Sous l’eau, les plongeurs avancent à l’aveugle. « La difficulté, c’est la visibilité », explique Gaël, second maître. « Une fois qu’on remonte un objet, on ne voit plus rien, on est dans le brouillard ». Depuis deux semaines, les militaires fouillent les fonds marins entre Saint-Mandrier et la Tour Royale à Toulon, pour collecter des déchets: caddies, chaises de terrasse, parasols, vélos ou encore batterie. « On les attache ensemble et on les remonte à l’aide de ballons gonflés d’air, avant qu’ils ne soient sortis de l’eau par une grue qui les dépose sur un chaland multi-mission ». Ces objets, une fois à bord, sont transportés vers la base navale pour être triés.
L’an dernier, 155m3 de détritus ont été extraits de la rade. « Depuis 2010, on a ramassé 200 bennes mais, chaque année, on en trouve un peu moins », souligne le capitaine de vaisseau Alban, responsable environnement de la préfecture maritime. « C’est bon signe, mais ça veut dire qu’on doit aller chercher plus loin. »
Prévenir plutôt que ramasser
La pollution en mer commence bien avant le rivage. « Environ 80% des déchets marins proviennent de la terre », rappelle le capitaine. Souvent jetés au sol, ils sont emportés par la pluie, le vent ou les rivières jusqu’à la rade. « Ce que vous jetez par terre finit en mer, c’est pour ça que sur les plaques d’égout du port il est écrit: “La mer commence ici » », insiste-t-il.
Face à cette réalité, l’éducation est cruciale, c’est pourquoi des élèves de l’école des Remparts Lafayette ont été invités à observer l’opération et à visiter les stands de sensibilisation mis à disposition sur le port. Malgré une certaine biodiversité, les plongeurs dressent un constat préoccupant: « Il y a du poisson, mais aucune végétation, pas de poulpes, pas d’étoiles de mer, l’eau est trop polluée pour permettre à ces espèces de s’installer », décrit Gaël. Le message est clair, pour retrouver une mer propre et vivante, le premier geste est simple: « Ne rien jeter par terre ».