouvrage emprunté chaque jour par 20.000 automobilistes illustre la stratégie de la métropole : réduire l’usage de la voiture au profit des transports en commun.

Il était encore récemment emprunté quotidiennement par 20.000 automobilistes. À une époque, ce fut même plus. En dépit de cette fréquentation, l’autopont de Rezéen périphérie nantaise, vient d’être détruit. «L’autopont est le symbole d’une époque où la voiture était reine. Tout était fait pour lui permettre d’entrer dans Nantes. Ce temps est révolu», explique Martine Métayer, conseillère métropolitaine et municipale de Rezé, déléguée aux mobilités, sur le site internet de la municipalité.

Cet ouvrage de 48 mètres de long et 21 mètres de large fut érigé en 1977. Après la mort d’un petit garçon renversé sur la route de l’école, il fut décidé de sécuriser ce carrefour, jugé trop dangereux. Surplombant l’avenue du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny (allant de la mairie au centre commercial Atout Sud), cette construction permit également de pénétrer plus rapidement en voiture dans la ville de Nantes.

De la place pour les tramways

«C’est un vestige des années 70 et de la priorité donnée à la voiture. Dans quelques années, on aura ici des terminus de lignes de tramway», a détaillé mardi Bertrand Affilé, vice-président de Nantes-Métropole en charge des stratégies de mobilité et des déplacements, lors d’une conférence de presse organisée sur une terrasse faisant face au chantier. Entamés le 7 avril, les travaux vont se poursuivre jusqu’au 18 avril, période correspondant aux vacances de Pâques de la zone B. Au total, 1100 m3 de béton vont être déconstruits et les matériaux seront recyclés localement. Si le pont est fermé et qu’il est impossible de passer dessous, la circulation reste possible sur les côtés. L’accès aux bretelles de la route de Pornic peut se faire via le centre et la zone d’Atout Sud.

À l’avenir, une fois la chaussée remise à plat, les voitures ne seront pas totalement bannies mais l’aménagement prévu devrait les en dissuader. La mise en place de feux fera forcément ralentir les conducteurs, qui partageront les lieux, à partir de fin 2027, avec le bout de la ligne 6 du tramway en provenance de la Chapelle-sur-Erdre, de la ligne 7 arrivant de Saint-Herblain, ainsi qu’un nouvel arrêt de la ligne 8 busway électrique allant jusqu’à Bouguenais.

«C’est très révélateur de notre nouvelle ambition de limiter les flux de circulation en voiture individuelle à l’intérieur de la métropole», assume Bertrand Affilé. «Ceux qui prennent la voiture de l’extérieur devraient avoir le réflexe de la laisser en parking relais, voire de faire du covoiturage pour arriver en parking relais à plusieurs. Ensuite, ils prendront les transports en commun. C’est ce qu’il leur permettra d’arriver le plus rapidement en cœur d’agglomération», détaille-t-il à propos de cette stratégie visant à réduire la place de l’automobile. «Donner un objectif quantifié, c’est compliqué parce que ça va dépendre aussi de notre capacité à créer des places en parking relais», poursuit-il, à propos du nombre de voitures à bannir. Dans les environs, le parking relais Neustrie de Bouguenais existe déjà et une convention doit être signée avec Jardiland pour partager l’occupation des places de la jardinerie en semaine. 

«Quel intérêt de pourrir la vie des voitures ?»

«Demain, Rezé sera une ville où l’on pourra se déplacer de façon apaisée, avec moins de voitures», s’est réjouie mardi matin l’élue Martine Métayer, rappelant que la démolition de l’autopont avait déjà été envisagée dans les années 1990. «Ça n’a pas abouti car voilà, on était dans des ères du tout véhicule», se souvient-elle, même si des ronds-points permirent de fluidifier les flux.

À l’occasion de la démolition, les habitants ont été invités à venir observer le chantier le temps d’une journée. Ce mardi 8 avril, de nombreux curieux ont filmé la scène sous un soleil radieux, se remémorant leurs souvenirs. Sur Facebook, la tonalité était un peu différente et les avis partagés. «Quel intérêt de pourrir la vie des voitures ? Dans six mois / un an, plus personne ne pourra prendre l’axe sans passer une heure à attendre comme un gland au volant…», estime un internaute sous une publication de la mairie de Rezé annonçant le calendrier des travaux. «Bonjour les bouchons, axe principal pour travailler au CHU… une vraie plaie… tant que le développement des transports en commun ne sera pas développé en suffisance dans les communes (15/20 km de Nantes) et que les horaires ne correspondent pas aux heures de travail… la voiture est la seule solution», renchérit une autre. À l’instar du pont nantais Anne-de-Bretagne, actuellement fermé aux voitures et en train d’être transformé pour y faire venir une ligne de tramway, le sujet fait débat.

Illustration du futur aménagement du croisement du boulevard du Général-de-Gaulle et de l’avenue du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, à la place de l’autopont.
Valery Joncheray