Boulevard Ambroise Croizat, à Vénissieux, des tags indiquent les tarifs pour « la weed » et le « hash », des flèches guident vers le « drive ». Depuis plus de deux ans, Marie, locataire dans une résidence gérée par ICF Habitat, dénonce une situation devenue « invivable ».

Ces derniers jours, une nouvelle étape a été franchie : « jusqu’à présent arrivaient à 9h et repartaient à 1h du matin, mais depuis 3-4 jours, ils dorment sur place. Ce qui veut dire que c’est 24h sur 24 et 7 jours sur 7. »

Dans une réponse envoyée en mai 2023, le bailleur assurait pourtant que « toutes les mesures nécessaires ont été mises en œuvre » pour sécuriser l’accès.

Sauf que le portail et la clôture de la résidence, installés il y a deux ans, n’auront tenu qu’une journée. « Ils l’ont mis en route, les personnes d’ICF Habitat sont parties, et les dealers sont tout de suite allés le vandaliser », raconte Marie.

Depuis, le portail n’a jamais vraiment été réparé. « Un électricien est venu, il a fini par tout déconnecter et est allé voir les dealers pour leur dire de ne plus casser, car le portail ne fonctionnait plus. »

Des cris tout le temps

Marie et quelques voisins continuent d’alerter. « Nous étions seulement deux ou trois à agir régulièrement pour appeler la police. » L’intervention récurrente des forces de l’ordre a permis de faire reculer les trafiquants hors de l’allée, mais le deal se poursuit autour de l’immeuble, notamment sur le parking.

« Dès qu’on sort ou qu’on entre, on se retrouve face à eux », précise cette dernière. « Ils n’habitent pas du tout l’immeuble, mais ils font ce qu’ils veulent. Ils le disent : ‘Ici, c’est chez nous’. » 

Marie dénonce un désengagement de son bailleur : « Aucune réparation n’a été faite. ICF nous demande d’appeler la police, mais ne fait rien de son côté. » Quant à la mairie, « elle se dit satisfaite de son bilan sécurité », déplore-t-elle.

Un barbecue sauvage a même été organisé récemment sous ses fenêtres, marquant une nouvelle étape franchie. « Il y a des cris tout le temps. On a dû appeler la police hier (vendredi 30 mai, ndlr), ils étaient en train de faire des grillades, voilà, ils se sont installés. »

Face à cette situation, Marie demande une coordination entre tous les acteurs. « Le bailleur ne fait rien, la police fait ce qu’elle peut, mais ne peut pas rester plantée là, et la mairesse est apparemment contente de son bilan. Nous, on est démunis, chacun se renvoie la balle. »

*Le prénom a été modifié.