Ligue des champions (finale). PSG – Inter Milan : 5-0

Et à la fin, c’est (aussi) l’argent qui gagne. La cohérence du projet sportif désormais mené au Paris SG ne doit pas faire oublier que le succès parisien s’est bâti avant tout sur un immense tas d’argent. Les investissements du Qatar dans le PSG depuis 2011 ont été tels qu’il était écrit que la Coupe aux grandes oreilles finirait par se donner à un nouveau riche supplémentaire, le troisième depuis le début du siècle après Chelsea (2012) et Manchester City (2023). Quand les clubs anglais et leurs milliardaires de propriétaires avaient mis respectivement neuf et 15 ans à toucher au but, il en aura fallu 14 au PSG. Dans la norme, en somme.

Le Paris SG d’aujourd’hui, au budget illimité, à la crédibilité installée et désormais tout entier tourné vers son projet sportif, a beaucoup d’atouts pour réussir ce qui est le plus difficile dans le sport de haut niveau : rester au sommet. Le premier d’entre eux est l’addition de la compétence technique de son recruteur en chef, le Portugais, Luis Campos et de celle de son entraîneur catalan Luis Enrique. Ces deux-là ne se trompent que rarement sur les hommes et ont une capacité à trancher (départs de Mbappé, de Kolo Muani..) facilitée par la carte blanche que semble désormais leur laisser le président Nasser al-Khelaïfi.

Tranquille en Ligue 1

Les deux hommes ont, en outre, entre les mains une équipe encore très jeune, dont on peut penser qu’elle a encore une marge de progression. L’histoire de cette saison semble par ailleurs montrer que son relatif isolement sur la scène nationale, qu’elle écrase de toute sa puissance et de tout son talent, n’est pas un handicap finalement. Tandis que les clubs anglais jouent leur vie chaque week-end et chaque mercredi, que l’Inter jouait un match décisif pour le titre une semaine avant la finale, Paris a pu tranquillement préparer chacun de ses grands rendez-vous européens de la saison. Et compte-tenu du naufrage financier de l’Olympique lyonnais cet environnement-là n’est sans doute pas près de changer.

Pour rester au sommet au-delà de la première conquête, il faut savoir garder l’ambition comme étendard et verrouiller à double tour au fond de la cave les ego des grands champions qui composent ces équipes. Depuis le début du siècle, trois clubs y sont parvenus, à des degrés de réussite divers à partir d’une base-équipe pérenne : le Barça de Messi, Xavi et Iniesta, quatre victoires entre 2006 et 2015, le Bayern de Ribery et Robben, trois finales en quatre ans de 2010 à 2013, et surtout le Real de Ronaldo, seul club à avoir su conserver son trophée (trois victoires en 2016, 2017 et 2018).

Mbappé et le Real se préparent

C’est cet exemple-là dont doit désormais s’inspirer le club parisien. Il suppose de garder ses meilleurs joueurs en leur offrant à la fois un certain confort et la pression d’une concurrence leur interdisant de s’endormir sur leurs lauriers. Quoi qu’ait pu laisser la démonstration inouïe d’une finale hors norme, ils n’en ont en effet clairement pas les moyens : l’âpreté des confrontations successives contre Liverpool, Aston Villa et Arsenal, dont le résultat avait à chaque fois beaucoup dû au talent de Donnarumma, montrent que de marge il n’y a pas.

Sans compter qu’il ne suffit pas de conserver son niveau pour gagner à nouveau. Dans cette course annuelle effrénée à ce qui est sans doute le trophée le plus concurrentiel du monde, le niveau s’élève chaque année et la concurrence aiguise déjà ses couteaux. A commencer par le Real, qui a gagné près d’une Ligue des champions sur trois depuis le début du siècle (8 sur 26) et une sur deux depuis 2014. A n’en pas douter, le meilleur buteur européen de la saison, un certain Kylian Mbappé, aura dans quelques mois autour de lui une équipe beaucoup plus forte au service d’une ambition toujours inassouvie en ce qui le concerne.