À Rennes, le collectif de danseurs « Sauvons nos Studios », a sonné l’alerte quant à la pénurie de salles de danse à laquelle le secteur doit faire face. Le 17 mai 2025, plus de 150 danseurs se sont réunis, place de la mairie, pour demander une solution notamment aux élus locaux. La Ville dispose en effet d’une quinzaine de salles de danse adaptées à la pratique seulement, pour plus de 100 écoles et associations de danse amateur. Une situation critique pour les professionnels et danseurs du secteur.

« On a créé le collectif en 2024, en réponse à la fermeture prochaine de Mouvance, l’école de danse contemporaine, historique à Rennes », explique Morgane Teffaine, professeure de flamenco depuis 25 ans et membre du collectif. Cette fermeture sera consécutive à la vente du studio qu’occupait l’école jusqu’alors. « Malheureusement ce n’était pas un secret. Le programme immobilier était prévu il y a longtemps », affirme Benoît Careil, élu à la culture à Rennes. Le plus souvent, les salles sont vendues par leurs propriétaires et transformées en salles polyvalentes

Refus d’inscription

Six structures et près de 15 associations de danse, ce qui constitue près de 1 500 danseurs, se sont regroupées dans ce collectif pour tenter de sauver leurs activités. Faute d’infrastructures adaptées, les enseignants se voient dans l‘obligation de les restreindre, ce qui les oblige, par ailleurs, à refuser l’inscription de nouveaux élèves. « Chaque année, on se demande si on pourra toujours faire cours, c’est angoissant », confie cette professeure de flamenco.

On ne peut pas danser dans ces salles, car les sols ne sont pas souples. Il y a donc risque de blessures

« On n’a plus assez de salles de danse mises à disposition, et celles qu’on nous propose ne sont pas adaptées . On ne peut pas danser dans ces salles, car les sols ne sont pas souples. Il y a donc risque de blessures », précise-t-elle.

La manifestation du 17 mai 2025 a réuni de nombreux danseurs rennais.La manifestation du 17 mai 2025 a réuni de nombreux danseurs rennais. (Photo transmise au Télégramme)

Autre difficulté : gérer un manque de studios alors que l’engouement pour la danse ne semble pas faiblir. « La demande explose depuis le Covid-19. On a constaté un réel intérêt pour la danse et ça ne cesse pas », affirme la professionnelle. Danse classique, contemporaine, claquettes ou encore tango, les élèves sont au rendez-vous à Rennes. Mais en conséquence, « on se marche dessus », déplore-t-elle.

« On est donc obligé de s’éloigner du centre-ville pour trouver un studio ». Mais la majorité des élèves vit au cœur de la ville et se retrouve alors contrainte de prendre la voiture pour les cours qui se sont déplacés en périphérie de Rennes.

Quelles solutions ? « Lors de la manifestation du 17 mai, les élus qui s’occupent de la culture nous ont écoutés, mais n’ont pas de solutions », regrette de son côté Morgane Teffaine, qui elle, liste des alternatives : Réhabiliter la salle du conservatoire, qui n’est plus utilisée, aménager des salles polyvalentes peu utilisées ou encore créer un endroit dédié aux danseurs. « Les élus nous ont dit d’aller vers le privé, mais on est bloqué par le plan local d’urbanisme. On n’a plus le droit de s’installer dans des zones où il y a des bureaux, même s’il n’y a plus personnes aux heures de cours ».

« C’est un fait »

« Oui, il y a un manque de salles de danse et c’est un fait », concède Benoit Careil, adjoint à la culture pour la Ville de Rennes. En quête de solutions pérennes, il s’est associé aux associations. « Nous pourrions partager les espaces publics, en réaménageant les salles de sport des écoles ou encore réhabiliter des rez-de-chaussée d’immeubles pour en faire des petites salles de danse », propose-t-il. Une seconde réunion aura lieu d’ici peu, entre le collectif et les élus.

« En attendant on se serre les coudes, mais on a peur car la disparition de Mouvance est prévue dans deux ans », se confie Morgane Teffaine. Les membres du collectif sont toujours à la recherche de solutions sur le long terme.