Le ministre de la Défense finlandais affirme que la Russie escorte des pétroliers de la flotte fantôme.
Le bras de fer se poursuit autour de la flotte fantôme russe. Le ministre de la Défense finlandais, Antti Häkkänen, a affirmé dans un entretien à la télévision publique YLE que « la Russie protège désormais les pétroliers appartenant à sa flotte fantôme dans les eaux étroites du golfe de Finlande. Cela implique des opérations d’escorte militaire et la présence de forces armées ». Cela serait « sans précédent », selon lui.
Ces déclarations s’inscrivent dans un contexte de vives tensions en mer Baltique, marquée par une série d’incidents ces derniers jours. D’après le ministre, le vendredi 23 mai, deux avions russes ont violé l’espace aérien finlandais au large de Porvoo. Un incident rappelant celui du 13 mai, où un avion de chasse russe Su-35 avait pénétré dans l’espace aérien estonien afin de protéger le pétrolier Jaguar, de la flotte fantôme russe refusant une inspection. Il a été escorté hors de la zone économique exclusive (ZEE) estonienne par des navires de la marine locale, un hélicoptère et un avion.
Un pétrolier libérien appartenant à des intérêts grecs, le Green Admire, quittant le port estonien de Sillamäe, situé à proximité immédiate de la frontière russe, a, lui, été arraisonné par la Russie, le 18 mai, puis relâché. Il semble que ce soit le premier cas récent d’intervention des forces russes sur le trafic maritime commercial à destination ou en provenance de l’Estonie. En avril, c’est l’Estonie qui avait détenu un pétrolier sans pavillon, le Kiwala. Une inspection à bord avait révélé des dizaines de déficiences.
Tous ces incidents surviennent alors que le 20 mai l’Union européenne a sérieusement durci ses sanctions contre la flotte fantôme russe. Dans un 17e train de sanctions, le plus important jamais adopté à ce jour pour cibler la flotte fantôme russe, elle a inscrit sur la liste noire 189 navires supplémentaires, portant le total à 342 unités visées, qui sont interdites d’accès aux ports de l’UE et de bénéficier de tout service lié au transport maritime. En outre, les nouvelles mesures visent également des shipmanagers, une assurance russe et des sociétés de services maritimes.
Par ailleurs, la Commission européenne avait annoncé en 23 avril renforcer le contrôle des navires transitant dans les eaux de l’UE. Elle impose désormais que tous les navires, y compris ceux qui ne font que traverser les eaux européennes sans entrer dans un port de l’Union, fournissent des informations d’assurance. Au total, 90 à 95% du marché de l’assurance P&I est entre les mains d’assureurs de l’Union européenne et du Royaume-Uni, qui appliquent des sanctions contre Moscou.
En réaction à ce type de sanctions, une « flotte fantôme » russe s’est rapidement constituée. Elle est composée de navires qui mènent des opérations dangereuses, ne respectant pas les réglementations internationales et les meilleures pratiques, évitant intentionnellement les inspections, naviguant sans assurance, prenant volontairement des mesures pour éviter d’être détectés… Autant de pratiques pour contourner les sanctions qui font peser des risques environnementaux et pour la sécurité des équipages. Cette situation inquiète particulièrement les pays riverains de la mer Baltique, comme la Finlande, qui redoutent une catastrophe environnementale provoquée par un navire qui ne serait pas ou mal assuré.
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