Publié le
30 mai 2025 à 6h42
Le Don Camillo aurait-il rouvert ses portes, à deux pas de la basilique Saint-Michel à Bordeaux ? Les tables installées en terrasse, les visages souriants profitant d’une boisson, le store arborant ce nom… On pourrait bien le croire. Pourtant, c’est un autre établissement bien connu dans la capitale girondine qui y écrit le nouveau chapitre de son histoire, comme en témoignent les lettres peintes au-dessus de l’entrée. Deux ans après « l’injustice » de sa fermeture, le Grand Popo revient dans un nouveau format.
Deux ans après son ouverture, l’aventure du Grand Popo s’était terminée en 2023, avec l’arrêté préfectoral qui a interdit aux bars associatifs de vendre de l’alcool dans leurs établissements après 2 heures du matin.
Le Grand Popo, nouvelle version
« Depuis la fermeture, j’étais en réflexion et un peu revanchard. Les bars assos, on a vécu ça comme une injustice », se souvient Deleskevyzh Atchehoun, dit Junior. Cette fois, le Grand Popo « version 2.0. » n’est pas un bar associatif. « On a ça maintenant, ça coûte cher », lance le gérant en désignant sa licence IV.
Autre changement ? L’équipe aux manettes du lieu. « Je suis assez perché, faut me suivre », admet Junior en souriant. Et ça « matche » avec les trois autres gérants. « Les planètes se sont alignées » pour leur permettre de s’associer à son retour de Paris. Son ami d’enfance Nadhim Kaci rentrait d’Indonésie, et le chef Jean-Baptiste Provemier voulait laisser libre cours à sa créativité culinaire.
Il a carte blanche pour proposer sa « cuisine moderne et constructive » midi et soir, explique le chef qui aime travailler les textures et l’umami. La carte, simple, change à chaque saison, avec des plats abordables et assiettes à partager. « Faut rester populaire », affirme Jean-Baptiste qui a « appris la cuisine sur le tas » puis travaillé dans plusieurs établissements de Bordeaux.
Le dernier associé ? L’artiste Ichon. « C’est un frangin de longue date », lance Junior. « Il va inaugurer le Grand Popo avec le 1er showcase où il présentera son dernier EP d’ici la rentrée. »
À la place du Don Camillo
Après plusieurs mois à aller de « désillusion en désillusion », les amis ont eu l’opportunité de reprendre le local du 7 rue Camille Sauvageau. « Le Don Camillo c’était une institution à Saint-Michel, souligne Junior. On a été très touché par le côté humain, par la famille Pirès qui nous fait confiance pour reprendre ce lieu qui a vécu pendant deux générations. » Le store avec le nom du bar à cocktails restera en place « au moins jusqu’en septembre comme un hommage ».
Car le Grand Popo, ce n’est pas juste un bar brasserie, c’est un véritable lieu culturel à l’instar de sa première version. Les soirées auront lieu du jeudi au samedi « dès réception des limiteurs de son », promettent les associés. Côté sonorités, on retrouvera surtout de la house, du disco, du rock et des musiques du monde. « On en a un peu marre de l’electro », souffle Junior.
Ici, c’est vraiment un mélange de cultures. C’est un peu MacDo : Venez comme vous êtes. C’est ce qui fait le lieu, il n’y a pas de frontières.
Jeaen-Baptiste Provemier
L’un des associés et chef du Grand Popo
Au-dessus de l’entrée, des t-shirts arborant les dessins de la série « Black Tintin » de l’artiste Johan Baggio. « Le bar fait aussi office de shop, là on peut scanner le QR code à côté et tomber sur sa boutique ». Les gérants retransmettent aussi bien les matchs de l’UBB que ceux du PSG.
Le store du Don Camillo est toujours en place pour le moment. (©Grand Popo Bordeaux)
Dans la belle cave en pierre de taille, Junior imagine déjà relancer son Comedy club. Il annonce une scène locale et de beaux noms nationaux faisant jouer son réseau, comme Djamil le Shlag. « Paul Mirabel me doit encore un show, il était passé à L’Ouest avant d’exploser », assure le gérant. Contacté par actu Bordeaux, l’humoriste se souvient de son show à L’Ouest (ancien établissement de Junior, ndlr). En revanche, il affirme « n’avoir absolument rien promis et jamais parlé de revenir ».
En attendant le début des shows humoristiques, à la rentrée prochaine, quelques évènements éphémères vont s’y installer. À commencer par la friperie du Mami Chula Market, les 12 et 13 juillet prochain. C’est un lieu ouvert, les gens n’ont qu’à venir avec des idées, et le Grand Popo leur trouvera une place, soulignent les « copains » qui aiment échanger, partager, avec tout un chacun.
Pourquoi avoir gardé le nom ?
Une SARL et non un bar associatif, un nouveau local dans un nouveau quartier… Ce n’est donc pas exactement le Grand Popo qui est de retour. Pourtant, garder le nom s’est imposé comme une évidence.
« Même jusqu’à Paris on me parlait du Grand Popo. Le peuple a demandé que le Grand Popo rouvre, alors c’est le bar du peuple. C’est comme le Ballon d’or du peuple de Benzema », affirme le gérant du Grand Popo originel.
Et comme pour le prouver, la terrasse est pleine le soir depuis l’ouverture en avril. Hétéroclite, aussi, comme les quatre compères l’espéraient. « Saint-Michel, c’est le seul quartier où on aurait pu s’installer. C’est le plus agréable de Bordeaux, on a un peu l’impression d’être à Marseille » expliquent les gérants qui n’ont « que du positif » à dire sur l’accueil qui leur a été réservé.
Le bar est ouvert du mardi au dimanche, de 10h à 2h du matin.
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