La citation de la semaine
« Strasbourg ne peut être perçue comme une collectivité prenant parti. »
C’est le rappel lancé par les trois groupes d’opposition municipale – celui de Pierre Jakubowicz (Centristes et Progressistes), de Catherine Trautmann (Faire ensemble Strasbourg) et de Jean-Philippe Vetter (Union de la droite et du centre) – à la maire Jeanne Barseghian (Les Écologistes), après la publication de deux clichés polémiques : l’un où elle pose avec un keffieh, l’autre où elle reçoit une carte de la Palestine à la fin de la Première Guerre mondiale – donc sans Israël.
Alors qu’un jumelage est à l’étude entre Strasbourg et le camp palestinien d’Aïda, situé près de Bethléem, cette image cristallise les critiques : accusations de diplomatie unilatérale, de calcul électoral, et d’importation du conflit israélo-palestinien dans une ville traditionnellement placée sous le signe du dialogue (européen mais pas que) et de la réconciliation.
Un « cadeau protocolaire » qui (paraît-il) ne se refuse pas…
Dans un communiqué publié lundi 26 mai, la Ville a tenu à préciser le cadre de cette rencontre officielle : la délégation palestinienne, menée par Said Mohammad Abdelrahman Alazzeh, président du comité populaire du camp d’Aïda, a été reçue selon les formes habituelles de la diplomatie municipale.
Des élus de tous bords avaient été invités à échanger avec les visiteurs, précise le cabinet. Et la maire, affirme son entourage, a réitéré « son engagement en faveur de la paix, du respect des droits humains, de la solution à deux États, de la libération des otages et de l’accès à l’aide humanitaire à Gaza ».
Quant à la carte controversée remise à l’hôtel de ville, elle est présentée comme un « présent d’usage », accepté dans le cadre du protocole, « sans adhésion implicite à son contenu ».
L’histoire de la semaine
Même les arbres se mettent au storytelling. Cet été, la place du Château accueillera une installation immersive baptisée Der Wald/La forêt/The forest – parce qu’à Strasbourg, un projet sans trilinguisme, ce n’est pas sérieux. Six grands arbres (en bois et feuillages d’aluminium), dont trois bavards, susurreront des contes à l’oreille des promeneurs. Oui, vous avez bien lu : des arbres qui parlent (probablement sans avoir été consultés).
L’idée ? Créer un écrin à la fois chill, festif, et « simple d’accès », pour une programmation estivale orchestrée par Fimalac Entertainment (ce n’est plus une animation estivale, c’est la start-up nation aux manettes là). Les mercredis, vendredis, samedis soirs et dimanches seront animés de sport, concerts live et autres happenings doux.
Côté budget, la forêt coûtera 420 000 euros par an… et reviendra en 2026. Un contrat de deux ans « pour ne pas prendre de court la prochaine municipalité », glisse Guillaume Libsig. Sûr que si alternance il y a, les suivants vont apprécier…
L’histoire de la semaine (bis)
C’est un chantier discret… mais symbolique : le nouveau bowling du parc de l’Orangerie sort de terre à vive allure, avec ses 32 pistes, ses 4 700 m² de surface et ses murs en béton « bas carbone » préfabriqués à Bischwiller.
L’ouverture est annoncée pour le 2 décembre 2025 , juste à temps pour la haute saison des strikes hivernaux.
Béton ocre, charpente en bois, panneaux solaires et toilettes publiques (très) attendues : le projet coche toutes les cases du green building… y compris celle de la paix diplomatique avec les Bâtiments de France.
À ce rythme, les boules seront compostables d’ici l’inauguration.
Il avait électrisé la Seine, ensorcelé la cérémonie d’ouverture des JO de Paris, et foudroyé de sa silhouette d’aluminium les mémoires mondiales. Dix mois plus tard, Zeus, le cheval d’argent imaginé par l’Atelier blam, fait une halte plus calme mais tout aussi saisissante sur la terrasse du palais Rohan.
Une tonne de métal, du galop dans les rouages, et une mécanique hypnotique qui, même immobile, semble vibrer de souvenirs olympiques. Ce n’est pas tous les jours qu’un dieu traverse le Grand-Est, alors on sort les écoliers, les adjoints, les drapeaux et la musique officielle des JO.
À l’unisson, mains posées façon mousquetaires, la maire et les enfants de Sainte-Madeleine ont « libéré Zeus » pour une chevauchée stationnaire mais émouvante.
À voir jusqu’au 8 juin. Entrée gratuite, émotion garantie (pas de sarcasme ici).
Le chiffre de la semaine
5,2 millions d’euros
C’est le budget alloué à la réhabilitation du Hall des Chars, à la Laiterie. Objectif : scinder proprement deux âmes artistiques jusque-là colocataires — l’Espace K et le Club — et leur offrir un peu d’intimité (et d’insonorisation).
Concrètement : deux salles, deux ambiances. Une entrée indépendante rue du Ban-de-la-Roche pour le Club, des gradins semi-rétractables pour l’Espace K, un sas double peau, des espaces tampons pour ne pas fâcher les voisins… et un chantier prévu pour 19 mois à partir de septembre 2026.
Séparer pour mieux réconcilier : la paix des scènes, version Strasbourg.