C’est une maison discrète nichée au 185, boulevard de l’Escaillon. Et c’est là que des résistants toulonnais ont créé la première structure clandestine de lutte contre l’ennemi: dans la cave du Clos Lagier. Désormais, une plaque en céramique, signée Serge Plagnol et Pierre Dutertre, raconte l’histoire du lieu.
Hier matin, Patricia Mirallès, ministre déléguée chargée de la Mémoire et des Anciens combattants, est venue dévoiler la plaque à l’occasion de la journée nationale de la Résistance.
Elle était entourée du préfet du Var, Philippe Mahé, de la maire de Toulon Josée Massi, de la députée du Var Laure Lavalette et de Toulonnais anonymes, touchés par ce récit historique. Car le Clos Lagier a été « le lieu où tout a commencé ».
« L’ardent devoir de poursuivre leur rêve »
« Ici, en avril 1943, les premiers hommes se sont élevés contre l’ennemi: dans le Var, ce département à la forte tradition républicaine », a rappelé Gérard Estragon, au nom de l’Association nationale des anciens combattants et ami(e)s de la Résistance (ANACR).
C’était un mois avant que Jean Moulin n’unifie les différents mouvements de résistance. Toulon était donc aux avant-postes (ce que l’histoire n’a pas tout à fait retenu).
« Le plus souvent, on se recueille devant des stèles. Là, c’est un lieu vivant. Ce site abritait l’espoir du retour à la vie. Et dont la première tâche était: chasser l’ennemi, chasser l’imposteur vichyste, et rétablir des élections. Dans l’obscurité du Clos Lagier, ils rêvaient. Et, aujourd’hui, nous avons l’ardent devoir de poursuivre leur rêve! », a conclu Gérard Estragon au terme d’un discours émouvant, non dénué de clins d’œil à l’actualité politique du moment. Passé et présent se télescopent parfois…
« C’est une grande fierté d’habiter ici »
Elues et représentant des anciens combattants toulonnais ont montré à la ministre, Patricia Mirallès, les documents historiques conservés. Photo Valérie Le Parc.
Au premier rang se trouvait Cécile, l’actuelle propriétaire du Clos Lagier. L’a-t-elle acheté un peu par hasard? « Pas du tout », répond-elle. « Je connaissais l’histoire du lieu et c’est une grande fierté, aujourd’hui, d’y vivre. »
Dans le public se trouvait également la fille de Louis Picoche, membre du groupe des premiers résistants toulonnais. Sur la plaque, on peut lire: « À la Résistance varoise unifiée ». « Cette plaque symbolique est surtout importante pour notre jeunesse. Cette jeunesse a besoin de repères. Et ce lieu en est un », a ajouté la ministre.
Plusieurs gerbes de fleurs ont été déposées: une au nom de l’ANACR et une autre au nom du CIL Pont Neuf Escaillon. Après la cérémonie, un café attendait les habitants, élus et historiens qui avaient fait le déplacement.
Au milieu du jardin du Clos Lagier, l’imagination se met à galoper. On arrive à se projeter. Imaginer le lieu dans les années 1940. Et on se dit que ce groupe-là était sacrément culotté pour organiser, dans un Toulon aux abois, les prémices d’une Résistance unie. Qui n’allait plus cesser de grandir.