Une page se tourne: après 29 ans comme photographe à Lapalisse, Patrick Bodin ferme son studio.

Depuis le 10 mai et après 29 ans à Lapalisse, le photographe arrête. Mais, comme il le dit lui-même “une page se tourne, mais le livre continue de s’écrire”, il va en effet devenir enquêteur pour la SPA de Brugheas, près de Vichy, et ainsi sauver des animaux maltraités.

©Patrick Bodin- Vue aérienne du château de La Palice, avec le parc floral “où je passe tous les jours” dit le photographe.

Un riche parcours pro

À 67 ans, Patrick Bodin, originaire de Droiturier, a un vaste parcours professionnel. Passionné de photo depuis le jour de sa communion où il reçoit son 1er appareil, “j’ai vu combien c’était intéressant d’écrire, par la photo, l’histoire de l’humanité à mon échelle”. Il passe pourtant 20 ans à travailler dans une carrosserie. C’est en 1995 qu’il se décide à passer son CAP puis son Bac Pro photo dans une école de Montluçon “quand j’ai su que Jean Meunier, photographe à Lapalisse, partait à la retraite, je me suis dit pourquoi pas m’installer”, c’est donc avec les encouragements du photographe retraité qu’il démarre “j’ai récupéré sa clientèle et j’ai ouvert mon magasin en 97, bien entouré et conseillé par les autres commerçants”. Il a d’ailleurs été président une dizaine d’années de l’association de commerçants. Très actif et intéressé par la sécurité des personnes, il passe aussi le concours pour entrer à la police nationale, reçu en 2009 comme citoyen volontaire, il est réserviste civil à la DDSP (Direction Départementale de la Sécurité Publique). “Je suis toujours intéressé par ce que je ne connais pas, j’ai fait aussi 2 ans d’étude de police scientifique”.

©Patrick Bodin- Le groupe des commerçants et artisans de Lapalisse lors de la 1ère édition de l’embouteillage de Lapalisse, en 2006, année de la déviation de la cité des vérités.

Un métier de contact durant 29 ans

Patrick aime le contact, la relation aux autres, on sent son émotion quand il parle de ses clients qu’il tient à remercier. Photos familiales, portraits d’enfants, reportages, il faisait aussi du développement en plus de vendre un peu de matériel. Il s’est formé durant un an à l’arrivée du numérique “c’est un bel outil, les gens peuvent capter l’instant présent avec leur téléphone”. Il pense à sa fermeture depuis 2024, “le métier a énormément changé, les augmentations des matières premières et la baisse des marges m’ont orienté plus rapidement que prévu vers l’arrêt du studio”. Pour cet homme tourné vers les autres, le contact avec la clientèle va lui manquer, “heureusement, je suis bien investi dans plusieurs associations de la ville”.

©Patrick Bodin- Le photographe est monté en haut de la grande échelle des pompiers pour prendre en photo la place Leclerc lors de la 1ère édition de l’embouteillage de Lapalisse.

Écrire l’histoire de sa commune

Quand on entre dans l’atelier, on ne peut être qu’impressionné par la collection d’appareils photo “et j’en ai encore à la maison, dit-il. Les clients les trouvent dans les greniers, chez leurs grands-parents et ne veulent pas que ça disparaisse, alors ils me les apportent, j’en ai de 1900 jusqu’à 2002″. Grâce à un article paru dans nos pages, il a pris contact avec le musée de la photo argentique à Ainay-le-Château, “Ils sont intéressés alors je leur fais don de toute la collection”. (Retrouvez notre article sur ces 2 passionnés de photos et de sauvegarde du patrimoine photographique)

Une multitude de dons

Il en va de même pour ses photos “j’en fais don à la mairie pour alimenter la photothèque, elles appartiennent à l’histoire de la commune” confie-t-il, ému. Ses cartes postales sur l’embouteillage, dont il a fait une rétrospective de 2006 à 2024, il les donne à l’office de tourisme. Quant aux photos consacrées à la reconstitution historique de la N7, il en fait don à la Borne 334, le musée de véhicules anciens. On le sent heureux de faire cette démarche et de partager l’histoire de la région avec d’autres qui continueront. Pour lui, cette générosité est naturelle, de la même façon qu’il a donné, il y a quelques années, à un collègue du sud dont la maison avait été inondée, le matériel studio que l’école montluçonnaise lui avait donné en fermant. “On est tous complémentaires les uns des autres, partager son savoir et son enthousiasme envers les autres est une richesse” conclut ce passeur de souvenirs. 

©Patrick Bodin- Droiturier, son village natal, où il a pris ses premières photos.

A lire aussi dans “La Semaine de l’Allier”: Dans l’Allier (03), cette clinique vétérinaire a déménagé