Publié le
2 juin 2025 à 21h50
Agé aujourd’hui de 54 ans et jusqu’alors inconnu de la justice, cet homme originaire de Roubaix (Nord) s’était initialement présenté comme « le sauveur » de la maman de la plaignante, en se mettant en couple avec elle alors qu’elle et ses quatre enfants – dont la petite dernière de 6 mois – venaient de se faire quitter par leur mari et père.
D’ailleurs, l’ancien chef de ce salarié du BTP était venu dire tout le bien qu’il pensait de ce « mec en or » originaire comme lui de la région lilloise.
Moi aussi j’embrasse ma fille sur la bouche pour lui dire bonjour : c’est comme ça qu’on fait dans l’Nord
Son ancien responsable, habitant de Plessé
Ce dernier avait lui-même été « accusé de viols par sa première femme en 2008 » avant d’être « blanchi » par le tribunal correctionnel de Perpignan (Pyrénées-Orientales), puis la cour d’appel de Montpellier (Hérault).
Il ne reconnaît qu’un seul rapport
Ce soutien à l’accusé reste donc convaincu que cette « demoiselle exubérante », « bien maquillée », « provocatrice » et avec des « mini-jupes ras ras ras », était « amoureuse » de ce « super papa » de substitution et que « tout cela était consenti ».
Chez nous dans le Nord – c’est pas pour mettre nos origines au ciel, hein – le travail c’est très important… Or lui, c’était un super gars, un super travailleur, qui a toujours travaillé pour sa famille.
Son collègue.
Les gendarmes avaient toutefois dépeint un tout autre portrait de l’accusé après avoir été appelés par un de ses voisins, chez qui deux des enfants de la fratrie s’étaient de nouveau réfugiés : « fortement alcoolisé » et « parlant très fort », cet homme « hystérique » et « provocateur » était « à la limite de l’outrage » quand ils étaient à la porte de chez lui.
Un beau-père qui était donc accusé de viols incestueux et d’agressions sexuelles envers l’une de ses belles-filles. C’est pourquoi, il comparaissait devant la cour criminelle de Loire-Atlantique. Lui n’a « reconnu », lors de l’enquête, n’avoir eu « qu’un seul rapport sexuel », avec elle, dans une chambre d’hôtel lors de vacances en famille à Argelès-sur-Mer (Pyrénées-Orientales).
Les auditions de la plaignante avaient permis de comprendre que ce n’était pas un cas isolé : il lui imposait des relations sexuelles « trois à quatre fois par semaine » – que ce soit « sur le canapé », « dans la chambre » ou « dans sa Clio lors d’une sortie à la déchetterie ». Elle était même « obligée de crier pour faire croire qu’elle prenait du plaisir ».
Cette jeune femme « manipulée toute sa vie » occupait à vrai dire « une place inappropriée » dans la famille et avait une « relation ambiguë » avec l’accusé, puisqu’elle était souvent « lovée » contre son beau-père sur le canapé familial à Haute-Goulaine et que sa propre mère ne pouvait prendre sa place qu’une fois qu’elle-même était partie… Elle s’occupait aussi « des repas, du ménage et du linge ». La jeune femme avait, au final, « disjoncté » en 2022, quand son beau-père lui avait de nouveau demandé de coucher avec elle alors qu’elle était déjà partie de la maison familiale.
La victime touchée par ses soutiens
Chassée par sa famille après avoir porté plainte contre son beau-père, elle habite à présent « dans l’Ain près de Lyon » avec son petit ami. Cette jeune assistante maternelle – âgée aujourd’hui de 28 ans – a d’ailleurs confié avoir été « touchée » par la « cagnotte » lancée par une de ses employeuses – avocate – à qui elle s’était confiée : « 3 000 à 4 000 » internautes l’ont aidée à rembourser ses crédits. Mais « le plus important » pour elle était « les messages » laissés par tous ces « inconnus » : ils lui disaient « Je te crois » en parlant des viols qu’elle dénonçait.
Cette histoire nous propulse dans un dossier d’une noirceur assez abyssale.
Franck Oger-Sjoerdsma, l’avocat de cette « lanceuse d’alerte exfiltrée manu militari » de sa famille.
Depuis Claude Lévi-Strauss, on sait que le tabou de l’inceste est universel : il existe dans toutes les sociétés, même au fin fond de la forêt amazonienne. Violer sa fille est davantage puni que violer une inconnue car le bourreau est dans le foyer et l’échappatoire est nulle part.
L’avocate générale
Ici, la progressivité est classique : ça commence par des chatouilles anodines, puis par des attouchements furtifs sur les seins ou les fesses sans qu’on sache si c’est fait exprès… Après, il n’y a plus d’ambiguïté quand il apprend à une enfant de 13 ans et demi à masturber un pénis d’homme alors que lui-même a 38 ans.
Elsa Guyon
Peine supérieure aux réquisitions
Elle avait donc requis douze ans de réclusion criminelle pour ces viols d’une « durée rare », « pour ne pas dire exceptionnelle », de onze ans : à raison des « trois à quatre viols par semaine » dénoncés par la plaignante, l’avocate générale avait calculé qu’il s’était « couché 1 416 fois » sur la jeune femme « alors même que sa mère ou sa sœur étaient à côté ».
La détention provisoire de l’accusé a aussi été émaillée d’incidents puisque des surveillants pénitentiaires l’ont surpris en train d’embrasser « langoureusement » une autre de ses belles-filles…
Ce n’était pas un smack comme dans le Nord ou un bisou sur la bouche comme aiment le faire nos amis russes.
La représentante du ministère public
Sophie Roux, l’avocate de la défense, avait simplement mis au crédit de son client qu’on n’avait « pas retrouvé de vidéos pédophiles sur son téléphone ». Elle avait donc demandé aux juges de « ne pas aller au-delà de dix ans » d’emprisonnement, mais d’allonger son suivi socio-judiciaire à « six ou huit ans ».
La cour criminelle départementale de Loire-Atlantique a finalement préféré aller au-delà des réquisitions de l’avocate générale en prononçant quinze ans de réclusion criminelle et cinq ans de suivi socio-judiciaire à sa sortie de prison. Il devra aussi se plier à « une injonction de soins » et aura « interdiction d’exercer une activité professionnelle ou bénévole auprès de mineurs » pendant dix ans : au cours des débats, il avait fait savoir qu’il envisageait de quitter le secteur du BTP. Son nom sera aussi inscrit au Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles (FIJAIS) et il sera inéligible pendant trois ans.
Sur le plan civil, il devra verser une première « provision » de 10 000 € de dommages et intérêts et 1 200 € de frais de justice à sa belle-fille ; le montant définitif sera arrêté après une expertise médico-légale de la jeune femme.
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