Des serres tropicales sur un hôtel de luxe, des villas troglodytes sous des talus végétalisés, un restaurant avec vue à 360° et même un vestiport (héliport pour drones), ou encore la réhabilitation du funiculaire: l’architecte cannois François-Marie Girardot veut faire renaître l’Observatoire, perché sur les collines de la Californie et laissé à l’abandon depuis près de 40 ans.

Avec, donc, un projet audacieux pour ce site au potentiel exceptionnel! « Mon travail consiste à prospecter des territoires bloqués ou en attente, et faire des propositions architecturales que j’envoie aux mairies concernées, afin qu’elles me donnent un avis sur ces esquisses approximatives non figées. J’avance tous mes plans à titre gracieux, pour tenter de faire éclore les projets », résume ce fils et petit-fils d’architectes. Son père, Jean-Édouard Girardot, a notamment conçu la Palestre au Cannet et le Relais de la Reine, sur la Croisette.

Un premier projet retoqué

« J’avais envoyé un premier projet à la Ville de Cannes, où j’imaginais la création d’une tour, composée d’un restaurant panoramique gastronomique, d’une grande discothèque au-dessus d’un casino de jeux sur deux niveaux, le tout reposant sur un vaste atrium baigné de lumière, grâce à des planchers en verre structurel… Mais le règlement du PLU [plan local d’urbanisme] actuel ne le permet pas. »

Face aux réserves initiales, François-Marie Girardot a revu sa copie. Exit la tour et le casino de son premier jet, jugé trop dense: il revient avec une version plus sobre, mieux intégrée au paysage. Cette nouvelle mouture, allégée mais toujours ambitieuse, aurait reçu un accueil attentif de la part de la mairie (1). « La Ville ne serait pas opposée au principe, mais elle ne maîtrise pas le foncier », précise l’architecte.

« Moins de deux ans suffiraient »

Propriété d’une société émiratie, le terrain reste verrouillé tant que les héritiers du défunt propriétaire ne se positionnent pas. « J’ai adressé un courrier pour leur présenter le projet, relancé plusieurs fois… Mais je n’ai reçu aucun retour à ce jour », regrette-t-il. Autre passage obligé: le feu vert de l’Architecte des Bâtiments de France (ABF), incontournable pour tout aménagement sur ce site. François-Marie Girardot n’a pas encore soumis officiellement son dossier, mais se dit prêt à engager les démarches dès qu’un signal positif sera donné.

Convaincu de la faisabilité technique et financière du chantier, l’architecte affirme qu’une fois les autorisations obtenues, les travaux pourraient débuter rapidement. « Moins de deux ans suffiraient », assure-t-il. En attendant, la colline continue de s’abîmer, discrètement, à l’ombre des villas millionnaires voisines.

Le site oublié de l’Observatoire

Si ce projet se concrétise, il viendrait rouvrir une page fermée depuis 1986. Cette année-là, l’Observatoire cesse toute activité. Trois ans plus tard, la mairie vend les 24.353m² à un émir d’Abu Dhabi, qui envisage d’y construire une villa de 1.200m² et une route privée. Les riverains s’y opposent, les recours s’enchaînent, et en 1994, le permis de construire est annulé par le tribunal administratif. L’émir, vexé, abandonne alors les lieux.

1. Contactée, la Ville indique ne pas souhaiter commenter les projets d’aménagements qu’elle reçoit.


Le projet de François-Marie Girardot recevra-t-il un accueil favorable? Photo DR.