Trois ressortissants étrangers, soupçonnés d’avoir aspergé de peinture verte le Mémorial de la Shoah, trois synagogues et un restaurant juif à Paris dans la nuit de vendredi à samedi, ont été interpellés ce lundi 2 juin, a appris l’AFP auprès d’une source proche de l’enquête.

Les faits ont été découverts vers 5 h 15 samedi et les caméras de surveillance du Mémorial et de deux des synagogues visées ont filmé, pour les unes, un homme vêtu de noir et pour l’autre, deux hommes, l’un aspergeant de peinture verte et l’autre le filmant. L’enquête est conduite par la sûreté territoriale pour «dégradations commises en raison de la religion». Le lieu des interpellations n’a pas été précisé.

Mais, selon une source proche du dossier, les trois ressortissants étrangers étaient en train de quitter le pays au moment de leur arrestation. Aucun message ni revendication n’a été découvert sur les différents lieux pris pour cible, ce qui rappelle les «mains rouges» taguées sur le mur des Justes, au Mémorial de la Shoah, en mai 2024. Dans cette affaire, trois Bulgares, soupçonnés de les avoir peintes, avaient été mis en examen et placés en détention provisoire en fin d’année dernière. Ces tags de «mains rouges», symbole pouvant être lié au lynchage de soldats israéliens à Ramallah en 2000, ont été analysés par les services de sécurité comme une opération d’ingérence de la part de russophones.

Les jets de peinture verte ont été immédiatement condamnés par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, la maire de Paris Anne Hidalgo et l’ensemble du spectre politique, et provoqué la colère d’Israël.

Ce lundi, les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat, Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher, se sont rendus en fin de journée au Mémorial de la Shoah. «Dans cette période où nous voyons monter la perte du vivre-ensemble, les haines, l’antisémitisme, qui n’est pas notre seul combat mais un combat majeur, nous ne pouvions pas dire “allez, c’est un événement de plus”», a argué Gérard Larcher face aux journalistes, devant le Mur des Justes.

«Il est important de rappeler à chacun qu’il est chez lui dans cette République, et qu’il est protégé par les autorités, protégé par les institutions que nous représentons (…) et que nous ne laisserons jamais rien passer», a abondé Yaël Braun-Pivet.

«Quels que soient les auteurs de ces actes là, et l’enquête est actuellement en cours, ça n’amoindrit pas la gravité de la profanation qui a eu lieu sur ce mur ici», a soutenu la présidente de l’Assemblée. «Quelles que soient les origines, c’est insupportable. (…) La République n’admet jamais qu’on puisse appeler à la haine de l’autre», a également estimé son homologue du Sénat.

Mise à jour : à 20h11 après la visite de Larcher et Braun-Pivet au Mémorial de la Shoah.