Le patron du géant historique de la sidérurgie Thyssenkrupp, Miguel Lopez, a programmé un démantèlement en règle du groupe. Dévoué depuis plusieurs années à une stratégie très financière, il a fait savoir lundi 26 mai qu’il entendait « créer une holding flexible » en lieu et place du conglomérat industriel actuel.

Objectif : séparer les principales activités du groupe dans la production d’acier, équipements automobiles, électrolyseurs et sous-marins, en autant d’entités autonomes, toutes cotées en Bourse et donc soumises au seul diktat de leur rentabilité financière. La concrétisation de ce projet signifierait une formidable accélération du processus déjà bien engagé de désindustrialisation dans une Allemagne déjà touchée depuis deux ans par la récession.

Le projet de la direction de Thyssenkrupp a été salué immédiatement par un bond des actions du groupe de près de 8 % à la Bourse de Francfort. Une euphorie exactement proportionnelle aux craintes de coupes massives dans l’emploi, voire de disparitions pures et simples de grands sites industriels.

Un véritable « tronçonnage »

Seules les productions d’engins de guerre comme les sous-marins pourront tirer leur épingle du jeu, déjà dopées par les commandes de la Bundeswehr et de l’UE au nom du « réarmement de l’Europe », selon l’élément de langage destiné à dissimuler la brutale et dangereuse réalité de la course aux armements.

On voit mal, par ailleurs, ce qui pourrait sauver une branche comme celle des équipements automobiles, qui essuie déjà de vertigineux reculs sur ses carnets de commandes. Comme on voit mal comment pourrait être sauvegardée l’activité de Thyssenkrupp Steel (acier), qui emploie encore 17 000 salariés sur ses sites de production originels à Duisburg, dans la Ruhr. Un premier projet de restructuration, présenté à l’automne dernier, prévoyait déjà quelque 11 000 suppressions de poste d’ici à 2030.

Jürgen Kerner, l’un des dirigeants du syndicat IG Metall dans l’entreprise, a fait savoir solennellement que son organisation refusait « un tronçonnage de l’entreprise en vue d’en livrer peu à peu les différents morceaux à la Bourse ». Le processus de restructuration est déjà engagé avec les hauts-fourneaux Krupp Mannesmann, situés au sud de la ville et promis à la fermeture. Quelque 3 000 emplois sont menacés.

« Nous ne laisserons pas faire », clame Mirze Edis, un syndicaliste d’IG Metall au profil très particulier : candidat sur la liste de Die Linke en février, il est devenu député du Bundestag. Une nationalisation sous l’égide de la fédération allemande ou du Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie « est désormais la seule solution pour garder ce site industriel en vie », lance-t-il.

La revendication est d’autant mieux audible que Thyssenkrupp a reçu 700 millions d’euros de subventions du Land en 2024. Sans compter ces autres centaines de millions consentis par la fédération à l’échelle nationale, dans des aides destinées à produire de l’acier vert sur des hauts-fourneaux fonctionnant avec de l’hydrogène produit par électrolyse de l’eau. Au massacre social annoncé s’ajoute ainsi un formidable gâchis pour l’environnement et le climat.

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