« On n’est pas tranquilles », constate Hugo, un étudiant qui vit dans la résidence de La Touche, rue Léon-Ricottier à Rennes. « Moi, ça va encore… Mais ma copine, elle, elle a carrément peur quand elle rentre le soir. Il y a déjà eu plusieurs agressions. » Entre la halte SNCF du CHU de Rennes et le boulevard de Verdun, au 33 rue Léon-Ricottier, la crainte de voir la résidence étudiante de nouveau squattée par des dealers est prégnante. « C’est dommage que les vigiles soient partis, ajoute Paul, un autre résident. On se sentait plus en sécurité quand ils étaient présents. Je ferme toujours ma porte à double tour. En sortant de mon appart, je regarde dans le couloir pour voir si je ne vois rien de bizarre. » Située juste à côté d’un point de deal, la résidence a été squattée pendant des mois par des dealers qui vendaient de la drogue devant la pharmacie Anatole-France, sur la place Marie-Marvingt. Le samedi 2 novembre, quasiment au même endroit, un jeune homme de 19 ans avait été poignardé à mort sur la passerelle qui donne sur le point de deal. À la suite de ce fait divers, une action coordonnée avait été mise en place entre le Crous, la Police nationale et la police municipale.

Surveillance ponctuelle

En avril, le Crous a fait appel à une entreprise de sécurité privée. Cette « mesure ponctuelle » avait été annoncée comme telle par le Crous aux étudiants, fait savoir la communication du Crous. L’établissement public avait donc engagé trois agents. Ces derniers restaient dans l’entrée de la résidence universitaire pour s’assurer de l’identité des personnes entrantes. De plus, une patrouille de deux agents mobiles tournait sur l’ensemble des résidences rennaises. À cela, s’ajoutait des patrouilles régulières, plusieurs fois par jour, de la police municipale et de la Police nationale. Des chiens antidrogue étaient intervenus aussi pour identifier des nourrices et planques dans le bâtiment.

L’action avait porté ses fruits. Les dealers avaient quitté la résidence. Et l’activité du point de deal avait été beaucoup ralentie du fait des interpellations. Oui mais, depuis quelques semaines, l’activité du point de deal reprend petit à petit. « Certes moins puissant et à l’extérieur du bâtiment… témoigne un employé. Mais les dealers regagnent les lieux tranquillement. Ils sont là de 11 h 30 à 22 h 30. » En conséquence, chez les résidents de la Touche, l’inquiétude grandit.

Fermeture en 2026 ?

Dans la résidence qui compte 130 appartements, les stigmates des occupations de dealers sont encore visibles. Les sous-plafonds portent des écritures. Certaines plaques ont été changées. Un peu partout des autocollants rappellent que l’établissement est placé sous vidéoprotection. « La nouvelle directrice par intérim a remercié les agents de sécurité au bout d’un mois », souffle un employé qui préfère garder l’anonymat. « On n’est pas du tout d’accord. Dans une pure logique financière, elle a décidé d’abandonner la sécurité. C’est une politique de lâcheté et d’abandon des étudiants boursiers, qui sont les plus défavorisés. Ils n’ont pas le droit d’être assurés d’une tranquillité publique qui est pourtant essentielle pour étudier. » Toujours selon certains employés du Crous, l’établissement public envisagerait même de ne plus exploiter cette résidence en 2026. Une information que la communication du Crous n’a pas souhaité confirmer, ni infirmer. « Donc, on envisage de se priver de 130 logements alors qu’à Rennes il y a une énorme demande d’étudiants boursiers. »