Ce jeudi, Ile-de-France Mobilités doit officialiser l’attribution d’un lot de 18 lignes de bus desservant des villes des Hauts-de-Seine, à un opérateur italien, ATM, peu connu des Français comme des autorités locales. Et qui doit encore développer son implantation en France.

Petit à petit, le marché des bus à Paris s'ouvre à la concurrence. Le monopole de la RATP s'effrite.

© MAGALI COHEN // Hans Lucas via AFP

– Petit à petit, le marché des bus à Paris s’ouvre à la concurrence. Le monopole de la RATP s’effrite.

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Les mois passent, et le monopole de la RATP dans les transports publics franciliens s’effrite. Après la perte, en novembre, de 42 lignes de bus aux portes de Paris, au profit de Keolis, un opérateur dont Capital vous avait raconté en détail l’arrivée, voici que de nouveaux lots de lignes en proche banlieue parisienne s’apprêtent à changer de mains, cette semaine. Depuis des mois, en effet, les différents opérateurs de transports (Transdev, Keolis, etc.) se livrent bataille pour remporter les contrats des dessertes progressivement ouvertes à la concurrence. Et si la RATP, qui peut elle-même candidater à de tels appels d’offres, avait jusqu’ici limité la casse (elle avait conservé deux importants lots sur les trois mis en compétition à l’automne dernier), les décisions annoncées pour les lots de ce printemps sont plus dures à encaisser.

À la suite d’une décision de l’autorité régulatrice Ile de France Mobilités (IDFM), qui doit être officialisée ce jeudi par un vote en conseil d’administration, la RATP va voir partir, dès mai 2026, deux dépôts et 19 lignes de bus, opérant principalement entre la Seine-Saint-Denis et Paris. En tout, ce seront près de 2000 agents qui devraient être transférés chez Transdev, lauréat de ce marché attribué pour 8 ans, et estimé à 100 millions d’euros annuels. Et c’est d’autant plus une mauvaise nouvelle pour le groupe piloté par Jean Castex, que la RATP a aussi été devancée sur un autre lot, cette fois de 18 lignes (dont 5 Noctiliens), au sud des Hauts-de-Seine.

ATM gère déjà 4 lignes de métro à Copenhague

Et la surprise est de taille puisque c’est un opérateur… italien qui sera désormais aux manettes de ces lignes circulant à Issy-les-Moulineaux, Clamart, Malakoff, ou Meudon. Son nom ? ATM, pour Azienda Trasporti Milanesi (11 000 salariés), qui n’est autre que la principale régie de transports publics de Milan. Cette entreprise, présente depuis une centaine d’années de l’autre côté des Alpes, gère à Milan 160 lignes de bus, 4 lignes de trolleybus, 17 lignes de tramway et 5 lignes de métro. Elle est aussi présente dans « plus de 90 municipalités en Italie, y compris des métros automatiques, des services de vélos en libre-service, des parkings et du stationnement sur voirie », précise le groupe sur son site Internet.

À l’international, ATM gère déjà depuis 2008, 4 lignes de métro à Copenhague, ainsi qu’une ligne de métro automatique à Thessalonique, en Grèce.

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Arriver à Paris est une victoire de prestige pour ATM, car il est toujours très difficile pour un opérateur étranger de pénétrer le marché français des transports publics. Les cahiers des charges XXL demandent en effet beaucoup de ressources, à la fois financières et humaines, pour bâtir un dossier solide. Contactés par Capital, les dirigeants d’ATM se montrent d’ailleurs très frileux et « ne souhaitent pas communiquer avant le vote du conseil d’administration d’IDFM », précise une porte-parole du groupe italien.

En mars 2024, ATM s’était déjà porté candidat pour exploiter la future ligne de métro 18 du Grand Paris Express, mais c’est finalement Keolis qui avait emporté le marché. Cette filiale de la SNCF gérera aussi en complément les lignes 16 et 17. Dans un communiqué diffusé au moment de l’appel à candidature, le directeur d’ATM France expliquait que son groupe souhaitait « contribuer à la transformation de l’un des systèmes de transport les plus denses et les plus complexes au monde ». Ce marché francilien était alors vu comme « une opportunité en laquelle nous croyons beaucoup et pour laquelle nous formons une équipe entièrement française », poursuivait Giuseppe Proto, le directeur de l’opérateur en France.

Un simple « bureau de liaison » à Paris pour le moment

Alors que la mise en service de ces lignes de bus, et le transfert de compétence, sont prévus pour s’étaler entre 2025 et 2026, ATM va devoir mettre les bouchées doubles pour rassurer les élus des territoires concernés, mais aussi IDFM, le délégataire du marché. En effet, l’opérateur italien est censé reprendre 750 machinistes et agents RATP. Or, pour le moment, le groupe a seulement officialisé l’ouverture en février 2024 d’un « bureau de liaison », qu’il a domicilié dans un centre d’affaires du boulevard Sébastopol à Paris.

Dans les statuts constitutifs de cette nouvelle entité, la maison mère italienne précisait d’ailleurs que « ce bureau n’exercera aucune opération économique, de production, de vente ou autre. Son effort est strictement et exclusivement limité aux activités d’un bureau de représentation, à savoir : l’exercice de fonctions promotionnelles et publicitaires, l’analyse de marché, la localisation physique pour des réunions institutionnelles et promotionnelles ». Sollicités, les dirigeants italiens n’ont pas donné suite à nos questions sur les effectifs actuels de la branche française.

Sur ce marché symbolique de l’ouverture à la concurrence des bus, qui précède de futures compétitions acharnées pour les lignes Transilien (désignation dès 2025) puis sur le métro parisien (2040), il reste encore sept lots à attribuer, dont les lignes de Paris intra-muros qui sont considérées comme les plus lucratives d’Ile de France.

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