C’est la deuxième année que Nancy, fleuron des sciences, de la recherche et de la médecine en France, accueille le Forum « Place(s) de la démocratie » organisé par Terra Nova, avec L’Est Républicain.  Cette année, y sera abordé le lien entre science et démocratie ? Ce rapprochement est plus nécessaire aujourd’hui ?

« Avec ce forum, nous essayons de faire vivre les questions qui se posent à nos démocraties autour des fausses informations et des crises informationnelles. L’interrogation qui se pose à nous et aux citoyens aujourd’hui est celle de la vérité : comment des citoyens peuvent-ils se nourrir de faits partagés pour alimenter un débat public dans la démocratie ? Nombre de personnes confondent démocratie et vote de nos jours. Mais on peut voter et vivre dans une autocratie ; exemple avec la Russie. Alors que ce qui fait une démocratie, c’est une délibération éclairée de citoyens qui accèdent à une bonne information. Dans le contexte général actuel que nous connaissons, Nancy apparaît comme un moment important pour illustrer à quel point la démarche scientifique, la quête de vérité, l’absence de populisme idéologique sont primordiales pour les démocraties occidentales. »

« Désormais, je dirai toujours ce que je pense. Toujours. »

Vous êtes présidente d’Évidences. Jeudi 5 juin, vous publiez un rapport inédit sur les sciences et les filles. Pourquoi ?

« Dès le premier jour du Forum, ce jeudi 5 juin donc, nous avons un débat sur la place des femmes dans les sciences. Nous allons effectivement publier un rapport important sur la question, qui va apporter un nouveau levier d’actions pour amener les filles à s’orienter vers les métiers scientifiques et techniques. Nous avons un problème avec cette question, hormis la médecine. Il nous faut un regard féminin sur l’IA, le changement climatique … »

En 2025, sans la science, nous n’avons pas la démocratie ?

« Je pense que l’obscurantisme est une façon de nourrir le populisme. Quand on attaque la science, comme aux USA aujourd’hui, les citoyens n’accèdent plus aux faits, au réel, et ainsi on ne vit plus, tous, dans le même monde… La science, qui n’est pas partisane je le rappelle, nous apporte une chose essentielle : la lucidité, qui est indissociable de la démocratie. »

Une solution simple pour lutter contre l’obscurantisme ?

« À chaque fois que vous verrez une information qui vous fait réagir, soit par la colère, soit par l’indignation, soyez sûr que vous êtes manipulé… La vraie science ne cherche pas à créer de l’émotion, elle cherche à décrire le réel. Autre signe de populisme : quand les gens sont trop sûrs d’eux, comme Didier Raoult qui, pendant le Covid, proférait des vérités forfaites dans une période incertaine… Cela est contraire à l’esprit et la neutralité scientifiques. »

Regrettez-vous quelque chose de la période Covid, Covid que vous avez vu arriver la première ?

« Je me suis battue comme une malade pour faire prendre conscience aux scientifiques et au gouvernement de la gravité de la situation, sans succès. Ma voix portait moins… J’ai beaucoup appris à ce moment-là. Notamment une chose : désormais, je dirai toujours ce que je pense. Toujours. »