Brest la blanche, telle qu’on la voit depuis la mer, devenue grise dans nombre d’endroits… Voilà un cliché qui a la vie dure. Même si l’on sait qu’un quartier s’est vivement coloré depuis le début des années 2000, en face de la fac de médecine, et d’autres maisons ici ou là.

Matthieu Venot, lui, voit Brest en couleurs mais plutôt en pastel et pas dans ces lieux facilement identifiables. Il inclut beaucoup de ciel, bleu clair, dans le cadre plutôt serré de ses photos. Des clichés de morceaux d’architecture très graphique, qu’il rend presque abstraite. Des fragments de ville. Par exemple la pointe de l’immeuble en forme de navire, devant la station de tram Menez-Paul, avec ses murs blancs arrondis et son jaune qui apparaît quand on regarde en l’air, à ses pieds.

Celui qui est suivi par près de 120 000 personnes sur le réseau social Instagram et se définit comme un artiste visuel a commencé à faire de la photo en 2015. « Je suis Brestois et je trouvais la ville grise, sombre, en noir et blanc. Mais j’ai vécu vingt ans en région parisienne et quand je suis revenu, j’ai appris à redécouvrir la ville ».

La une de « GQ » aux États-Unis

Son style a plu au rappeur américain Tyler. Il l’a recommandé au magazine « GQ » qui voulait le mettre en couverture, en 2018. « C’était assez incroyable ! Je voulais refuser, au début, parce que je n’avais jamais fait de portrait », sourit encore Matthieu Venot. « Je devais apporter mon style mais bon, qu’on reconnaisse Tyler, au moins… »

Il est parti à Miami pour une exposition. Des commandes l’ont conduit sur un shooting de mode dans des hôtels de luxe à Athènes, par exemple. « Il y a une résonance entre Brest et Miami », estime-t-il. Point de vue peu banal. Lisbonne et sa périphérie, la Sicile, Pékin, même, lui apportent la matière qu’il recherche. Mais « pas Paris, qu’on reconnaît trop », estime l’artiste. Brest donc, le plus souvent mais aussi, en Bretagne, Morlaix, Rennes ou Lorient.

« Il y a de plus en plus de couleurs, je trouve, dans les villes. Je suis coloriste ! », se définit à nouveau Matthieu, qui avoue au final : « C’est la peinture qui m’intéresse. Mais je n’ose pas aller plus loin ».