En se promenant en journée dans le centre de Londres, difficile de trouver des fumeurs. Ils sont rares sur les terrasses des cafés, ne se promènent pas dans les parcs et n’encombrent pas l’entrée des bâtiments publics et des bureaux, à tirer leurs dernières bouffées avant d’entrer. Il faut plutôt attendre que les pubs ouvrent et que les premiers verres soient bus pour voir apparaître les nuages de fumée. Et pour acheter son paquet, c’est au comptoir des supermarchés qu’il faut se rendre, où les produits contenant du tabac sont cachés derrière un panneau coulissant auquel seuls les employés ont accès.

Selon l’Office national des statistiques, 11,9 % des Britanniques sont actuellement fumeurs. Les 25-34 ans sont ceux qui fument le plus, tout comme les personnes sans emploi ou dans des emplois à bas salaires, et on fume davantage en Écosse (13,5 %) qu’en Angleterre (11,6 %). Mais, partout, la tendance est à la baisse depuis que le gouvernement a commencé à la mesurer, en 1974.

Prix, interdictions…

Parmi les raisons : le prix, qui dépasse facilement les 16 livres (19 euros). « Moi, c’est ce qui m’a fait arrêter. En 2010, on trouvait des paquets à cinq livres », explique Kate, la trentaine. « Le gouvernement a interdit la vente des paquets de dix cigarettes, puis les cigarettes au menthol… ». Il y a aussi eu, en 2007, l’interdiction de fumer en intérieur et dans les espaces communs et semi-clos.

Pour contourner le problème du prix, Fiona, étudiante, s’est « inscrite dans des groupes où l’on vend du tabac venu de l’étranger, pour moins cher ». « Je comprends l’intention derrière les augmentations de prix mais l’impact est disproportionné pour les personnes qui ont moins d’argent, proteste-t-elle. Il faudrait plutôt mettre l’accent sur les aspects positifs qu’il y a à adopter des comportements meilleurs pour notre santé ».

Les e-cigarettes jetables, c’est fini !

De nouvelles restrictions continuent d’être appliquées. Adam, 28 ans, s’apprête à aller fumer sa toute dernière e-cigarette jetable. Celles-ci, jetées en nombre dans les rues, sont désormais interdites depuis samedi. Il n’est pas emballé par l’idée d’en acheter une rechargeable. « Je vais essayer d’arrêter. Avec mes amis, on fume généralement quand on sort – j’ai pas mal fumé cette semaine, par exemple, parce que je suis allé à des festivals. »

Il fait partie des derniers à échapper à la mesure, votée le 26 mars dernier, qui vise à créer la première génération « sans tabac ». Un projet lancé sous les conservateurs, adopté et défendu par le gouvernement travailliste qui leur a succédé. Le but est d’interdire la vente de produits contenant du tabac à toute personne née après le 1er janvier 2009 et d’appliquer de sévères restrictions sur les publicités pour les e-cigarettes et les produits à la nicotine.

Rien de très nouveau pour les distributeurs, qui appliquent déjà le « Challenge 25 » pour éviter de vendre de l’alcool aux mineurs : ils ont pris l’habitude de vérifier les cartes d’identité de tous ceux ayant l’air d’avoir moins de 25 ans, pour s’assurer qu’ils en aient plus de 18.