Voilà un poignard à l’histoire bien étonnante, un objet conservé dans les réserves du Musée lorrain, à Nancy. Il s’agit de celui de Fra Diavolo (« Frère Diable »), de son vrai nom Michele Pezza. Il a été l’un des chefs insurgés contre l’armée de Napoléon, lorsqu’elle a occupé le royaume de Naples, de 1806 à 1815.

Mais avant de se battre contre les troupes d’occupation françaises, ce chef de bande terrorisait les campagnes environnantes. Sa tête avait même été mise à prix par les autorités de Naples car il était considéré comme un dangereux bandit.

À partir de 1799, avec l’arrivée des Français sur le territoire de Naples, le pouvoir en place décida de s’en servir contre l’envahisseur.

Un officier nancéien l’a arrêté

À ce titre, Fra Diavolo fut nommé colonel. Ses actions de guérilla furent très efficaces mais n’empêchèrent pas la prise de Naples par les Français. Le chef insurgé fut fait prisonnier par les Français et pendu à Naples le 11 novembre 1806.

Victor Hugo raconte que c’est sous les ordres de son père qui était alors lieutenant-colonel qu’un officier d’origine nancéienne procéda à son arrestation. Son poignard fut confisqué et plus tard offert au Musée lorrain par l’officier qui l’avait arrêté.

Aujourd’hui le nom de Fra Diavolo n’évoque plus rien dans la mémoire collective, mais au XIX e  siècle, son histoire de bandit patriote était connue de tous. C’est ainsi que sa vie aventureuse a inspiré des écrivains comme Alexandre Dumas avec son Chevalier de Sainte-Hermine , œuvre inachevée parue en feuilletons, ou Washington Irving qui écrivit L’Auberge de Terracina.

Un opéra très célèbre

Un compositeur, aujourd’hui relativement oublié mais extrêmement populaire au milieu du XIX e  siècle, Daniel Auber composa l’une de ses œuvres la plus célèbre, l’opéra Fra Diavolo qui fut joué à Paris pour la première fois en 1830 et représenté plus de 900 fois !

À Naples le souvenir de Fra Diavolo est toujours bien vivant, honoré par une statue, exemple du courageux patriote luttant contre l’envahisseur français.