Ces dernières heures, la Grèce a annoncé une réforme de son agence consacrée au versement des subventions agricoles européennes. La conséquence d’une vaste enquête sur un système présumé de fraudes, impliquant des fonds agricoles, et de corruption de fonctionnaires, menée par les autorités nationales et le parquet européen (EPPO).
Elle a conduit, le 20 mai 2025, à une série de perquisitions menée à Athènes et en Crête, notamment au siège de l’OPEKEPE, l’agence grecque de paiement et de contrôle de quelque trois milliards d’euros d’aides communautaires.
Le juge à la retraite qui dirigeait l’OPEKEPE a été limogé et l’agence placée sous la tutelle de l’autorité fiscale grecque.
Grèce, Italie et Roumanie
Sur la base de fausses déclarations, « un nombre important » de personnes aurait obtenu des droits à paiement. Selon un communiqué du parquet européen, elles sont soupçonnées d’avoir déclaré des pâtures éligibles aux subventions qui se trouvaient être des terres publiques, de surcroît souvent situées loin des lieux de résidence des bénéficiaires. « Ces pratiques illégales pourraient avoir été organisées de manière systématique, avec la participation de fonctionnaires », soupçonne l’autorité européenne.
Quelques jours plus tôt, une enquête menée en Roumanie donnait lieu à 307 perquisitions liées à des demandes suspectes de paiements d’aides agricoles pour de prétendues exploitations apicoles et une fraude estimée à 1,32 million d’euros.
Une affaire similaire a éclaté mardi 27 mai, en Italie, où les carabiniers de Naples, requis par le parquet européen, ont saisi plus d’un million d’euros. Cette fois encore, les suspects auraient sollicité des paiements du Fonds européens agricoles pour le développement rural (Feader) en utilisant de fausses informations, une fois encore avec la complicité de fonctionnaires.
Près de 25 milliards d’euros de préjudices
Ces affaires sont loin d’être isolées. Les enquêtes sur les fraudes aux aides européennes concernent la plupart des pays européens, dont la France. Dans son dernier rapport annuel, le parquet européen faisait état d’une forte augmentation du nombre d’enquêtes. En cause, des fraudes à la TVA mais aussi aux fonds européens et notamment agricoles. Il estimait le préjudice, fin 2024, pour le budget de l’Union européenne, à près de 25 milliards d’euros, dont la moitié liée à la fraude transfrontalière à la TVA.
Pour l’Italie, les fraudes et irrégularités au détriment des seuls fonds de la politique agricole commune auraient atteint 22,7 millions d’euros en 2023.